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Je ferai vacciner ma mère (Par Yoro Dia)

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«Ceux qui pensent que c’est impossible sont priés de ne pas déranger ceux qui essaient.» Cette citation qu’on attribue à James Baldwin est un vaccin anti-désespoir et anti-découragement. Ce n’est pas étonnant que Winston Churchill l’ait non seulement affichée dans sa salle d’opération pour conduire la guerre, mais qu’elle lui ait servi de vaccin contre tous ceux qui ont voulu lui démontrer et lui prouver que la guerre contre «l’invincible armada» nazi, qui avait mis l’Europe continentale à genoux, était perdue d’avance, surtout après la capitulation de la France. Que pouvait faire la petite île anglaise, cette petite souris face à l’ogre nazi ? Churchill qui voulait l’impossible ne voulait pas être distrait, diverti par les discours décourageants qui sont des armes de destruction massive contre le moral. Le président de la République, le ministre de la Santé et tous nos compatriotes du corps médical, qui auront en charge le plan de vaccination, devront être vaccinés pour être immunisés non seulement contre le Covid-19, mais contre «ceux qui pensent que c’est impossible» et qui vont «déranger ceux qui essaient» en les démoralisant. Le plan A contre le Covid-19 (gestes barrières, distanciation sociale, confinement, couvre-feu) n’a fonctionné nulle part. Pis encore, ce plan A nous condamne cruellement à une double peine : la maladie et l’agonie économique. Il est évident que notre économie, qui est déjà à genoux, ne peut se permettre la politique sociale du premier couvre-feu. Après l’agonie, ce serait l’euthanasie économique.
Dans la mondialisation caractérisée par les flux humains, ce serait une utopie pour n’importe quel pays de se croire à l’abri ou de croire avoir une victoire définitive contre le virus qui peut à tout moment revenir par les airs, la mer et la terre. Si le virus subsiste dans un seul pays, toute l’humanité est menacée par un éternellement recommencement pire que le rocher de Sisyphe. Est-ce raisonnable de maintenir cette épée de Damoclès du retour temporel du virus, avec son corollaire des dégâts humains et de désastre économique, sur la tête de nos fragiles économies et de nos systèmes de sante évanescents ? A l’état actuel du monde et des connaissances, le vaccin est le seul remède contre l’enfer que nous vivons depuis un an. C’est pourquoi ceux qui pensent que «c’est impossible» et qui n’ont d’autres solutions que la torture permanente du deshumanisant plan A, sont priés de «ne pas déranger ceux qui essaient» avec le vaccin, de nous ramener à notre humanité, à notre vie normale.
En tête de liste de ceux qui pensent que c’est impossible et vont nous divertir et/ou nous décourager, il y aura forcément un lot de savants qui vont chercher du buzz avec un populisme scientifique ou procéder à des règlements de compte académiques. Il y aura aussi des adeptes de la théorie du complot et des obscurantistes religieux. Mais il faut que l’Etat, qui se doit d’être rationnel, soit vacciné et immunisé contre le négationnisme et le «complotisme» qui sont souvent plus dangereux que virus. Chez nous, les khalifes généraux ont prêché par l’exemple en mettant le masque, il faut qu’ils le fassent avec le vaccin car, comme dit Sénèque, «long est le chemin des préceptes, court celui de l’exemple». Le président de la République et quelques leaders d’opinion devront aussi donner l’exemple, comme la reine d’Angleterre et le Pape, ainsi que Joe Biden. Au fond, le vaccin relève simplement du bon sens du pari pascalien. Ce fameux bon sens qui n’est pas toujours «la chose la mieux partagée au monde». Si le vaccin arrive, je me je ferai vacciner et je ferai vacciner ma vieille mère. On ne perd rien avec le vaccin, mais on peut tout perdre sans le vaccin.

Yoro Dia

Analyste politique

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