Islam, Laïcité, Franc-maçonnerie, Homosexualité, Intégrisme ! Le débat fait rage au Sénégal ; chacun voulant régler son compte à l’autre, souvent sur l’autel de la ‘’politique politicienne ‘’. Dioulitt Dey Mandu : celui qui prie DIEU se doit de revêtir le manteau des qualités ‘’ de tenue et retenue ’’ en toute chose !
L’histoire tragique de France nous enseigne les relations jadis fort heurtées durant des siècles entre le clergé, les tenants de la laïcité et la franc-maçonnerie ; et le bucher a souvent si servi ; la religion du roi s’imposait à l’ensemble de ses sujets. « Cujus regio, ejus religio ». « Tel prince, telle religion » ; les débats des évêques au concile Vatican II vont clore pour de bon ces pages sombres pour ouvrir l’Église à une véritable laïcité ; aujourd’hui, donc la raison a prévalu.
Écoutons d’abord nos parents chrétiens :
« ……….Le Concile Vatican II a définitivement entériné la séparation de l’Eglise et de l’Etat et reconnu la liberté religieuse. Ceci n’empêche pas de relancer périodiquement le débat sur la laïcité dont le principe appartient à la doctrine sociale de l’Eglise.
……le concept traduit des événements douloureux qui se sont déroulés au moment de la séparation des Églises et de l’État au moment de la loi de 1905 et auparavant à la suite de la Révolution française. Il recouvre également des sentiments anticléricaux voire antireligieux dans toute une partie de la population de l’hexagone. …. »
Et ce 02 mars 2016, le pape lui-même déclarait : « La France doit devenir un Etat plus laïque ».
Citoyen zélé vous invite à prendre le temps nécessaire pour lire cette contribution ci-dessous qui date de Janvier 2001, période où le sopi était au zénith et ou son ‘’pape’’ voulait ôter le mot laïcité de la constitution ; nous n’étions qu’une poignée d’intellectuels à compter sur les doigts de la main à dire non à ce projet ; et le père Wade recula.
15 ans après, je vous livre le texte tel que (les archives des journaux le Soleil et le Témoin faisant foi) ; le texte qui suit n’a pas été mis à jour d’une seule virgule.
Islam et laïcité : Bords et extrêmes
L’autre jour, après la prière du Vendredi, quelque part en banlieue dakaroise, un Iman a interpellé les fidèles : « Que ceux qui veulent s’inscrire sur la pétition anti-laïcité viennent vers moi, munis de leur carte d’identité » ; j’étais avec un ami, notre sang n’a fait qu’un tour .Nous sommes allés rejoindre l’Iman pour être ‘’ éclairés ‘’ sur la laïcité. » La laïcité, c’est la violence, la prostitution, l’autorisation de faire n’importe quoi ; la laïcité c’est Jules Ferry franc-maçon qui l’a créé. Comment peut-on opposer la charia émanation divine et la laïcité, œuvre de l’homme ?… ».A la question, qu’allez-vous faire des chrétiens sénégalais, les réponses » pertinentes » ont fusé de toutes parts :
– » leur faire payer un impôt comme du temps du prophète (PSL) à Médine
– » leur créer des tribunaux religieux propres » et la réponse fatale :
– » on va leur appliquer la charia »
Au milieu des personnes d’inégal niveau de savoir (dont certains devenaient menaçants), nous avons essayé de donner notre vision des choses ; l’Imam est resté bouche-bée devant »notre » conception de la laïcité (État de Médine, sourate Al kafirouna, etc.).La seule concession que nous avons pu obtenir ce jour-là, c’était un rendez-vous pour continuer le débat car nous nous étions des égarés mais des musulmans quand même (sic).
Quel amalgame ! » Il est plus facile de briser un atome qu’un préjugé » a dit Einstein.
Je comprends les propos de l’Imam mais ce qui m’a choqué d’avantage est que les réponses entendues ce jour-là sont partagées par nombre ‘‘d’intellectuels’’ si l’on en juge par les coups de boutoirs répétés de certains articles parus dans la presse.
