Quand les Syndicats d’enseignants rient sous cape et disent qu’il a été désavoué, après que le président de la République a jeté à la poubelle sa mesure de ponctions sur les salaires, le ministre de l’Éducation lui, reste arrimé à sa conviction selon laquelle s’il faut payer les grévistes, il faut alors payer tous les chômeurs. Autre certitude du responsable libéral de Matam : si Benno Siggil Senegaal fait présider depuis 2008 ses Assises nationales par Amadou Moctar Mbow qui est âgé de trois ans de plus que Me Wade, il est injuste de s’étonner de la volonté de ce dernier (84 ans) de briguer un énième mandat. Kalidou Diallo, qui dit ne retenir d’Idrissa Seck qu’une chose, a également répondu aux contempteurs de Karim Wade, qui pensent que le fait que le fils du président Wade ne parle pas une des langues nationales est un grand handicap pour lui.
L’As : On est à quelques mois de la fermeture des classes. Avec les grèves récurrentes, où en est-on avec les programmes ?
Ne craignez-vous pas que ces grèves impactent négativement sur le quantum horaire ?
Les grèves ont déjà impacté sur le quantum horaire au niveau des Lycées et Collèges. Ce qui explique qu’on ait déplacé les examens du Brevet qui étaient prévus le 19 Juin et qui se tiendront finalement le 19 Juillet. Au niveau de l’Elémentaire, l’Entrée en sixième a été aussi déplacée. Il faut reconnaître que les professeurs ont fait des cours de rattrapage, y compris pendant les fêtes de Pâques. Autre chose bonne à relever : le taux de grévistes sur le plan national. Même si je considère que quand un seul Etablissement est en grève, ce sont les élèves qui sont pénalisés, au niveau de Dakar qui compte 26 Lycées, ce sont essentiellement 5 à 6 Etablissements qui étaient touchés par la grève. Sous ce rapport, au plan national, le taux de grévistes ne dépasse pas 10 %. S’y ajoute le fait que les remboursements des ponctions opérées sur les salaires des enseignants sont estimés à 32 millions de F Cfa. Or, la masse salariale des enseignants, c’est 19 milliards par mois et 8,600 milliards pour les corps émergents.
Mais ce qui importe, c’est qu’il y ait eu des accords entre les grévistes et le gouvernement qui a pris les mesures appropriées. Pour les retards de salaires, nous avons trouvé des mesures structurelles. C’est-à-dire pour le budget 2011, le gouvernement l’a suffisamment alimenté, sans compter que les mécanismes de paiement de ces salaires ont été améliorés. Par exemple, au niveau des corps émergents, nous avons pris toutes les dispositions pour faire un engagement en bloc jusqu’au mois de Juin. Et à partir de Juin, je ferai un autre engagement en bloc. Mieux encore, le président de la République a donné des instructions au ministre des Finances et à moi-même pour que les salaires des corps émergents, surtout les professeurs vacataires et les maîtres contractuels qui sont des agents de l’Etat, soient payés au même titre que ceux des fonctionnaires.
A quoi sont dues vos relations heurtées avec les syndicalistes ?
Je ne peux pas parler de relations heurtées. C’est que j’ai trouvé une tradition. Le syndicalisme sénégalais a hérité du syndicalisme français une culture de grève. Les grèves n’existent pratiquement que dans les pays dits francophones. Dans les pays anglophones, il n’y a pratiquement que des Syndicats uniques. Au Sénégal, nous avons plus de 43 Syndicats d‘enseignants. Au Bénin, il y en a 53 dans l’Elémentaire, 30 dans les Lycées et Collèges et 8 dans le Supérieur pour un petit pays comme le Bénin. Ce qui fait qu’il y a une multitude de grèves.
Vous reconnaissez quand même que vous vous êtes montré beaucoup plus radical envers les enseignants que vos prédécesseurs ?
