INTERVIEW NATHALIE DIA ‘’Miss Diongoma est devenu un enclos de femmes célibataires…en quête de maris. Des femmes à la merci d’hommes en quête de volupté et de sensations fortes’’

Date:

‘’Dans presque tous les pays du monde, il existe des concours de beauté et ces concours n’ont aucune connotation perverse, sexuelle ou dévalorisante pour la jeune fille.’’
‘’ Je lance un appel à notre actuel Ministre du Tourisme et de la Culture pour afin que son département de réapproprie tous ces concours de beauté. Et qu’il en fixe les règles’’.
‘’La Miss est, après la Première Dame, la deuxième personnalité culturelle du pays et à ce titre toutes les conditions doivent être remplies pour qu’elle puisse pleinement jouer ce rôle d’ambassadrice’’.
‘’ Je suis employée dans une banque sénégalaise’’
‘’Depuis un an, je me suis engagée aux côtés du Professeur Ibrahima Fall. Je suis actuellement la Coordonnatrice de la Commission Communication du Mouvement Taxaw Temm’’.

Pourriez-vous revenir un peu sur votre passé ?
J’ai d’abord été mannequin et lorsque l’on m’a sollicité pour participer au concours Miss Sénégal, j’ai juste franchit le pas. J’ai passé les différentes étapes du concours avec succès : Miss Dakar en décembre 1991 et Miss Sénégal en janvier 1992.
Comment était le mannequinat à l’époque ?
A cette époque-là, le mannequinat au Sénégal était en plein essor: j’avais eu la chance d’intégrer un groupe de jeunes filles qui défilaient depuis bien plus longtemps que moi et j’ai appris le métier avec elles. Nous ne nous prenions vraiment pas au sérieux et étions mannequins juste pour le fun. Il n’y avait rien d’ambitieux dans ce que nous faisions mais nous le faisions avec beaucoup de professionnalisme. Les cachets étaient insignifiants mais assez symboliques pour nous permettre de ne pas dépendre de nos parents. Voilà surtout le petit plus que nous apportait cette activité.
Le concours Miss Diongoma défraie la chronique ces jours-ci, pouvez-vous nous donner votre point de vue sur le sujet ?
Miss Diogoma est devenu un ramassis de femmes peu soucieuses de leur valeur et pire un enclos de femmes célibataires…en quête de maris
Je crains que ce problème des Miss Diongoma ne vienne soulever la poussière accumulée dans l’arrière-cour des Miss toutes catégories confondues depuis bien longtemps hélas ! Vous ne voyez que le côté visible de l’iceberg ; ce qui se cache derrière est bien plus triste encore. Il est inutile de revenir sur mes boires et déboires d’antan ; si je monte au créneau aujourd’hui pour dénoncer certains agissements, c’est bien parce que je veux que mon expérience serve à quelque chose. Je précise que je suis restée longtemps en dehors du cercle de la mode et des concours de beauté même si, il y a deux ans j’ai eu le privilège de diriger le jury de Miss Sénégal 2010 et là déjà j’avais décelé beaucoup des failles! Je me suis quand même efforcée de ne pas juger, mais un récent article sur les Miss Diongoma m’a littéralement fait sortir de mes gongs: ce concours est devenu un ramassis de femmes peu soucieuses de leur valeur et pire un enclos de femmes célibataires…en quête de maris !!!!Autrement dit à la merci d’hommes en quête de volupté et de sensations fortes!!!! Nous sommes bien loin du concept originel, me semble t-il !
Vous trouvez qu’il y’a plus de négatif que de positif dans le concept ?
Je n’ai, à proprement parlé, pas une approche négative du concept. Autant nous avons notre élection Miss Diongoma autant la Côte d’Ivoire, par exemple a son concours Miss Awoulaba. Mais dans un contexte où l’on se pose énormément de questions sur la perte des valeurs au Sénégal, sur le rôle que nous, femmes, avons à jouer dans la lutte contre les anti-valeurs, exhiber des femmes aux formes généreuses dans des déhanchements suggestifs avec des atours à connotation sexuelle lorsqu’elles sont censées être celles-là même qui éduquent, conseillent, préviennent, guident…pose véritablement problème. Lorsque ces dernières en rajoutent avec des discours qui ne cachent rien de leurs intentions, il y a de quoi tirer la sonnette d’alarme. Et vite ! L’objectif détourné ou masqué de ces concours tend ni plus ni moins à donner une image très peu reluisante de la femme sénégalaise. En tant qu’ancienne Miss, je ne saurais l’accepter ! Le tollé soulevé çà et là va enfin permettre de mettre le doigt dans la plaie et de pousser les autorités à reconsidérer quant à l’objectif réel et /ou le bien-fondé de ces concours de beauté qui s’organisent tous azimuts. Valoriser la femme et son rôle culturel dans notre société doit être au centre des réflexions.
Que proposez-vous comme solution ?
De deux choses l’une ou le Ministère du Tourisme et de la Culture s’approprie ce concours OU il n’y a plus de concours de beauté au Sénégal. Mais, il est inadmissible que l’on sacrifie la jeunesse et la beauté de plusieurs dizaines de jeunes filles par un simulacre de concours à des fins personnelles!!!! Car le but premier d’un concours de Miss encore une fois, n’est pas de dévergonder, de dévoyer ou de pervertir les jeunes filles. Il a pour objectif, de faire connaître, de valoriser un échantillon de la beauté sénégalaise et par ricochet notre culture, nos us et coutumes et servir également de modèle et de référence pour la jeunesse. Je rappelle que la Miss est, après la Première Dame, la deuxième personnalité culturelle du pays et à ce titre toutes les conditions doivent être remplies pour qu’elle puisse pleinement jouer ce rôle d’ambassadrice. Ce n’est malheureusement pas le cas, au Sénégal, les miss sont toutes des coquilles vides, jetées en pâture aux lions par des promoteurs sans scrupules qui n’en ont cure de leur devenir.