Si la laïcité pouvait se personnifier, elle demanderait à ce que soient cités ces vers de Kipling qui si exagérées pour la circonstance qu’elles soient, résonnent à mes oreilles.
‘’Si tu peux supporter d’entendre les paroles.
Travesties par des gueux pour exciter des sots et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles sans mentir toi-même d’un mot,
Tu seras un homme mon fils »
On ne peut s’empêcher de réagir car la sécheresse des propos doublée de la pauvreté des arguments masque mal les enjeux qui concernent indiscutablement le choix d’un projet de société.
Nous aurions pu sur le même ton lapidaire répliquer par les propos réducteurs suivants :
– »la laïcité est étrangère à notre culture ? Quelle culture ? L’ethnique, la tribale ; La confessionnelle .l’éducationnelle ou la dialectale ».
A l’heure de la mondialisation et au rendez du carrefour de donner et du recevoir, il ne doit être question que de culture universelle.
– » la laïcité n’est pas notre langue » ; s’il fallait rejeter tout concept non codifié par celle-ci, nous serions vraiment nus.
» L’Islam c’est aussi la politique ; on doit en discuter dans les Mosquées » ; mais non ! Le Coran, c’est la vérité ; la politique, c’est la tromperie ; d’ailleurs le Coran nous éclaire à ce sujet :
– » les Mosquées sont consacrées à Allah : n’invoquez personne avec Allah »Al Djinn S 72 / V18.
Le Soufi Hassan Al Basri (mort en 728) ne s’y trompe pas : » qui connaît Dieu l’aime, qui connaît le monde y renonce »
– Faut – il la piété, toute la piété, rien que la piété ?
Non ! Nous dit le coran. Al Qasas ( le récit) V 28 S77 :
» Et recherche à travers ce qu’Allah t’a donné la dernière demeure ; et oublie pas ta part en cette vie ». Ceci signifie ne pas déserter les intérêts matériels au profit d’une piété exagérée.Comme nous allons le voir, le débat mérite plus de profondeur car il ne s’agit pas point de l’inscription ou de l’omission du mot laïcité dans la constitution. Le débat doit être loyal, franc et ouvert sans satanisation réciproque.
La laïcité, c’est » quoi même » ?
La laïcité c’est la liberté de conscience, de croire ou de ne pas croire, de culte, de penser, de contester, c’est la neutralité de l’État vis-à-vis des croyances des religions (c’est la déconfessionnalisation des Services Publiques).
On parle plutôt de laïcité des institutions de la république que de laïcité de la personne.
C’est la recherche de l’intérêt particulier dans le cadre de l’intérêt général, c’est la recherche de l’égalité des chances pour tous dans la vie et l’école.
La laïcité n’est pas anti-religieuse ; c’est la tolérance, le compromis, non la compromission, c’est un gage de la paix civile.
Wade a raison, les définitions sont multiples et confuses d’où la complexité du concept.
La laïcité c’est la séparation du Spirituel et du temporel ; ce concept remonte à la nuit des temps. Jésus le 1er aurait dit » Rendez à César ce qui appartient à César et à Dieu ce qui est à Dieu » ; cette sentence est le révélateur de Esprit laïque.
En matière de tolérance religieuse, on retrouve l’esprit laïque du coran ; sourate Al Kafirouna ( voir aussi la S 104 V 10).
1. Dis »O vous les infidèles »
2 . Je n’adore pas ce vous adorateurs de ce que j’adore
3. Vous n’êtes pas adorateurs de ce j’adore
4. je ne suis pas adorateurs de ce vous adorez
5. Vous n’êtes pas adorateurs de ce j’adore
6. A vous votre religion ; à moi ma religion.
Nous verrons aussi avec l’État de Médine que la laïcité était déjà du temps du prophète une »Réalité sans Nom ».
NÉCESSITÉ DE LA LAÏCITÉ
La République authentique, » chose publique », applique à tous les mêmes réglés définies et acceptées par la majorité, en un mot elle est basée sur la démocratie ; il existe des républiques qui ne sont pas des démocraties (cf. pays africains). Mais elles sont nombreuses aussi les démocraties qui ne sont pas des républiques (cf. royaumes en Europe, qui sont des systèmes inégalitaires par excellence) : Une république démocratique ne suffit pas sinon si la majorité en se définissant des objectifs et des moyens par et pour elle pourrait écraser et /ou briser les minorités ; il faut un garde-fou qui a pour nom la laïcité ; ce mot ne figure pas dans toutes les constitutions ( vous dit-on et après ! une assemblée d’aveugles n’a jamais fait un voyant) mais l’esprit souvent y est ; au lieu de le définir sur plusieurs pages de la constitution, WADE a préféré maintenir ces quelques lettres ; la laïcité permet de régir légalement les rapports entre diverses catégories des citoyens d’un même pays qui soient de croyances ou de religions différentes.
Nous disons a certains que ce n’est pas dans les approximations historique de l’usage de la laïcité qu’il faut aller dénicher l’aspect rebutant pour démolir ce concept (qui a, j’en conviens ses lacunes et ses limites comme toutes les voies médianes).La laïcité a son intérêt dans tout pays multiconfessionnel : presque pas d’intérêt en Arabie Saoudite ou au Vatican mais Nom de Dieu ! Regardons plus loin que nos barbes !!! On ne peut que plaindre les musulmans de Cote d’Ivoire, d’Israël, les Chrétiens de Jakarta, du Nigeria ; ceux -là voudraient bien jouir d’une constitution laïque.
Le concept de laïcité a-t-il été galvaudé au point de perdre son poids et sa valeur.Mais que non !
Là où il y’ a pluralisme religieux, il est vital de se poser la question :Comment créer les conditions de participation effectives des minorités de toutes sortes à la vie culturelle, sociale, économique, à la gestion des affaires publiques ? Quel statut juridique leur appliquer ? Chaque fois que vous êtes devant un anti-laïque posez lui cette question ; là est le débat. Il ne s’agit point de voltige langagière.
LA RELIGION EST D’ABORD UNE AFFAIRE INDIVIDUELLE
Elle relève de la sphère privée, elle ressort du domaine de l’appréciation individuelle ; on est enterré seul ; on est seul dans sa tombe.Au jour du jugement dernier, ce ne sera pas la république du Sénégal qui sera interpellée mais chacun d’entre nous individu par individu ; le Coran est clair à ce sujet…
Al Baqarah (vache ) S 1/V 12
» Et redoutez le jour où nulle âme ne bénéficiera à une autre, où l’on acceptera d’elle aucune compensation et où aucune intercession ne lui sera utile. Et ils ne seront point secourus ».Al Isra(le voyage nocturne) S 17/V 15
» Quiconque prend le droit chemin ne le prend que pour lui-même : et quiconque s’égare ne s’égare qu’à son propre détriment et nul ne portera le fardeau d’autrui »
La rupture S 82/ V 19
» le jour de la rétribution c’est le jour où aucune âme ne pourra rien en faveur d’une autre âme ».
Le Fracas S 80/V 19.
» C’est le jour où l’homme s’enfuira de son frère, de sa mère, de son père, de sa compagne et de ses enfants. Car chacun d’eux, ce jour-là aura son propre cas pour l’occuper ».
L’EXCEPTION FRANÇAISE
La laïcité en France, » une si longue histoire », qu’il nous plaît de schématiser ainsi :
» Le 21 janvier 1793, le couperet de la Guillotine tranche une vie mais aussi les liens qui faisaient du souverain absolu le roi de droit divin et l’héritier d’une longue lignée » ;
Ainsi est née la République des citoyens qui n’a rien à voir avec la République léboue, toucouleur ou diola, l’Afghane ou l’Iranienne ; ne nous complexez pas avec le colonialisme.Ici l’électeur est la clé ; il doit être instruit de maniére que la conscience individuelle soit libre d’où la nécessite d’une école laïque. La laïcité, exception française ? Parlons plutôt de degré exceptionnel atteint en matière de laïcité ; l’exception c’est la France elle-même, vaste laboratoire, pays d’avant-garde en matière d’idées, de luttes qui ont permis d’avoir un acquis législatif important et d’inspirer la déclaration universelle des droits de l’homme.L’histoire de France a permis de donner un cadre, un contenu, un sens au concept de laïcité, de ‘’matérialiser » l’esprit laïque.
» Les mots, a écrit Valéry, perdent leur sens à mesure qu’il prennent de la valeur ».
Ne scotchons pas la laïcité au passé.
L’ÉTAT DE MEDINE
Écoutons Mohamed Hammidullah dans »le Prophète de l’Islam, sa vie, son œuvre »
»Mohamed (PSL) consulta ses fidèles ainsi que ses voisins non musulmans ; et tous réunis, dans la maison d’Anas décidèrent de se constituer en cité état… la loi constitutionnelle fut rédigée dans un acte… Si c’est la constitution du 1er état musulman, c’est également la 1ére constitution écrite d’un état dans le monde entier. ».Cette communauté reconnaissait l’égalité des droits à chacun de ses éléments constitutifs…, Mohamed (PSL) était l’arbitre suprême. La Constitution n’en parle pas mais le coran (S 5/V 42-50) précise que les différentes communautés juives, chrétiennes… etc. doivent appliquer leurs propres lois religieuses dans toutes les affaires de leur vie. Il y eut plusieurs cas… où les juifs de Médine n’ayant pu régler leurs querelles par les décisions de leurs chefs se rendaient volontairement auprès de Mohamed (PSL) et celui-ci leur applique leur statut personnel et non la loi Islamique… ».
La Cité État de Médine est un modèle de symbiose temporel et spirituel qu’il n’ est plus possible de recréer car lié entièrement à la personnalité exceptionnelle du Prophète (PSL) qui n’a fait que respecter le coran :
Yunus(Jonas) S 99/ V 10
» Si ton Seigneur l’avait voulu, tous ceux qui sont sur la terre auraient cru. Est-ce à toi de contraindre les gens de devenir croyants.
La Vache S 2 v 256 « La Ikraha Fi Dini Llahi ».Nulle contrainte en religion !
Ne sont-ce pas là les traits capitaux de la laïcité en matière de liberté et de respect des croyances, des cultes, etc
LA CHARIA. EST-CE LA LOI DIVINE ?
Les extrémistes sénégalais aspirent à une application de la loi « divine » en lieu et place de la loi « humaine ».La Charia s’applique au musulman. Est musulman celui qui suit les 5 piliers de l’islam (profession de foi. (Chahada), les 5 prières, le Ramadan, la Zakat, le pélérinage).Les musulmans se divisent en « au moins » 2 grandes familles :
– Les Shiites
– Les Sunnites (au Sénégal presque tous les musulmans)
Les Sunnites se divisent en « au moins » quatre grandes familles appelées écoles juridiques :
– Ecoles Hannafite
– Ecole Malikite (au Sénégal presque tous les musulmans)
– Ecole Chafeite
– Ecole Hanbalite
Ensuite viennent les confréries (Khadir, Tidjane, Mourides, Layènes …, etc…) et les hors confréries.Autant de groupes qui veulent être les représentants authentiques exclusifs de ’Islam devant une majorité de la population qui ne sait même pas à quelle école juridique elle appartient, qui ne connait même pas la place de sa confrérie dans cet échiquier et la finalité du soufisme.Pourtant Dieu a dit dans le Coran Al Anbiya S 21/ V 92
« Cette communauté qui est la vôtre est une communauté unique, et je suis votre Seigneur ».
La Charia, (à la fois voie, culte, droit et morale) a 2 principales sources : le Coran et la Sounna (Ensemble des actes, paroles et approbations du prophète) ; théologiquement, la Sounna est d’inspiration divine (comme le Coran) mais elle est incontestablement d’expression humaine.
