La paroisse de Darou Khoudoss, sise dans le département de Mbour, a été profanée dans la nuit du 21 au 22 janvier 2013. Nul besoin cependant d’aller trop vite en besogne pour la simple raison que personne n’est en mesure de dire les motivations de cet acte condamnable. Puisque le temps n’est pas aux conjectures, en attendant d’en savoir un peu plus, force est plutôt de communier avec toutes les personnes qui ont été atteintes dans leur foi. D’autant plus que cela vient s’ajouter à d’autres actes de vandalisme qui ont vu les cimetières de Bel Air et de Saint Lazare être nuitamment visités et des objets de culte dérobés. Inadmissible !
On devine que la colère puisse sourdre dans la communauté catholique et qu’elle soit en proie à une grande émotion. Aucune explication ne saurait faire comprendre de telles pratiques ou les absoudre. Encore moins de penser pouvoir se dédouaner en disant que les auteurs appartiennent à telle ou telle communauté religieuse. Qu’importe l’appartenance supposée des auteurs. Qu’ils soient musulmans, animistes, agnostiques, athées, militants de sectes ou de partis politiques ou simples détraqués importe peu car, rien ne saurait non plus faire basculer dans une quelconque généralisation.
En quoi l’acte d’un individu peut-elle engager celle d’une tierce personne ou toute une communauté ? Un acte quel qui soit, n’engage que la responsabilité de l’auteur. Il n’y a pas d’amalgame à faire. Le coupable c’est celui qui a commis l’acte. Ni son frère, ni sa mère ni ses amis ne peuvent être concernés. Encore moins sa communauté religieuse, ethnique ou nationale. Il convient donc de ne pas se laisser emporter par on ne sait quel complexe de majorité ou de minorité. Trop de dérives ont vu le jour pour se laisser tenter, voire abuser par ces généralisations paresseuses. La parenthèse de sang et de larmes qui a vu les communautés sénégalaise et mauritanienne se livrer à des affrontements mortifères nous oblige à plus de circonspection.
Souvenons nous plutôt de cet élan de solidarité et d’indignation collective qui s’est exprimé à chaque fois que de besoin. Il en a été ainsi lorsque la Zawiya El Hadj Malick Sy sise sur l’avenue Lamine Guèye avait été profanée par les forces de l’ordre lors des manifestations électorales, après que la Cathédrale l’ait été quelques années auparavant. Dans un même mouvement, musulmans et catholiques, laïcs, hommes et femmes de toutes croyances, se sont dressés contre de tels actes.
En réalité le problème fondamental qui se pose est celui de la sécurité des biens et des personnes. Et cette responsabilité régalienne incombe à l’Etat. Il lui revient de l’assumer totalement et pleinement. Comme le dit si bien un fidèle (voir ci-contre), il ne faudrait absolument pas amener les confessions religieuses à être leur propre gendarme. La sécurité est du ressort exclusif de la puissance étatique. En dehors, c’est le risque de sombrer dans les règlements de compte et autres vendettas, sur fond de loi du talion : « œil pour œil », « dent pour dent ». Avec tous les risques de déchirure du tissu social. L’Etat doit tout mettre en œuvre pour découvrir au plus vite les auteurs et les châtier le plus sévèrement possible. On ne doit nullement jouer avec la religion, ni blesser qui que ce soit dans sa foi, si tant est que cela ne porte pas atteinte à la liberté des uns et des autres.
L’Etat laïc est tenu de garantir à tous et à toutes, le droit de croire ou de ne pas croire. Le droit d’exercer en toute quiétude sa foi religieuse. Et cela passe aussi par la protection des lieux de culte et des cimetières.
Vieux Savane
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