Concrètement comment le Ministère de la culture doit-il se réapproprier le concours ?
En mettant en place une véritable structure chargée de l’organisation des concours de Miss avec tout ce que cela comporte en termes de logistique : règlement intérieur, prise en charge des jeunes filles, organisation de l’évènement, sponsoring.
Bien agencée, il permettra au moins de briser ce stéréotype voulue et entretenue par les promoteurs eux-mêmes, qui veut que les miss au Sénégal, soient juste des poupées de luxe.
Ensuite cette structure doit être régentée par des professionnels de la culture et du tourisme qui seront chargés d’encadrer ce joli petit monde, de leur apprendre les règles de bienséance. Il faudrait également que les retombées de ce concours puissent profiter à ces jeunes filles qui viennent souvent de milieux défavorisés. Les aider à se réinsérer dans la vie active afin qu’elles puissent voler de leurs propre ailes est un impératif. Parce que finalement, ce que l’on ignore c’est que le retour à la case départ pour les miss non élues, après une gloire et une célébrité éphémère est psychologiquement traumatisant. Imaginez devoir retourner sans réponses aux innombrables questions que se posent parents, amis, voisins qui ont cru un moment que la chance souriait à leur localité !!! Il y a une grande réflexion à mener sur la prise en charge psychologique. Il ne fait aucun doute dans ma tête que mieux conceptualisé ce concours peut être source de revenus sains pour les jeunes filles. Je lance donc un appel à notre actuel Ministre du Tourisme et de la Culture pour qu’il prenne définitivement ce problème en main.
Miss Sénégal, Miss Diongoma est-ce le même concept ?
A l’origine ce n’est pas le même concept ni le même objectif d’ailleurs ! Mais au Sénégal le concours est la chasse gardée d’une seule et même personne qui en est le concepteur, le promoteur, l’organisateur, le gestionnaire, le présentateur…celui même qui, influe sur le choix du jury. De là à assimiler le concours à un fourre-tout, il n’y a qu’un pas.
Il urge comme je l’ai dit plus haut, de recadrer le concept de Miss Sénégal et de Miss Diongoma qui sont deux entités bien distinctes. La première qui est officielle et permanente dans chaque pays est réservée à des jeunes filles mais je dois avouer que l’organisation de Miss Sénégal n’a pas gagné sa véritable place lorsque dans d’autres pays elle tend vers le professionnalisme et l’excellence. Le concours Miss permet à la Reine de beauté, de jouer un rôle culturel, de représenter son pays lors d’autres concours de beauté à l’échelle sous-régionale et internationale et dans tout autre domaine où le charme et la culture sont à l’honneur. Le terme d’« ambassadrice » renvoie donc à un certain nombre de responsabilités qui font appels à des règles de savoir-être et de savoir-faire. Je suis outrée de constater que de cela il n’en est rien dans mon pays! Un comble
N’est-ce pas comme cela partout dans le monde?
Dans presque tous les pays du monde, il existe des concours de beauté et ces concours n’ont aucune connotation perverse, sexuelle ou dévalorisante pour la jeune fille. La compétition se déroule généralement en trois phases où la jeune aspirante miss se découvre dans trois tenues différentes : tenue de ville, tenue de soirée et enfin tenue de vérité communément appelée maillot de bain ou petite tenue. Ce dernier critère peut être repensé au Sénégal pour satisfaire aux exigences du public ; cela n’enlève en rien la quintessence même de la compétition.
Vous avez quitté les planches depuis une vingtaine d’années que faites-vous dans la vie désormais?
Je suis employée dans une banque qui partage la réalité des sénégalais.
Nous savons aussi que vous vous êtes engagée en politique ?
Oui, je le confirme, je me suis spécialisée dans la communication politique et ai choisi de m’engager politiquement ! Mais je ne fais pas de la politique politicienne, entendons-nous bien ! Nous nous sommes assez faits bernés par des discours de politiques vaseux et hors de propos, pour vouloir rajouter une couche de peinture. Il faut faire table rase du passé pour servir son prochain et non se servir. Depuis un an, je me suis engagée aux côtés du Professeur Ibrahima Fall. Je suis actuellement la Coordonnatrice de la Commission Communication du Mouvement Taxaw Temm.
Pourquoi Taxaw Temm ?
Le parcours et le discours du Professeur Ibrahima Fall sont pour moi porteurs d’espoir. Avec lui, nous travaillons une nouvelle façon de faire de la politique autour de 4 axes majeurs : Rassembler les patriotes, Réhabiliter les valeurs, Restaurer l’Etat de droit et Relancer le développement. Vous comprenez donc que je ne puisse rester insensible à ce qui touche aux valeurs en général et à tout ce qui égratigne de prés ou de loin la dignité féminine car pour moi la femme est au cœur de tout.
Qu’en est-il de votre vie privée ?
Elle reste privée. Je suis mère de deux adorables garçons.

1 COMMENTAIRE

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

DEPECHES

DANS LA MEME CATEGORIE
EXCLUSIVITE

Reforme de la justice : Regarder globalement pour agir sur les lois et les institutions (Par Mamadou Kassé)

L'initiative des nouvelles autorités d'envisager la réforme de la...

Deux Sénégalais périssent dans l’effondrement d’un bâtiment en Espagne

XALIMANEWS: Deux ressortissants sénégalais ont trouvé la mort et...

Le professeur Babacar Guèye nommé facilitateur des Assises de la justice

XALIMANEWS: Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar...