Jean-Paul Dias : « Tout le monde sait que j’aime les femmes »

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Dans cette dernière partie, Jean-Paul Dias revient sur le Far-west de la mairie de Sicap Bao­­bab, qui a occasionné la mort de Ndiaga Diouf, et l’arrestation de Barthélemy Dias. Mais aussi, l’affaire Habré, la motion de censure contre le gouvernement de Abdoul Mbaye et la parité.

Quels souvenirs avez-vous de ce qui s’est passé avec Barthélemy Dias ?
Nous sommes dans un pays où, je ne sais pas si les gens font exprès d’oublier ou si la vie pousse les uns et les autres à être amnésiques. Je voudrais rappeler un certain nombre de faits, de constantes. Premiè­re­ment, Barthélemy Dias est un officier public, qui a été attaqué par une bande de nervis composée d’environ 200 personnes armées. N’oubliez pas que le commissaire a dit qu’il y a eu échanges de tirs et nous avons tous ces rapports-là. Cet officier public appelle la police, laquelle est défaillante par la faute du ministre de l’Intérieur qui était là et qui a empêché celle-ci d’intervenir, de connivence avec le commissaire central. Il s’est défendu. C’est interdit de se défendre ? Je signale qu’il a un permis de port d’arme en bonne et due forme. Sur ce que je peux appeler le théâtre des opérations ou sur le terrain, personne n’est tombé. Vous pouvez interroger vos collègues journalistes. Personne n’a entendu «wou­yaa­yooy !». Et les spécialistes vous disent que les blessures par balle sont des blessures qui saignent beaucoup. Or il n’y a pas eu de sang là-bas puisque les enquêteurs n’en ont pas relevé. Les gens partent directement vers le siège du Pds. Et trois heures de temps après, ils disent que quelqu’un est mort et que c’est Barthélemy qui l’a tué. Voilà les faits !
(…) Abdoulaye Wade a déclaré à Rfi et France 24 que c’est lui qui a tout organisé. On a rapporté qu’il a insulté ces gens-là (les nervis) en leur disant qu’ils n’ont pas bien fait le travail qu’on leur avait demandé, c’est-à-dire d’assassiner. Et c’est Abdoulaye Wade qu’il faut incriminer avec son fils et sa femme qui sont les instigateurs de cette affaire. Et tout cela, c’est qu’il fallait faire de Barthélemy Dias un sacrifice humain. Alors, pour ceux qui parlent de fétichisme ! Et en plus de cela, il y a l’autopsie de celui dont on dit qu’il a été tué qui dit que pour que cette personne reçoive la balle là où elle a été tirée, il faut qu’elle soit en bas et le tireur aussi, d’après les spécialistes. Un, à quel moment Barthélemy s’est mis en bas ? Deux, ou alors qu’il soit couché et qu’on tire sur lui pour que la balle sorte de l’autre côté.
Vous insinuez quoi ?
J’insinue que ce sont des mem­bres du commando Pds qui ont as­sassiné ce gars-là (Ndiaga Diouf). Y compris son oncle qui est complice pour le mettre sur le dos de Barthélemy.
La critique ne manque pas : ne fallait-il pas que Barthélemy attende que l’affaire soit vidée par la justice pour occuper ce poste ?
Au nom de quoi ? Des fumiers et des assassins ! Barthélemy Dias est député du Peuple et je peux vous dire que s’il était parti tout seul en élection, il aurait été élu. Alors, arrêtez de nous sortir ce genre de choses !
Comment avez-vous vécu la motion de censure du Pds et la réponse du Premier minis­tre ?