Certains hadiths ont trait à la loi, d’autres non.Selon Mohamed Chérif, Imam de France :« si le Coran fut codifié au moment de son énonciation et qu’il n’y a pas eu de période de transmission orale entre le moment de son énonciation et celui de sa rédaction, le hadith ne le fut pas. Pour ce dernier, la période s’étale sur au moins 200 ans d’où risque d’inauthenticité (Sahih, Hasan, Daif, Mawdhu (c’est-à-dire du plus au moins authentique) ; même sur la qualification d’authenticité il n’y as pas unanimité.L’enseignement islamique comprend 3 entités :
_ La foi (A+l Aqida, ensemble de vérités (tangibles, non liées à une époque, à une société ou à une culture) :
– La Charia
– La voie (Tariqa, La mystique) ;
La Charia provient d’un travail de compréhension de la loi (fiqh) effectué par des savants pointus appelés canoniste (fuqaha) qui opèrent une interprétation humaine des textes (Ijtihad) ; le nombre de versets relatifs aux lois ne fait pas l’unanimité :
– Ghazali (Chaféite) pense que le nombre est 500 versets
– Aboubaker B. Al Arabi (Malikite) pense que le nombre est 3000
– Ibn Daqiq Al Ide (Hanbalite) estime que le nombre ne peut être délimité car il dépend de
l’intelligence et de l’inspiration du canoniste .Nous sommes d’avis avec lui que les mystères du Coran sont inépuisables.Selon les spécialistes, les Fuqada dans beaucoup de leur avis, ont introduit le droit coutumier et intégré dans la loi les traditions (El Ada) et les conventions sociales (El Ourf) de leurs époques.Parmi les autres sources de loi sont le consensus (Ijma), le raisonnement logique (Qiya) et autre fatwas qui incontestablement logique (Qiya) et autres fatwas qui incontestablement changent selon les situations, les personnes, les lieux, les époques…, etc.Par conséquent la Charte est fortement imprégnée de la touche humaine : les textes sont finis mais les cas eux sont indéfinis, serais-je tenté de dire. La Charia ne peut être un ensemble de lois rigides, scholastiques et incapables d’évoluer. Une question qu’il est intéressant de se poser : les musulmans qui vivent en minorité dans un pays (et même dans le monde) et qui ne peuvent imposer l’application totale de la Charia sont-ils dans l’illégalité, en clair sont-ils musulmans ?Ils sont vraiment minoritaires dans le monde ceux musulmans qui veulent couper des coûts, trancher des bras en appliquant « la Charia rien que la Charia, toute la Charia », celle des illuminés qui confondent jusqu’à boire la potion et le Mode d’Emploi pour soigner leur « crise de foi ».
En clair, le coran est inviolable mais toutes les lectures, toutes les interprétations sont le fait d’humains (à rang de savoir égal bien entendu).
Retournons donc vers Dieu, si nous ne savons plus où aller ! Al Imran S 3 / V 7 ;
« il s’y trouve des versets sans équivoque qui sont la base du livre et d’autres versets qui peuvent prêter à des interprétations diverses. Donc, les gens qui ont au cœur une inclination vers l’égarement mettent sur l’accent sur les versets à équivoque cherchant la discussion en essayant de leur trouver une interprétation alors que nul n’en connaît l’interprétation à part Allah ; Mais ceux qui sont bien enracinés dans la science disent : nous y croyons/ Tout est de la part de notre Seigneur « .
LUTTES DE POUVOIR :
Les attaques les plus virulentes ne devraient-il pas d’une minorité d’un petit nombre parmi les arabophones », celle-là refoulée par l’école française par manque de niveau, mû par un désir de vengeance ou de partage du gâteau, distillant en longueur de vendredi des doses homéopathiques d’intolérance en vue de cléricaliser la république.Machiavel disait : « on ne peut clairement déterminer qu’elle est l’espèce d’hommes la plus nuisible dans une république : ou ceux qui désirent ce qu’ils ne possèdent pas ou ceux qui veulent conserver les honneurs qu’ils ont déjà obtenus ».
