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Joseph-Antoine Bell: «Le football africain ne respecte pas ses propres enfants»

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L’émission Appels sur l’actualité, ce vendredi 27 janvier, recevait Joseph-Antoine Bell, consultant de RFI pendant la CAN Total 2017, pour répondre en direct aux auditeurs. Avec son franc-parler légendaire, l’ancien gardien de but du Cameroun a livré son opinion sur la compétition et sur le football africain en général. Extraits…

Joseph-Antoine Bell était l’invité de l’émission Appels sur l’actualité, ce vendredi 27 janvier sur RFI. Fidèle à son image de franc-tireur, l’ancien gardien de but des Lions indomptables du Cameroun a distillé ses vérités à propos de la CAN 2017, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du football africain en général.

Sur la Côte d’ivoire, tenante du titre et éliminée au premier tour de la CAN 2017 après deux matchs nuls et une défaite, Joseph-Antoine Bell pense que si le sélectionneur Michel Dussuyer a sa part de responsabilités, c’est toute l’équipe qui a failli : « Lorsqu’une équipe gagne, généralement son entraîneur est fait roi, et donc lorsqu’elle perd, son entraîneur est responsable. C’est lui qui a fait que la mayonnaise n’a pas pris. Vous pouvez être éliminé à un but près, à un poteau près, cela arrive, mais là, la Côte d’Ivoire n’a absolument pas bien joué pendant trois matchs. On peut penser à l’absence d’un joueur [Gervinho, blessé, ndlr], mais une équipe ne vaut pas simplement par un joueur. Même s’il y avait eu Gervinho, les ballons ne seraient pas remontés plus vite de l’arrière, les autres joueurs n’auraient pas été plus fluides ou plus mobiles. »

« A quel point les Sénégalais croient-ils au marabout du quartier ? »
Interrogé sur le match Sénégal – Cameroun, affiche des quarts-de-finale samedi 28 janvier à Franceville, Joseph-Antoine Bell estime que « depuis le début de la compétition, le Sénégal a fait un parcours sans faute » : « Sur un plan purement sportif, les Sénégalais sont les favoris. Mais dans un match, il existe d’autres ingrédients que les statistiques du moment. Par exemple, les Sénégalais n’ont pas d’histoire de vainqueur à la CAN, alors que les Camerounais en ont une. Dans l’histoire de la CAN, il y a deux faits qui marquent le Sénégal : il a organisé une phase finale en 1992 et a été éliminé par le Cameroun, et la seule fois où il est parvenu en finale, il a perdu aux tirs-au-but face au Cameroun encore une fois [en 2002, ndlr]. Comme en Afrique en général on aime bien croire à l’irrationnel, il est bien possible que dans leur tête, les Sénégalais se disent que la forêt camerounaise doit abriter des choses que l’on ne trouve pas au Sénégal. Je ne peux pas entrer dans la tête des joueurs sénégalais pour savoir à quel point ils croient au marabout du quartier ! Mais il faut quand même dire une chose, beaucoup de joueurs sénégalais ne sont pas nés au Sénégal et il est possible que cette histoire de forêt ne les atteigne pas. »

« Il faudrait encore aller chercher le Blanc de la Fifa ?! »
Enfin, dans une CAN une nouvelle fois marquée par le petit nombre de sélectionneurs africains à la tête des équipes (quatre sur seize), l’ancien Lion toujours aussi indomptable se félicite de la réussite d’Aliou Cissé (Sénégal) et de Florent Ibenge (RDC) : « Ce n’est pas la première fois que des sélectionneurs africains font un excellent travail. » Toutefois, Joseph-Antoine Bell se montre très critique vis-à-vis du regard que le football africain pose sur ses propres entraîneurs : « Quand un sélectionneur africain réussit, on considère que c’est lui seul qui a réussi. Quand il échoue, il a échoué au nom de tous les Africains. Quand un sélectionneur étranger, notamment blanc, échoue, on le remplace par un autre Blanc, il a échoué tout seul. En 1998, l’Egypte, vainqueur de la CAN, avait un entraîneur égyptien et le troisième, la RDC, avait un entraîneur congolais, mais cela n’a pas changé la vision. Ne peut faire confiance que quelqu’un qui a confiance en lui-même. L’attitude des fédérations africaines montre que les individus qui les gèrent n’ont pas confiance en eux-mêmes. »

Toujours sur le sujet de la « préférence nationale » en matière de sélectionneurs, l’ancien joueur de Bordeaux, Saint-Etienne et Marseille n’adhère pas à la thèse d’Amara Traoré, ex-sélectionneur du Sénégal, qui pense que seule la Fifa peut régler le problème : « Il faudrait encore aller chercher le Blanc de la Fifa pour imposer cela aux Africains ?! C’est comme ça tout le temps chez nous. Voilà des gens qui ne respectent pas leurs propres enfants et qui ont besoin d’une loi pour pouvoir les respecter ! »

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