Je vais vous faire un aveu : j’avais envisagé de contacter le Premier ministre. D’abord, je le félicite ; il a été éloquent, classe et ferme. Il paraît que certains même ont voulu le critiquer parce qu’il a été trop ferme. Si c’était Jean-Paul Dias qui était là-bas, je vous garantis que ces gens du pds en auraient pris pour leur grade. Je voulais lui dire, bien sûr, d’aller à l’Assemblée nationale et de ne pas répondre aux questions politiques. Ce sont des questions qui attaquent directement sa personne. On a même attaqué feu son père dont je salue la mémoire, qui a été mon maître de conférences à l’Ecole nationale d’administration, comme il a été le maître de conférences de beaucoup de cadres du Sénégal. C’est scandaleux de s’attaquer à Kéba Mbaye. Ces individus ont été jus­que-là. Comprenez-moi : vous m’attaquez, vous attaquez mon père, je refuse de vous répondre. Mais bref, c’est le Premier ministre qui a eu raison sur moi, il a bien fait ; il a bien répondu. Alors, je voudrais, avant de venir à cette affaire, vous dire que les mêmes (Libéraux), en 1998, alors que Mamadou Lamine Loum, Premier ministre, était à peine assis qu’ils ont fait une mo­tion de censure. J’étais député et j’avais refusé de voter cette motion de censure. J’ai pris la parole et j’ai dit : «Le type n’a même pas fait quelques mois et vous déposez une motion de censure. C’est une tentative de déstabilisation.» Donc, cette motion de censure contre Abdoul Mbaye est une diversion. D’ailleurs, je peux ne plus connaître le règlement intérieur de l’Assemblée nationale parce qu’il a dû évoluer, mais je me demande, sous cette réserve, comment se fait-il que le bureau de l’Assemblée nationale ait accepté cette motion.
Ils ont atteint le nombre requis…
Il n’y a pas que ça. Je ne me souviens pas du tout mais, je me demande si le bureau de l’Assem­blée nationale n’avait pas la possibilité de rejeter la motion de censure. Mais en tout état de cause, elle n’était pas basée sur un débat ou un combat politique ; elle visait une personne.
Une personne et une affaire ?
Attendez, elle visait une personne, sa famille, sa personnalité. Etes-vous Français ? N’êtes-vous pas Sénégalais ? On prend les gens pour des idiots ! Quand on a eu un premier Président français 100%, un deuxième Président dont tous les éléments nous laissent penser qu’il est Français, un troisième Président qui était Français aussi, je crois qu’on est mal placé pour aller demander à quelqu’un s’il est Français. Etre un Français ce n’est pas une faute, ce n’est pas être voleur. C’est comme quelqu’un qui est homosexuel ; ce n’est pas une faute.
Vous parlez de Abdou Diouf, quel élément fait de lui un…
(Il coupe) Abdou Diouf est Français ; ce n’est pas le débat. J’ai des éléments qui me font croire qu’il est Français.
C’est une faute par rapport à la Constitution aujourd’hui ?
Non, non, je regrette. Même cela peut-être pas. Même Abdou Diouf, en un moment donné, son dernier mandat était sous cette affaire-là, pas Senghor parce que c’était le passé. Mais Wade était Français de telle sorte qu’on ne pouvait pas renoncer à sa nationalité. Wade est né à Saint-Louis, théoriquement : la première fraude qu’il a faite. Il est Français, a servi sous le drapeau français et n’est pas admis par la loi française à renoncer à sa nationalité. Il faut critiquer les gens sur ce qu’ils font. Si je vous critique c’est pour votre travail, mais pas parce que vous êtes clair, vous êtes beau. Donc, ce n’est pas un débat politique, c’était une affaire crypto-personnelle.
Et cette affaire-là, l’argent de Habré fait débat…
Pour l’affaire Hissène Habré, il est établi aujourd’hui, surtout avec la déclaration de l’ancien ministre des Finances, Moussa Touré, que la banque de Abdoul Mbaye n’a pas été la seule à avoir reçu l’argent. Cet argent, le Premier ministre nous a bien indiqué qu’il a contacté son homologue du Tchad qui, à son tour, a bien dû lire les dépêches et ils n’ont pas démenti. Ce monsieur leur a dit que cet argent appartient à Hissène Habré mais, il ne s’occupe pas de savoir comment il l’a gagné ; il le reçoit. Je vous rappelle que c’est avec l’autorisation du chef de l’Etat sénégalais que le Président Habré est entré au Sénégal. Certainement, j’ai des raisons de croire que c’est avec l’aval de certaines puissances, aussi bien au singulier qu’au pluriel, étrangères. Il est dans ce pays depuis 20 ans et a des enfants qui sont aujourd’hui des Sénégalais, on se met à parler de son argent. Et puis, quelque part, il y a beaucoup d’injustice autour de Habré. Savez-vous que Goukouni Oueddei, autre chef d’Etat du Tchad assez sulfureux, vit aujourd’hui tranquillement à Ndjamena ? L’Etat (tchadien) lui a même construit une résidence avec toutes les bêtises qu’il a faites.
Etes-vous contre le jugement de Habré au Sénégal ?