LETTRE AUX CATHOLIQUES :
J’invite les détracteurs patentés de la laïcité à lire ce document (Assemblée Générale des Evêques de Francs réunis à Lourdes le 09 novembre 1996; rapport rédigé par Monseigneur Claude DAGENS pour le travail du Jubilé l’an 2000).Les Chrétiens nous donnent à cette occasion en plus des leçons habituelles de discipline, de charité et d’organisation, une leçon d’humilité, d’ouverture, de tolérance, bref, une leçon de laïcité :
– « Nous refusons toute nostalgie pour les époques passées ou le principe d’autorité semblait s’imposer de façon indiscutable, nous ne rêvons pas d’un impossible retour çà ce qu’on appelait la chrétienté……..Nous tenons à être reconnus non seulement comme des Chrétiens solidaires d’une histoire nationale et religieuse mais aussi comme des citoyens qui, en respectant la laïcité constitutive et qui doivent y manifester la vitalité de leur foi……A chacun de nous de prendre ses responsabilité pour ne pas révéler les querelles antérieures… et en faisant un bon usage de la laïcité elle-même. La séparation de l’église et de l’état peut apparaître comme une solution institutionnelle… offre aux Catholiques de France la possibilité d’être des acteurs loyaux de la société civile……… Affirmer, cela revient à reconnaître le caractère positif de la laïcité non pas telle qu’elle a été à l’origine lorsqu’elle se présentait comme une idéologie conquérante et anticatholique mais telle qu’elle est devenue après plus d’un siècle d’évolution culturelle et politique… » CQFD
LA LAICITE : LIMITES, LACUNES, INSATISFACTION.
N’en déplaise aux laïcistes ou plutôt aux laïcards (généralement athées, une espèce en voie de disparition au Sénégal mais minorité significative, importante et agissante en Europe), la majorité du monde en l’an 2000 est profondément convaincu que le bonheur d de l’homme n’est plus seulement dans les béchers, les éprouvettes et autres cornues alambiquées. Par conséquent, l’état peut être neutre, transparent vis à vis des affaires religieuses mais certainement pas indifférent : dussé-je subir les fourches caudines de cette autre catégorie d’extrémistes, je dirai que : -la morale laïque n’est pas née ex nihilo mais a eu source dans le fond commun des religions et des croyances universelles. C’est une erreur monumentale plus encore en France qu’au Sénégal de ne pas procéder à l’enseignement religieux ou des croyances et à l’histoire comparée de celles-ci (cadres et modalités à définir) ; c’est par la méconnaissance que l’on diabolise l’autre (cas de l’islam en France); sur un autre registre, une chanson Ouolof dans les années 60 ne disait-elle pas? :
« La bouilloire et le chapelet, « le turban et la barbe,
« Maman, je ne déteste pas, « C’est que j’en ai une peur bleue ».
-En quoi cela gêne-t-il au Sénégal de se caler sur le calendrier musulman (vendredi férié en lieu du Dimanche) prenant aussi en compte les fêtes réellement chrétiennes ?
-La laïcité n’a jamais été l’apologie de la société permissive ; comment faire pour « contenter » quelques aspirations légitimes mais non légales, souvent partagées à la fois par les chrétiens et les musulmans (images à la télé, homosexualité entre adultes consentants, prostitutions, avortement…., etc.) bref, prise en compte de certains interdits religieux, faits nuisibles au regard de Dieu mais non répréhensibles (comme le crime, le vol, le viol) selon la République laïque car relevant des libertés individuelles. Comment vivre sa liberté sans « choquer » l’autre ? Je n’ai pas la solution de la quadrature du cercle mais il me semble que les mesures suivantes au moins pourraient être envisagées pour le plus agresser le mineur et le fondamentaliste :
Eradication du racolage dans la rue.
Les « sabars » nocturnes d’homosexuels doivent avoir lieu dans des lieux privés.
La censure de certaines images choquantes « notre » télé, bien sûr les émissions étrangères nous envahissent ; on ne peut arrêter la mer avec ses bras mais la télé nationale doit constituer un refuge.Ce ne sont là que quelques exemples.
-A l’instar de la France vis-à-vis de l’Europe, nous avons ratifié des accords pour intégrer une entité supranationale (l’Union Africaine) ; les traités et accords ratifiés auront-ils une autorité supérieure à celles des lois du Sénégal ? Comment faire respecter notre spécificité laïque ?
-Je suis pour l’autorisation de partis islamiques (on a vu récemment le score d de certains) à l’instar des partis démocrates chrétiens (en Europe) mais je reste convaincu aussi que la démocratie ne doit jamais permettre l’installation d’illuminés (souvent manipulés et financés par l’étranger) qui aussitôt au pouvoir vont s’empresser d’anéantir les libertés individuelles. Le préalable est de s’engager à respecter la constitution laïque.
