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Interview avec Mouhamed Sissokho, ancien international Malien

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«El Hadj Diouf, Sadio Mané, deux éducations différentes»

A Liverpool, il a connu certain Salif Diao et un peu El Hadji Ousseynou Diouf, deux footballeurs sénégalais de la «Génération 2002». A 33 ans, Mohamed Lamine Sissokho défend les couleurs de l’Atletico San Luis (D2 Mexique). Dans cet entretien exclusif qu’il nous a accordé, l’ancien international malien est revenu sur sa relation avec Diao et Dioufy, leur impact chez les Reds de Liverpool, la participation sénégalaise au Mondial 2018, mais également les chances africaines au rendez-vous russe.

Momo, comment se passe votre saison avec l’Atletico San Luis ?

A titre personnel, ça se passe très bien. Je m’épanouis, je suis dans un pays où on aime le football. Pour le peu de temps où j’en suis, ça se passe très bien. Je suis très heureux.

Qu’est-ce qui a motivé votre choix pour le championnat mexicain ?

C’est un choix pas très compliqué, vu que j’ai passé une année entière en Indonésie où ça s’est bien passé. Le projet de venir en Mexique m’a plu et le discours du président et de l’entraîneur m’ont convaincu. C’est pour cela que j’ai accepté de venir jouer au Mexique, tout en sachant qu’en Indonésie, j’y étais très bien. Et ça s’est bien passé. C’est un choix facile à prendre. On a pour objectif de remonter en première division, mais également ramener le club à la place qu’il avait. Et faire partie de ce projet, c’est une motivation pour moi.

Comment trouvez-vous le niveau, par rapport à certains championnats que vous avez connus ?

C’est un championnat très attractif et très compétitif. Mais ce serait démesuré de ma part de vouloir le comparer aux championnats européens et aux équipes comme Valence, Juventus de Turin, PSG ou encore Liverpool. Mais pour moi, au vu de mon âge et de mon parcours dans le football, ce n’est même pas comparable. Mais le fait que ça soit un projet nouveau, ça m’a motivé de venir jouer au Mexique.

Comme vous, Salif Diao et El Hadji Diouf ont eu à jouer à Liverpool. Quelles étaient vos relations?

C’est vrai qu’à Liverpool, j’ai pu côtoyer Salif Diao à mon arrivée. El Hadji Diouf était déjà parti, mais on se connaît très bien. Salif, comme El Hadji, c’étaient deux très bonnes personnes, des grands-frères pour moi. La vérité, ce sont des joueurs qui ont marqué l’histoire de l’équipe nationale du Sénégal. Moi en tant que jeune footballeur africain, ils m’ont donné beaucoup de conseils surtout Salif Diao. Et ses conseils ont été bénéfiques pour la suite de ma carrière.

Comment Salif Diao était-il perçu dans le vestiaire des Reds ?

Salif était très respecté des gens à Liverpool. C’est un très bon coéquipier. Même si on ne s’est pas trop côtoyés, car je pense que quand je suis venu au club, lui est parti peu de temps après. Je l’ai côtoyé peu, mais on avait un ami en commun. On habitait la même ville (Liverpool) et on se voyait assez souvent.

Certains anciens joueurs comme Gerrard ou Carragher n’hésitent pas à attaquer El Hadji Diouf. Qu’est-ce qui pourrait être à l’origine de cela ?

C’est des choses que j’ai pu lire à travers des interviews. Mais je ne sais pas le vrai fond du problème entre eux. C’est dommage que ce soit d’un côté El Hadji Diouf qui pour moi, est un grand attaquant africain et de l’autre côté, Steven Gerrard et Jamie Carragher, deux grands internationaux anglais. Le fait que de grands messieurs du football se chamaillent par presse interposée, ce n’est pas respectueux.

A Liverpool, certains disent que Sadio Mané est plus discipliné et c’est pourquoi il a réussi là où El Hadji Diouf a échoué. Partagez-vous cet avis ?

C’est sûr que c’est deux tempéraments différents. Pour moi, Sadio Mané est un grand joueur, avec tout ce qu’il démontre chaque week-end à Liverpool. El Hadji Diouf a un tempérament assez différent de Sadio. C’est deux personnes, avec deux éducations complètement différentes. Et je pense que c’est cela qui a fait qu’El Hadji ne s’est pas imposé comme il le fallait à Liverpool. Mais à chacun son caractère. Mais cela n’enlève rien à El Hadji le fait qu’il soit un grand joueur. On ne peut que lui donner du respect, avec tout ce qu’il a apporté au football africain.

Le Sénégal sera à la prochaine oupe du monde. Comment l’équipe devra-t-elle aborder cette compétition ?