Je ne sais pas si je me suis montré beaucoup plus radical. Mais tout ce que je sais, c’est qu’étant un produit du Mouvement syndical, connaissant bien le milieu, ayant soutenu ma thèse sur le syndicalisme et étant enseignant à l’Université, je me suis mis dans la situation de quelqu’un qui connaît ses amis. Et puis, entre les syndicalistes et moi, on se considère comme des camardes. Mieux, on se retrouve très souvent, soit dans mon bureau, soit à mon domicile. Car j’ai beaucoup plus d’amis dans les Syndicats d’enseignants que d’adversaires, y compris les syndicalistes les plus radicaux. De ce point de vue là, c’est tout à fait normal qu’on ait certaines frictions. Il se trouve maintenant que moi, je me mets dans la peau de quelqu’un qui gouverne et eux, ils font du syndicalisme. Et ça donne l’impression que nous avons des rapports heurtés.
Mais parfois est-ce que vous ne vous y prenez pas de façon excessive ?
En quoi c’est excessif à mon niveau ? Moi, dans tout ce que je fais, je privilégie le dialogue. Mais quand le syndicaliste use de son droit syndical, j’utilise moi aussi la loi, que j’applique dans toute sa rigueur.
Vos méthodes sont qualifiées de très rigoureuses…
S’il faut payer les grévistes, moi, je suis pour qu’on paye tous les chômeurs. Car dans tous les pays du monde, y compris en France, les journées de grève ne sont pas payées. Mais au Sénégal, quand on dit que les journées de grève ne seront pas payées, on dit que c’est radical. En tout cas, moi, je ne me considère pas comme radical, je n’ai fait qu’appliquer les règlements et les textes.
Lors des élections de représentativité, certains vous ont accusé d’avoir financé ou fait financer des Organisations syndicales à l’image du Sels. Plaidez-vous coupable ?
D’abord, il faut se féliciter de l’organisation de ces élections. C’est une avancée démocratique au Sénégal. Parce que même en France, depuis très longtemps, les travailleurs réclament de telles élections. Mais jusqu’à présent, ce sont des élections de délégués de personnel qui y sont tenues. Le Bénin est le seul pays africain à avoir organisé de telles élections. Encore que, même là-bas, on a organisé parallèlement des élections de délégués de personnel. Donc, c’est une grande avancée à mon avis.
Ensuite, les résultats confirment les enquêtes de représentativité de 1998, qui avaient révélé la Cnts comme étant la Centrale majoritaire, l’Unsas deuxième et la Csa troisième. Quand on fait la somme des voix de Mody Guiro et celles de Cheikh Diop, c’est une culture de participation responsable. Lorsqu’on réunit les voix de Mamadou Diouf et celles de Mademba Sock, on se rend compte qu’il s’agit-là d’une culture d’autonomie. Mais dans tous les cas, c’est doublement intéressant pour le pouvoir. Qui a su montrer qu’il a toujours été à équidistance des différentes Centrales, et qui a aujourd’hui une meilleure lecture de la représentativité desdites Centrales.
Pour revenir à votre question, le Syndicat des enseignants libres du Sénégal (Sels), dirigé par Souleymane Diallo, a eu 19.750 check off et celui qui est en deuxième position est à 7.000 check off. Donc, c’est sûr que le Sels est le Syndicat le plus représentatif dans l’Enseignement. Mais étant donné que c’est un Syndicat autonome, indépendant, qui a des instances et a négocié avec la Cnts un accord de partenariat au plan structurel et fédéral pour aller ensemble aux élections de représentativité, en quoi moi, ministre de l’Education nationale, puis-je influencer un tel type de vote ? Je crois que c’est un mauvais procès que tentent de me faire de mauvais perdants.
Vous aviez opéré des ponctions sur les salaires des enseignants. Mais Wade a fini par casser cette mesure. N’est-ce pas là un cinglant désaveu ?
D’abord, ce n’est pas un désaveu. En tant que ministre, si le président de la République ou le Premier ministre me désavouent ou me rectifient, pour moi il n’y a rien de plus normal. Parce qu’un ministre applique des orientations et des instructions. Si quelqu’un qui te donne des ordres te dit que ce n’est pas ça, il en a le droit, d’autant qu’il te rectifie. Donc, cela ne me pose pas de problème qu’on me rectifie ou bien qu’on me désavoue. Ensuite, ces sont des textes, des décrets, des lois et des arrêtés qui précisent que le salaire se paie après service fait. Celui qui ne travaille pas ne doit pas avoir un salaire. Et moi, je n’ai fait qu’appliquer la loi. Avant que le chef de l’Etat et le Premier ministre ne me fassent comprendre qu’étant donné que les enseignants sont allés en grève pour retard de salaire, il fallait qu’on soit tolérant. C’est à partir de cette orientation que nous avons décidé de remettre les ponctions que nous avions opérées à qui de droit. Et puis, si c’est cela qui permet de faire revenir la paix dans l’espace scolaire, il n’y a aucun problème. La stabilité vaut mieux que tout. Qu’on me désavoue ou qu’on m’enlève de mon poste pour qu’il y ait la paix dans nos écoles, tant mieux. Si les enseignants n’attaquaient que le ministre, je suis assez outillé pour me défendre. Mais qu’ils ne visent pas les élèves, les enfants qui sont fragiles.