LA PRIORITE ! C’EST L’EDUCATION ET LE CONCERTATION :
» La raison de l’homme ressemble encore au globe qu’il habite : la moitié en est plongée dans les ténèbres quand l’autre est éclairé « .Robespierre
L’Etat doit aider à la vulgarisation des ouvrages. Si les intellectuels « francophones » peuvent aujourd’hui se « frotter » aux « arabophones », c’est grâce à la disponibilité du Coran traduit et de l’accessibilité à l’internet. L’Etat ne doit pas laisser le monopole de la foi à des gens non qualifiés (souvent même pas le CEPE français ou le bac arabe).L’Etat doit donner une juste et meilleure place à la langue arabe aux vrais savants religieux (non aux ‘’ maraboutons’’).
L’Etat doit assurer la formation des Imams, leur accorder des bourses, les faire voyager (la meilleure façon de produire des pro-laïque est d’amener certains chez les talibans) ; c’est une recommandation tirée du Coran, le PELERINAGE (S22/V46).
‘’Que ne voyagent-ils sur la terre afin d’avoir des cœurs pour comprendre et des oreilles pour entendre ? Car ce ne sont pas les yeux qui s’aveuglent mais ce sont les cœurs dans les poitrines qui s’aveuglent ‘’.
L’Etat doit procéder à l’identification, au recensement d’interlocuteurs représentatifs, de Fuqahas attitrés ; la difficulté qui est à la fois avantage et inconvénient est qu’en Islam il n’y a pas de papauté, de clergé, de synode ou de concile.
L’Etat doit pousser davantage à l’entente confrérique et au dialogue islamo-chrétien ; Wade aujourd’hui est très bien placé (il en a la capacité et la ruse) pour inviter ne serait-ce qu’un soit chez-lui les divers guides religieux ; le moment est propice.
J’aurais aimé qu’une organisation comme l’OCI fassent procéder au ressourcement, aux préceptes islamiques, refasse une IJTIHAD, un IJMA actuel et actualisé ;c’est une tâche utopique diront certains mais écoutons Sénèque :
‘’Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas les entreprendre c’est
parce que nous n’osons pas qu’elles paraissent difficiles’’
En conclusion, pour les extrémistes de tous bords, nous dirons qu’il faut savoir distinguer l’essentiel de l’accessoire, l’esprit de la lettre et… écouter Pascal (pensées 253)
‘’ Deux excès :
– exclure la raison
– et de n’admettre que la raison’’
Aux musulmans de mon pays, je lirai la sourate 39 V 53.
« Ne désespérez jamais de la miséricorde de Dieu, il pardonne tous les péchés »
J’ajouterai même celui de vivre dans un pays laïque ; en tous cas la laïcité est le seul espace actuel où peuvent paître ensemble le loup et l’agneau ; si la laïcit2 est le seul mot qui vous heurte dans le projet de constitution, vous pouvez aller voter des deux mains.
Je ne suis ni un exégète du Coran, ni un modèle de piété (ne pas confondre avec vertu) seulement un ingénieur, intellectuel (qui parle de tout et qui n’en sait rien) mais musulman doté de l’œil de la certitude (AYNAL YAQIN) qui demande pardon et indulgence si dans le texte il a pu y avoir erreur et /ou égratignure.
LE DERNIER MOT :
Unissons-nous autour de ce qui nous réunit ;
Réunissons-nous autour de ce qui nous unit.
Yoro Ba Hann Bel Air [email protected]
La question est simple. Vous vous interrogez « Laïcité c’est quoi même ? ». Et vous donnez une réponse. Alors remplaçons « laïcité » par la réponse que vous avez donnée, dans la constitution. Ils ne l’accepteront jamais. Voilà qui prouve leur mauvaise foi.
Il y a duperie sur la marchandise.
Taxer les arabophones de tous les noms d’oiseaux c’est ça votre concept de vivre dans le respect du prochain.