C’est une très bonne chose.J’aurais préféré que le Mali y soit aussi. Mais en tant que citoyen d’Afrique de l’ouest, voir le Sénégal au Mondial me fait énormément plaisir. J’ai aussi des amis dans cette équipe. Ça va être une compétition très compliquée. Mais au vu de l’équipe du Sénégal, des valeurs que leur transmet l’entraîneur Aliou Cissé, je pense que y a de quoi espérer. Aliou a fait un excellent travail. Ça montre que les entraîneurs africains peuvent faire de bonnes choses avec leurs joueurs. Et les Sénégalais l’ont démontré. J’ai vraiment confiance au Sénégal et je sais que les joueurs ont cette capacité de relever le défi. Je leur souhaite du fond du cœur qu’ils aillent le plus loin possible dans cette compétition.

Quelle analyse faites-vous de la poule du Sénégal, avec la Pologne, le Japon et la Colombie ?

Ce sont des équipes qui ont une grande expérience du niveau international, des coupes du monde. En Amérique latine, la Colombie est considérée comme un très gros morceau. Après, vous avez le Japon qui travaille très bien. La Pologne est une équipe très dure. Ce sont des adversaires très coriaces, qui ont mérité leur qualification. Le Sénégal a son mot à dire et je suis très optimiste pour les Lions. Avec le potentiel de ses joueurs, je pense que l’équipe fera mal.

Quelles sont les chances des équipes africaines dans cette Coupe du monde 2018 ?

Leurs chances sont vraiment énormes. Elles sont très élevées, que ça soit le Maroc, la Tunisie, le Nigéria, l’Egypte ou le Sénégal. Ce sont de grandes nations de football. Ce sont des équipes de grande qualité, avec des joueurs de classe mondiale. C’est sûr qu’elles auront véritablement leur mot à dire. Je pense qu’on retrouvera une équipe africaine dans le dernier carré.

Le football malien traverse des moments difficiles. Qu’est-ce qui explique cela ?

C’est vraiment dommage. Avec le gros potentiel de jeunes footballeurs que le Mali possède, c’est inadmissible d’assister à cette situation. Il y a énormément de boulot à faire. La vérité est qu’il doit y avoir du changement. Depuis le temps où j’étais en équipe nationale, rien n’a évolué. Du point de vu potentiel, je peux dire qu’on est au même niveau que le Sénégal. Le Mali est une grande nation de football africain. Je suis pour le retour des anciens qui connaissent bien le football africain, européen, mondial. Ils doivent venir, s’investir dans cette équipe nationale. Qu’on donne vraiment la chance aux sélectionneurs africains. D’autres viennent et parfois, ils ne font pas de résultats. Je souhaite que ce changement s’opère le plus vite possible. Le peuple malien en a besoin. En Afrique, les gens vivent du football. C’est à travers le football que le peuple peut exprimer réellement sa joie.

Votre reconversion ça sera sur le banc ou sur le chemin qui mène au palais comme George Weah?

Je suis en train de la préparer, mais ça serait plus dans le domaine du football. Après, pourquoi pas au palais présidentiel ? On verra. Ça sera compliqué, mais il faut rêver dans la vie. Il faut aussi se donner les moyens de réussir. J’ai toujours baigné dans le football depuis que je suis petit. Donc, mon véritable but est de retransmettre aux jeunes toutes mes expériences, toutes les belles choses que j’ai pu connaître à travers le football. Pourquoi pas au niveau du football malien, la fédération.

Pensez-vous comme Roger Milla, jouer jusqu’après 40 ans ?

J’ai la passion du football. J’ai encore l’envie de vouloir prendre du plaisir. Si mon physique me le permet, pourquoi pas ? Je mets toutes les chances de mon côté pour allonger ma carrière. Je suis encore jeune (NDRL: il a 33 ans). Je ferai tout pour jouer le plus longtemps possible.

Quels sont vos plus beaux souvenirs dans le football, en club comme en sélection ?

J’en ai énormément. J’ai eu la chance de signer mon premier contrat professionnel à Valence à 17 ans. Mais surtout d’avoir joué dès la première saison et remporté trois titres majeurs dont la Liga, la coupe UEFA (ancien nom de la coupe Europa league) et la Super coupe d’Europe. Donc, c’était pour moi quelque chose d’incroyable. En équipe nationale, le fait d’arriver en demi-finale de la coupe d’Afrique (CAN 2013 en Afrique du Sud) a été un grand moment. Voir tout le peuple derrière, mais aussi l’accueil qu’il nous avait réservé de retour au Mali, c’était inoubliable. Pour moi, c’était le plus beau souvenir de mon passage en sélection.

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