XALIMANEWS- Le monde est en alerte vec les vagues de jeunes qui prennent les pirogues pour rejoindre l’Europe. Et depuis bientôt deux mois, ce fait défraie la chronique et barre la Une des journaux africains et européens. On parle d’invasion de la part des africains qui veulent, par tous les moyens rejoindre l’Europe en cette période de pandémie. Et de plus en plus, les médias parlent de crise migratoire. Mais selon le journaliste et expert en migration, Moussa Seydou Diallo, les européens cachent mal leur inhospitalité en voulant faire croire qu’ils font face à une crise. Pour lui, la crise migratoire n’existe pas, il s’agit plutôt de crise d’hospitalité ou crise d’accueil. « Aujourd’hui en Afrique on ne peut pas parler de crise migratoire pour nous africains peut être on peut parler de vagues de départs. Et si on prend l’exemple de l’Europe, c’est une crise non pas de migration mais d’accueil dans la mesure où ce sont les européens qui ne sont pas prêts à accueillir les migrants qui viennent en Europe parce que croyant que quand ces gens vont venir, ils vont faire la concurrence parce que, déjà, les travaux que, eux, ils refusent de faire, un africain l’accepte. Ils pensent aussi que les migrants vont changer l’ordre européen ce qui n’est pas le cas. Et ce qui fait que ces gens là sont réticents pour accueillir ou accepter les migrants sur leur territoire », fait-il savoir avant de faire remarquer que » tout un discours, appuyé par les médias, est développé autour de cela pour parler de crise migratoire alors que cette crise migratoire cache la vraie crise qui est une crise d’hospitalité ».
Moussa Seydou Diallo rappelle l’incident du bateau « Aquarius » qui, en 2018, avait récupéré au large des côtes libyennes plus de 600 migrants et lorsqu’il a voulu les débarquer au niveau des côtes européennes, on lui a refusé l’accueil de ces migrants. Et le bateau est resté plusieurs jours sans pouvoir accoster.
M. Diallo déplore la thèse selon laquelle l’Europe serait envahie par les migrants. « Considérant de façon globale, la migration, l’Europe est loin d’être envahie », dit-il à qui veut l’entendre.
Les chiffres démontrent que l’Europe n’accueille que moins de 4% des migrants, ce qui le pousse à dire » que l’on ne peut pas comprendre que l’on puisse véhiculer des idées selon lesquelles les africains sont en train d’envahir l’Europe alors que c’est carrément le contraire ».
Revenant sur la rencontre qui a vu la participation des ministres de l’intérieur des Etats membres de l’Union Européenne en novembre organisée suite à la mise sur pied du pacte asile et migration qui a été proposé en fin septembre par Bruxelles, l’expert en migration rappelle qu’il n’y a pas eu d’accord sur les principes directeurs pour la mise en place d’une politique migratoire au sein le l’Union Européenne. Ceci devrait permettre de définir les modalités d’accueil des migrants qui viennent : » il s’agit d’une attestation parfaite et limpide du fait que l’UE parrait incapable de résoudre l’équation de l’émigration ce qui fait qu’elle opte pour reléguer aux Etats voisins, notamment, les Etats africains, la gestion des migrants avec une politique d’externalisation des frontières. Parce qu’ils ne veulent pas les accueillir, donc, ils développement toute une politique pour permettre à ces gens de rester chez eux en finançant les Etats pour qu’ils développent des politiques pouvant leur permettre de rester », s’est-il désolé. Et par conséquent, il soutiendra que « l’orsque quelq’un refuse d’accueillir une personne chez lui, on ne peut pas parler de crise migratoire donc, c’est une crise d’accueil, d’hospitalité et c’est à ce niveau-là qu’il faudrait voir les choses ».
Ainsi, à titre de comparaison l’Europe accueille 21 millions de personnes venant du continent asiatique (Turquie, Moyen Orient, Chine, Asie du sud) et 05 millions de sud américains. Quant à l’Amérique du Nord, elle accueille 25 millions de migrants venant d’Amérique latine ainsi que 16 millions d’asiatiques. « On verra qu’à l’intérieur de chaque continent, les migrants inter continentaux représentent 21 millions de personnes en Afrique, 42 millions en Europe et 65 millions en Asie ». Ce qui veut dire, selon ce dernier, que le nombre de migrants africains en Europe n’arrive qu’au quatrième rang mondial et occupe même à la septième place si on fait la comparaison avec la migration intra continentale. Ce qui représente moins de 4% des migrants dans le monde. Donc, insiste-t-il, « les chiffres sont là et on ne peut pas nous opposer l’idée selon laquelle il ya une crise parce que les africains sont moins importants en Europe que les européens le sont dans le reste du monde », rappelle-t-il avant de pointer du doigt le problème des demandeurs d’asile qui peine à être résolu : « ils n’arrivent pas trouver un consensus pour voir comment est ce qu’on peut permettre à ces gens là d’être intégrés au niveau de l’espace union européenne », dit-il.
Membre de l’Association des journalistes en migration et sécurité du Sénégal (Ajms), il trouve que ce qu’il faudrait faire pour inverser la tendance, c’est de réorienter le discours que l’on distille à travers les médias.
Mariama Kobar Saleh