Monsieur Ba je ne doute pas de votre niveau en français mais je ne doute pas que les arabophones sont meilleurs que vous en arabe donc c’est pas en lisant le coran traduit que vous allez vous permettre de vous frotter à eux encore moins lire quelques oeuvres en français qui sont souvent écrits par des non musulmans.
UN RECADRAGE S’IMPOSE !
Oui, il faut que vous sachiez que la religion n’est pas une affaire strictement privée ; oui, les ‘’Textes sacrés’’ (Thora, Évangile, Coran) sont une explication de toutes choses (Cor. 16 : 98 – Les Abeilles) et ont donc vocation d’expliquer le monde. En vérité, l’Islam a tout codifié pour le Musulman – entre autre, sa cohabitation avec les non-musulmans (chrétiens, juifs, animistes). Et il n’a jamais préconisé un pluralisme juridique, car cela ne contribuerait pas à la résolution des affaires dans nos sociétés multiconfessionnelles ; c’est ainsi que le Prophète Mouhammad (PSL) eu même à ‘’renoncé’’ à son titre de « Prophète de Dieu » pour conclure un pacte avec les ‘’gens du Livre’’ (les chrétiens et les juifs) et certains polythéistes. Et certes, c’était là une ‘’constitution laïque’’ imposée par le contexte (rapport des forces) et qui avec le temps a évolué, étape par étape, jusqu’à l’Etat islamique (législation inspirée de la ‘’Charia’’)
Et certes, la Charia est la même pour tous les musulmans du monde, mais elle renferme des dispositions qui permettent de l’adapter à tous les contextes ; c’est ainsi qu’il existe une « Charia à minima » et une « Charia à maxima », avec autant de formes intermédiaires que de situations particulières. , il est fondamental de préciser que le Coran n’est pas une constitution « prêt à l’emploi », applicable de façon univoque à tous les musulmans. En réalité, il renferme tous les principes qui permettent aux juristes et aux parlementaires de légiférer, et donc d’établir une constitution en fonction du contexte et essentiellement des rapports de forces, comme dans toute démocratie, en préservant donc la liberté de tous, dans les limites de l’acceptable. Et en principe, il ne devrait pas y avoir de problèmes pour les différentes communautés confessionnelles à s’entendre sur une constitution. En effet, les obligations religieuses des trois religions monothéistes (Islam, Christianisme et Judaïsme) sont quasi-identiques [42. La Concertation (ou La Délibération) : 12-15 – Ach-Chûrâ’]. Oui, le Coran enseigne explicitement que la Thora et l’Évangile, révélés respectivement aux prophètes Moise et Jésus fils de Marie, sont aussi ‘’Direction et Lumière’’ [(5. La Table Servie : 15-19 … 44-50 – Al-Mâ’idah)]. Et donc à l’évidence, une loi d’inspiration islamique ne devrait nullement déranger un chrétien ou un juif, en quoique ce soit ; et pareillement pour une loi d’inspiration biblique, à l’égard d’un musulman ; dès lors, si les membres de la communauté, toutes confessions confondues, se concertent, ils devraient trouver un consensus large à défaut d’une convergence parfaite. Et c’est dire toute l’importance de la concertation et du dialogue en Islam [42. La Concertation (ou La Délibération) : 36-43 – Ach-Chûrâ’].
Et pour conclure‘’la séparation entre le pouvoir politique et la religion dans un contexte islamique (comme le nôtre) n’est pas considérée en soi comme le signe d’une modernité, contrairement en Occident’’ … ; oui ‘’ce qui est considéré en Occident comme un acquis de la modernité à préserver n’a pas au regard de l’Islam, la garantie de la pérennité’’ …. Oui, on ne décrète pas son instauration, ni son abolition – c’est une affaire de rapports de forces, comme dans toute démocratie qui se respecte.
Ceci est inspiré d’un éclairage inédit de notre maître, Son Éminence Serigne El Hadj Madior CISSE sur la laïcité. [Interview sur ‘’L’Islam, la laïcité et le terrorisme’’. Propos recueillis et présentés par le Professeur Abdoullah CISSE, Agrégé en Droit. 1998].
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