Kadhafi harangue ses troupes à Tripoli

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Alors que les protestations et les combats n’ont cessé d’agiter la Libye, le colonel Mouammar Kadhafi a exhorté ses partisans à se battre, vendredi lors d’une apparition publique surprise à Tripoli. Dans le même temps, la communauté internationale prépare sa réponse à une situation de plus en plus confuse.

« VIVRE ET MOURIR EN LIBYE »
A la surprise générale, le colonel Mouammar Kadhafi est apparu vendredi sur la place Verte à Tripoli et a demandé à ses partisans de se préparer à « défendre la Libye », selon des images diffusées par la télévision d’Etat. « Nous allons nous battre et nous les vaincrons », a-t-il lancé à la foule au 11e jour d’une insurrection dans son pays, selon des images en direct de la télévision d’Etat.

« S’il le faut, nous ouvrirons tous les dépôts d’armes pour armer tout le peuple », a-t-il ajouté s’exprimant depuis des remparts surplombant la place verte où étaient rassemblés des centaines de ses partisans. Le peuple libyen « aime Kadhafi », a également dit le dirigeant libyen. « Nous sommes le pays de la dignité et de l’intégrité, ce pays a triomphé de l’Italie », a-t-il poursuivi en allusion à l’ancienne puissance coloniale. « Vous devez danser, chanter et vous préparer (…) Votre esprit est plus fort que toutes les tentatives des étrangers et des ennemis pour vous détruire », a-t-il crié.

De plus en plus enflammé, le dirigeant libyen a déclaré: « Mouammar Kadhafi est parmi vous. Je suis avec le peuple et nous allons nous battre et nous allons les tuer si c’est ce qu’ils souhaitent. » « Voyez la force du peuple. Voilà la force du peuple qui ne peut être vaincue. » « Faites ce que vous voulez. Vous êtes libres de danser, de chanter et de faire la fête sur toutes les places pendant toute la nuit. Mouammar Kadhafi est l’un d’entre vous. Dansez, chantez, réjouissez-vous! »

Cette intervention a fait suite à une interview accordée par le principal porte-parole de Kadhafi, son fils Saïf al-Islam, à la chaine de télévision CNN-Türk, lors de laquelle il a assuré que le gouvernement contrôlait la situation. « Nous avons des plans A, B et C. Le plan A est de vivre et de mourir en Libye. Le plan B est de vivre et de mourir en Libye. Le plan C est de vivre et de mourir en Libye », a-t-il dit. Le nombre de morts en Libye se compte par milliers et non par centaines, a affirmé l’ambassadeur adjoint de la mission libyenne à l’ONU, Ibrahim Dabbashi, lors d’une conférence de presse.

ÉCHANGES DE TIRS À TRIPOLI
La contestation contre Kadhafi a gagné des quartiers de Tripoli et, selon des témoins, les forces de sécurité ont tué plusieurs manifestants dans la capitale libyenne. Les opposants contrôlent les deux principales villes de province, Benghazi dans l’Est et Misrata dans l’Ouest. Dans d’autres villes clés, les soldats de Kadhafi sont en échec, comme à Zaouiah, ville pétrolière à 50 km de Tripoli, ou sont passées à l’ennemi, comme Adjabia, dans le golfe de Syrte. Ras Lanouf et Marsa el Brega, les deux principaux terminaux pétroliers du pays à l’ouest d’Adjabia, sont également contrôlés par les rebelles selon des habitants. Outre Tripoli, Kadhafi ne contrôlerait plus que son fief de Syrte parmi les grandes villes libyennes, presque toutes situées sur la côte.

Des manifestants anti-Kadhafi, le 25 février à Tripoli.REUTERS/SUHAIB SALEM
Les manifestations annoncées en ce jour de prière à Tripoli, qui était désertée depuis plusieurs jours, ont bien eu lieu selon plusieurs témoins. Rassemblés devant les mosquées, les manifestants ont ensuite tenté de converger vers la place Verte. Les forces gouvernementales ont tiré sur la foule dans le quartier de Djanzour, dans l’ouest de Tripoli, selon un habitant qui a recensé cinq à sept morts. Un autre témoin a déclaré à Reuters que des tireurs embusqués tuaient des manifestants dans la capitale. À chaque rassemblement, les forces de sécurité ont tiré en l’air pour disperser la foule, avec succès dans certains quartiers mais pas dans d’autres, a dit un habitant à Reuters.

Selon un autre témoin, des quartiers de Tripoli sont désormais contrôlés par les opposants. « Certains quartiers sont contrôlés par l’opposition, d’autres, principalement ceux autour de Bab al Azizia, sont contrôlés par les partisans de Kadhafi et l’armée », a-t-il dit à Reuters, en allusion au quartier où réside le dirigeant libyen. « Nous restons chez nous. C’est trop dangereux de sortir dans Tripoli. » Les informations sont dans l’ensemble difficiles à vérifier, les journalistes étrangers ne pouvant pas se rendre dans l’ouest du pays et les réseaux téléphoniques et internet étant souvent inaccessibles.

Dans les régions conquises par la rébellion, notamment à Benghazi, des comités créés ex nihilo et composés de médecins, avocats, militaires et chefs tribaux semblent fonctionner. Le règne totalitaire du « guide de la révolution » a annihilé toute structure politique. Les islamistes radicaux, accusés par Kadhafi d’avoir fomenté la révolte, ne semblent pas en profiter. Un ministre ayant quitté le gouvernement cette semaine a prédit que Kadhafi finirait « comme Hitler », en se suicidant.

« KADHAFI DOIT PARTIR »
Des responsables américains estiment que le maintien au pouvoir de Kadhafi dépendra grandement d’un bataillon d’élite mené par son fils Khamis, tandis que le reste de l’armée subit une désertion massive. Les combats ont fait « des milliers » de mort depuis le début de la révolte il y a neuf jours, a dit le haut commissaire aux droits de l’homme à l’ONU, Navi Pillay, appelant à une intervention internationale pour protéger les civils. Mais la perspective d’une action coordonnée contre Kadhafi semble lointaine.

Nicolas Sarkozy lors d’une conférence de presse avec le président turc Abdullah Gül, vendredi à Ankara.AFP/ERIC FEFERBERG
Interrogé à Ankara, Nicolas Sarkozy a réclamé le départ du dirigeant libyen : « Kadhafi doit partir », a-t-il dit, tout en expliquant qu’il fallait considérer « avec énormément de prudence et de réserve » l’hypothèse d’une intervention militaire, que Washinton n’exclut pas d’emblée. L’Union européenne a d’ores et déjà décidé de décréter un embargo sur les armes et le matériel de répression, ainsi que des gels d’avoirs et des interdictions de visas à l’encontre de Mouammar Kadhafi et ses proches. Selon une source gouvernementale allemande, les sanctions pourraient entrer en vigueur « dès le début de la semaine prochaine ». Dans le même temps, le Conseil de sécurité de l’ONU a annoncé étudier un projet de résolution franco-britannique réclamant cet embargo total sur les armes, mais aussi des sanctions et une saisine de la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité. Aucun vote n’est toutefois attendu avant la semaine prochaine.

Les grandes puissances se concentrent aussi sur l’évacuation des milliers de ressortissants étrangers coincés sur place. L’arrêt quasi-total des livraisons de pétrole libyen est une autres source d’inquiétude mais les assurances fournies par l’Arabie saoudite, qui a promis de pallier l’arrêt de la production libyenne, ont permis de ramener le Brent de la mer du Nord à 111 dollars contre près de 120 dollars jeudi.
LEMONDE.FR avec AFP, AP et Reuters

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