Ma préférence aurait été que ce qui est prévu comme procès se transforme en une sorte de Com­mission vérité, justice et réconciliation. Vous savez que ces affaires-là ont commencé en Amérique Latine quand il y a eu les dictatures de Stroessner et toute la bande, etc. Mais comme c’étaient des blancs entre eux, on n’a pas fait de procès et on a trouvé des formules du genre commission justice. Et c’est cette idée qui a été vendue à l’Afrique du Sud ; ce n’est pas sorti de l’intelligence de Mandela pour qui j’ai le plus grand respect. Alors, faisons venir les Tchadiens, qu’ils se parlent entre eux. Vous savez, par exemple dans la jurisprudence de la Cpi, on entend les victimes stricto-sensu et leurs familles et on les indemnise. Maintenant, vous allez juger Habré, le mettre en prison, ça change quoi ? Vous gagnez quoi ? Rien !
Que le régime de Macky Sall accepte de faire juger Habré, ne trouvez-vous pas cela com­me un courage ?
Macky Sall a eu beaucoup de courage ; c’est tout à son honneur. Je ne suis pas sûr que moi, chef de l’Etat, je l’aurais fait. C’est vrai que pour qu’il y ait le pardon, il faut la justice et l’aveu mais, Hissène Habré n’était pas le seul responsable de tout ce qui s’est passé au Tchad. Et puis, depuis qu’il est au Sénégal, il n’a dérangé aucun Sénégalais.
Parlons de la parité…
(Il coupe) Je suis contre.
Et vous avez qualifié cette parité de Wade d’«ânerie»…
Je n’ai même pas assez de qualificatifs. Je vais vous dire une chose : j’ai trois enfants dont deux filles. Elles sont là, deux mères de famille. Je ne peux pas être contre les femmes. Moi, Jean-Paul Dias, j’ai toujours été porté par les femmes, j’ai toujours été aimé par les femmes. Je ne suis pas contre les femmes ; ce n’est pas vrai ! Tout le monde sait que j’aime les femmes et elles m’aiment aussi comme je suis ; ce n’est pas ça le débat. Je suis pour qu’elles s’impliquent en politique, bénéficient d’une certaine facilité pour accéder à des fonctions. Je suis pour que les femmes qui n’ont pas peur d’abîmer leur coiffure, qui acceptent qu’on vienne squatter leur salon, bénéficient de fonctions politiques, qu’elles soient électives ou autres. Par contre, je suis contre les opportunistes qui poussent à la roue pour qu’on arrive à une loi totalement anticonstitutionnelle parce que c’est une loi discriminatoire. Pourquoi une femme et pas un homme… ? Regardez ce qui se passe : on vous dit qu’un député a démissionné, celui qui doit le remplacer doit être un homme. Mais c’est n’importe quoi ! C’est illégal ! C’est anticonstitutionnel ! Je suis contre cette loi parce qu’elle parle d’absolu. Ne dites pas parité parce qu’on parle de parité absolue. La parité oui, absolue non.
Il paraît que cette parité devrait même s’élargir au niveau des institutions com­me le Conseil économique et social…
Pour le Conseil économique et social, je vous signale que l’Assemblée nationale a rejeté la parité, il y a eu un amendement…
On parle d’une femme à la tête de l’institution…
C’est tout à fait normal si c’est une femme politique. Il n’y a pas de problème. Mais si c’est une femme venue d’Ong… Quand vous dites qu’il faut des hommes et des femmes, pourquoi on ne ferait pas la parité entre les adultes et les jeunes parce que les jeunes sont plus nombreux que les adultes. Parité aussi entre les ruraux et les citadins, les ruraux étant plus nombreux, entre ceux qui ne se sont pas instruits en français et les autres, entre musulmans et catholiques… Vous voyez que quand on rentre dans ce genre de jeu-là, on rentre dans quelque chose de dangereux. Pendant qu’on n’y est, qu’on commence à faire la parité au gouvernement, partout dans les fonctions nominatives. Et ça personne ne le fait pourtant. Et quand des activistes sont dans des Ong, qu’elles sont financées par l’extérieur pour pomper l’air aux gens, je ne suis pas d’accord.
Fin

Entretien avec… Le Premier secrétaire du Bloc des centristes Gaïndé : Jean-Paul sert du grand Dias – «Wade c’est Ali Baba ; Karim, Ali Baba junior et Sindiély, Nafi Baba»(Première partie)

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