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Hors de contrôle, une fusée chinoise retombe sur Terre

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L’étage principal de Longue Marche 5B va rentrer dans l’atmosphère dans la nuit de samedi à dimanche. Mais nul ne sait où.

«On estime qu’environ 10 % de la fusée, les éléments les plus solides, comme les moteurs, ne brûleront pas et arriveront jusqu’au sol» Christophe Bonnal, spécialiste des débris spatiaux au Cnes CHINA DAILY/VIA REUTERS

Ce week-end, un étage entier de la fusée chinoise Longue Marche 5B, lancée fin avril pour mettre en orbite le corps central d’une future station spatiale, va retomber sur Terre. Problème : l’objet fait l’équivalent de 10 étages de haut et pèse une vingtaine de tonnes, et personne ne peut dire à quelle heure ni à quel endroit précis il va retomber. Pékin promet que la probabilité de dégâts sur Terre est «extrêmement faible».

» LIRE AUSSI – La retombée sur Terre d’une fusée chinoise suivie de près par le Pentagone

Vendredi, l’Agence spatiale européenne (ESA) prévoyait une rentrée dans la nuit de samedi à dimanche autour de 5 heures du matin (heure française), avec une incertitude encore très large, de plusieurs heures. «La seule certitude est que la trajectoire de l’objet ne pourra pas l’emmener en dehors d’une bande comprise entre les latitudes 41o sud et 41o nord, explique Nicolas Bobrinsky, chef du département ingénierie et innovation au centre d’opérations spatiales de l’ESA. Pour l’Europe, cette bande s’arrête au sud des Pyrénées, et concerne donc l’Espagne, le Portugal, le sud de l’Italie et la Grèce.» Elle comprend aussi la totalité de l’Afrique et une bonne partie de l’Asie et des Amériques. Comme la Terre est recouverte à 70 % par des océans et à 10 % par des déserts, le risque de chute sur une zone habitée est estimé à 0,1 %.

 «La majorité des composants seront brûlés et détruits lors de la rentrée dans l’atmosphère» (à plusieurs milliers de km/h), a déclaré Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. «Sur les 20 tonnes de l’étage, on estime qu’environ 10 %, les éléments les plus solides, comme les moteurs, ne brûleront pas et arriveront jusqu’au sol», précise Christophe Bonnal, spécialiste des débris spatiaux au Cnes, l’agence spatiale française.

Un lanceur particulièrement volumineux

Lors du premier lancement du même modèle en mai 2020, de gros débris métalliques étaient retombés sur des zones heureusement inhabitées en Côte d’Ivoire, sans faire de blessé. Comme l’an dernier, la Chine a utilisé un modèle de sa fusée dénué d’étage supérieur. «C’est le gros corps central, 30 mètres de haut et 5 mètres de diamètre, auquel sont accrochés 4 boosters, qui met sa charge directement en orbite», explique Philippe Coué, auteur et chercheur indépendant sur le programme spatial chinois. Comme sa cargaison, il se retrouve à tourner autour de la Terre. Mais à chaque orbite, son altitude descend bien en dessous de 200 km, ce qui lui donne une durée de vie de moins de deux semaines. Cette descente inexorable est provoquée par le fait qu’il n’existe pas de frontière nette entre l’atmosphère et le vide spatial: même à quelques centaines de kilomètres d’altitude, il reste quelques molécules d’air qui vont finir par freiner l’objet et le faire redescendre. Stations spatiales et satellites allument leur moteur à intervalles réguliers pour rester sur leur orbite.

«La quasi-totalité des derniers étages des lanceurs qui arrivent en orbite finissent un jour ou l’autre par retomber sur Terre , même si celui-ci est quand même très gros, explique Christophe Bonnal. Depuis le début de la conquête spatiale, on estime que 25 000 objets plus gros que le poing, dont la moitié sont des gros objets entiers, sont déjà revenus sur Terre. Par chance il n’y a eu à ce jour aucune victime connue dans le monde, mais le risque n’est pas nul. À l’initiative de la Nasa, du Japon et de la France à la fin des années 1990, des règles de bonnes pratiques sont en place depuis 2010 pour éviter les rentrées incontrôlées.» Mais elles sont bien moins contraignantes que la loi dont s’est dotée la France en 2011, seul pays à avoir légiféré sur le sujet.

La fusée Longue Marche 5, qui a fait son premier vol en 2016, devrait théoriquement respecter les recommandations internationales qui demandent que la rentrée de l’étage soit réalisée de manière contrôlée, de préférence au-dessus d’un océan, pour éviter tout accident. Mais pour une raison ou une autre, cela n’a pas été fait pour les vols de la Longue Marche 5B… Il est vrai que l’installation qui permet de contrôler la rentrée coûte cher, et réduit la performance du lanceur.

Le Figaro

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