XALIMANEWS-Au Sénégal, il a fallu l’arrêt du Conseil constitutionnel invalidant le report de l’élection présidentielle, pour désamorcer la crise politique grave dans laquelle semblait s’enfoncer le pays. Et pourtant, beaucoup de Sénégalais ne misaient pas trop trop sur cette juridiction, à qui ils n’avaient pas trop confiance. Dans sa chronique sur RFI, le journaliste Jean Baptiste Placca revient sur cet événement marquant de la démocratie du pays de Senghor et Diouf.
Finalement, on va vers la décrispation au Sénégal, après l’invalidation par le CC du report de l’élection présidentielle, voulu par l’Assemblée nationale et entériné par le président Macky Sall. Le peuple sénégalais a salué la décision de la juridiction judiciaire, à qui, il n’avait pourtant pas confiance. Depuis Radio France Internationale, le journaliste explique le pourquoi, peut être, le peuple sénégalais ne misait pas trop sur le Conseil constitutionnel.
« Peut-être n’ont-ils pas, en leurs institutions, la confiance qu’ils proclament, en dépit de la fierté qu’ils affichent, quant à l’avance démocratique du Sénégal. Ou alors, les juges du Conseil constitutionnel ne leur inspiraient pas toujours ce courage qui les grandit tant, aujourd’hui. Cette instance, la plus haute du système judiciaire sénégalais, a joué son rôle, et c’est essentiel, en démocratie. Comme ce que Barack Obama qualifiait naguère d’institutions fortes. Les Sénégalais ont, là, une raison supplémentaire de faire confiance à leurs institutions. À condition, évidemment, que celles-ci soient crédibles, courageuses et d’une certaine probité, en inspirant le respect aux citoyens. » A expliqué Jean Baptiste Placca. Le journaliste togolais d’ajouter que cette invalidation, que d’aucuns perçoivent comme un désaveu pour lui, Macky Sall lui-même l’admet comme relevant des « mécanismes juridictionnels normaux de la démocratie et de l’État de droit, tels que consacrés par la Constitution sénégalaise ».
L’éditorialiste de rappeler « la belle image de la démocratie sénégalaise, ne l’oublions pas, tient davantage à la façon dont les chefs d’État tirent leur révérence qu’à ce qu’ils font durant leurs mandats. Senghor, Diouf, Wade… », et se poser la question : « Pourquoi pas Macky Sall ? »
Pour le journaliste de Radio France Internationale « cette crise a été, pour beaucoup, l’occasion d’exprimer l’immense rancœur qu’ils nourrissent son égard. Ceux qui ne l’aiment pas ne l’aiment vraiment pas ! », avant de rappeler, « Certains avaient perçu les poursuites contre Karim Wade, au début de son premier mandat, comme un règlement de comptes, pour les abus et vexations subis du temps où il présidait l’Assemblée nationale et voulait voir l’héritier s’expliquer sur la surabondance de chantiers, les soupçons de corruption. »