Face à l’incapacité du gouvernement à faire face au fléau de la mendicité des enfants, Ndèye Khady Diop, ministre de la Famille, des Groupements féminins et de la Protection de l’enfance, reçue hier, par le Conseil économique et social (Ces), avance l’insuffisance de ressources financières et humaines du gouvernement. Ce n’est pas pour demain la résolution de la question de la mendicité des enfants au Sénégal. Le ministre de la Famille, des Groupements féminins et de la Protection de l’enfance qui rencontrait hier, les Conseillers économiques et sociaux (Ces), a indiqué que le fléau perdure au Sénégal, parce que le gouvernement est confronté à certaines contraintes. Mme Ndèye Khady Diop a souligné qu’aujourd’hui, son «département bute sur une insuffisance de personnels ; mais aussi, de ressources financières permettant de prendre en charge la question ou d’appuyer l’ensemble des daara».
N’empêche, a assuré le ministre d’Etat, «nous travaillons pour le retrait des enfants de la rue. En matière d’information et de sensibilisation, le ministère est en train de faire un travail extraordinaire».
Ndèye Khady Diop d’informer que son ministère a mis en place le Programme d’alphabétisation et d’apprentissage de métiers pour la lutte contre la pauvreté (Palamp), qui permettra d’assurer une formation à 8 mille enfants non scolarisés dont des enfants mendiants, âgés de 8 à 15 ans. Cela, afin de leur assurer une éducation de base pendant 3 ou 4 ans. Selon Mme Diop, les plus âgés bénéficieront aussi d’une formation professionnelle. Pour le moment, seules les régions de Diourbel et de Kaffrine sont ciblées.
Dans son rapport, la Commission du genre, de l’égalité et de l’équité a attiré l’attention de Ndèye Khady Diop et de ses collaborateurs sur d’autres contraintes auxquelles la lutte contre le phénomène de la mendicité des enfants est confrontée au Sénégal. Entre autres, Diatou Cissé Badiane a souligné «le manque de synergie dans les actions, la dispersion des interventions, l’instabilité institutionnelle, la présence de lobbies pour maintenir les enfants dans la rue». Sur la base d’une enquête menée dans la banlieue dakaroise, la conseillère a indiqué «qu’il y a des filières où les recettes de la mendicité des enfants servent à financer des voyages en Europe pour l’immigration».
La Commission du genre a ainsi demandé au gouvernement d’appliquer la loi contre la mendicité, tout en élaborant des mesures d’accompagnement.
Les conseillers ont aussi exigé de l’Etat de prendre des mesures légales interdisant aux particuliers de prêter des maisons en chantier, qui n’ont ni porte, ni fenêtre, ni toilettes à des marabouts qui en font des daara dans des conditions d’insalubrité extrêmes. Mais en outre ; de mettre en place un cadre de concertation pour rationaliser toutes les actions, afin de donner aux enfants le droit à l’éducation et à la santé.
Le recul de l’Etat fustigé
Certains conseillers économiques et sociaux ont comme l’impression que l’Etat ne peut rien faire pour éradiquer le phénomène de la mendicité des enfants. Des membres de la Commission du genre, de l’égalité et l’équité n’ont pas compris le report de la mesure d’interdiction qu’avait prise l’Etat. «L’Etat, a-t-il reculé ou est-il en train de réfléchir sur une autre stratégie», s’est interrogé un conseiller.
Le ministre d’Etat Ndèye Khady Diop a, cependant, soutenu que l’Etat n’a pas reculé. Et de préciser : «Nous avons plutôt pensé qu’il était important de se concerter pour trouver ensemble des solutions idoines. Nous sommes retournés à la base pour mieux discuter avec les chefs religieux et les parents ; pour échanger avec les chefs religieux sur la mutualisation de l’aumône.»
Le ministre de la Famille a reconnu que le gouvernement devrait améliorer «son plan de communication pour que les populations sachent ce qu’est en train de faire l’Etat et dissuader ceux qui veulent inciter les populations à la révolte. Beaucoup d’efforts ont été faits en termes de sensibilisation, d’éducation… par le gouvernement en partenariat avec les partenaires au développement».
Pour rappel, le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye, avait décidé le 24 août 2010, lors d’un Conseil interministériel, de prendre des mesures de lutte contre la mendicité et la traite des personnes.
Le président de la République, considérant que l’aumône est une pratique recommandée par la religion, avait exprimé son désaccord par rapport à son interdiction, lors d’une réunion du Conseil des ministres.