Les milliers de sandwiches annoncés pour la nourriture des participants à la cérémonie d’inauguration de Centre international de conférence de Dakar (Cicd) ont brillé hier, par leur rareté. Plusieurs personnes dont la quasi-totalité des artistes et communicateurs traditionnels sénégalais ont ainsi passé la journée sans manger encore moins avoir droit à une seule goutte d’eau.
Les centaines d’artistes qui ont participé à la cérémonie d’inauguration de Centre international de conférence de Dakar (Cicd) n’oublieront certainement pas de sitôt, la journée d’hier. Convoyés sur les lieux pour participer au grand carnaval, signé par le chef de l’Etat, Macky Sall, la plupart des artistes et communicateurs traditionnels, membres des dizaines de groupes invités pour chauffer le ciel de Diamniadio, ont été tout simplement contraintes de jeûner toute la journée. Pour cause, ils n’ont pas vu encore moins senti l’odeur des 7000 sandwiches commandés à cet effet. De tous les responsables de groupes d’artistes qui ont honoré de leur présence cette «fête de la République» convoquée par le premier des sénégalais, la réponse est quasiment la même : on n’a pas mangé encore moins bu une goutte d’eau depuis qu’on est là.
«On est venu ici, depuis midi. Personne ne nous a donné à manger encore moins à boire», raconte Bouly Diatta, manager du groupe de danse Balante. «On nous avait clairement dit qu’il y avait à manger et qu’on allait trouver ici des sandwiches et des boissons. Mais, une fois ici, on n’a même pas d’interlocuteur. On ne voit pas les responsables qui nous ont amenés. Je crois que c’est irresponsable. Ils n’ont aucun de respect pour les gens», a fustigé pour sa part Pape Pouye du groupe petit griot de Bargny. Embourbant la même trompette, un jeune membre du groupe du groupe Ndef leeng d’Ami Faye de Diofior, n’y est pas allé par quatre chemins pour cogner : «Ils sont tous des irresponsables sinon comment se fait-ils qu’ils nous parquent dans ce dessert sans manger et sans boire depuis le matin».
Les artistes n’ont pas été les seuls à être soumis au régime du jeûne. Et même s’ils sont moins nombreux, beaucoup parmi la foule que nous avons rapprochée ont indiqué qu’ils sont dans la même situation que les artistes. Ce constat est prouvé par la ruée vers les vendeurs de sandwiches et autres produits alimentaires présents sur les lieux. «Nous sommes de Rufisque et personne dans notre délégation n’a mangé encore moins bu une goutte d’eau. Ma fille soufre d’ulcère, j’ai été obligé de demander trois cents francs à un monsieur pour acheter un sandwich pour elle. Nos responsables nous avaient dit que nous aurons tous des sandwiches et 1500 F une fois dans les cars, mais jusqu’à l’heure où je vous parle, rien de tout cela n’a été fait», clame une dame.
Visiblement très remonté à cause de cette diète, Cheikh Ndoye, un jeune de Bargny, n’a pas hésité lui à accuser le chef de l’Etat de fêtard lui-aussi. « Il nous avait traités de fêtards mais voilà qu’il amène les gens ici, sous le coût de millions. Je crois que cet argent pouvait être utilisé pour réduire un peu le prix de l’électricité. Si je suis là, c’était tout simplement pour découvrir le centre mais pas pour participer à ce gaspillage organisé».
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