Pour beaucoup, les grèves cycliques sont à imputer à l’Etat qui signe des accords qu’il respecte rarement ?
Dans le principe, l’Etat doit honorer ses engagements. Et nous avons reçu des orientations pour respecter les engagements. Parfois, si on ne les respecte pas, c’est parce qu’il y a des procédures. Je vous donne deux ou trois exemples. On a signé un accord pour dire qu’il faut aller vers l’instauration de l’autorité parentale. Mais pour que cet accord soit applicable, il faut modifier le Code de la famille. On s’est rendu compte, aussi bien le gouvernement que les Syndicats, qu’il est impossible d’appliquer un tel accord. Par ailleurs, la loi 61-33 précise que si un moniteur devient instituteur adjoint, il garde 50 % de son ancienneté. Lorsqu’un instituteur devient professeur, il a 30% de son ancienneté. C’est ça la règle. Mais les Syndicats eux disent qu’ils veulent garder à 100% leur ancienneté. Ce qui nécessite la modification de la loi 61-33 qui date de 50 ans et qui regroupe tous les fonctionnaires et agents de l’Etat du Sénégal. Étant donné que cette loi donne beaucoup de garanties aux fonctionnaires, il y a des risques de la modifier. C’est pourquoi nous avons recommandé une étude à un consultant, pour modifier la loi 61-33. Cette modification ne devrait pas s’arrêter à ça, car elle va concerner d’autres lois qui remettent en cause les acquis des syndicalistes. De ce fait, on est en train de trouver une solution sans modifier la loi.
Un Etat sérieux ne devait-il pas prendre la précaution d’étudier tous ces paramètres avant d’apposer sa signature sur un protocole d’accord ?
On parle de protocole d’accord de principe, après études. Vous pouvez vérifier pour vous rendre compte que tous les accords financiers signés par l’Etat ont été respectés. Les professeurs de Lycées et Collèges ont une Ird qui varie entre 60 et 70.000 francs. C’est appliqué à 100%. L’indemnité d’enseignement passe de 30% du salaire à 50%, l’indemnité de logement passe de 35.000 F Cfa par mois à 60.000 francs, et tous ces accords ont été respectés à 100%.
Parfois, on vous reproche d’exhiber les montants des salaires des enseignants. Est-ce que ça ne fait pas désordre ?
Je n’ai pas montré de montants ni de bulletins de salaires. Mais j’ai montré l’effort que le gouvernement a fait. C’est normal, en termes de communication. Tous les volontaires qui ont démarré avec 50.000 F Cfa sont maintenant à 137.000 francs. Moi, j’ai démarré à 48.000 F Cfa avec brevet plus école normale, bac + 1 en 1976. Avant, on plafonnait en tant qu’instituteur à 150.000 francs. Aujourd’hui, les instituteurs ont entre 200.000 et 300 000f par mois. Vous voyez le budget qui passe de104 milliards au début à 385 milliards en 2011. Et 85% de ce budget concernent la masse salariale. Cela signifie que les salaires ont augmenté. Sans compter le nombre d’enseignants qui est passé de 22.000 à 71.000.
On vous accuse aussi d’avoir « pulaarisé » le Ministère…
Ce n’est pas vrai. Pour preuve, mon directeur de cabinet et mon secrétaire général sont des Séréres. Mon Dage est lébou, le directeur de la Planification et de la Réforme est Sérére, le directeur de l’Enseignement moyen et secondaire est Sérére, le directeur de l’Enseignement élémentaire est Sérére. Mais où sont les Halpulaar ? Moi, je suis entouré de Séréres.
Certains estiment que dans le cadre de la massification de la Gc, vous recrutez nébuleusement des volontaires.
Je suis certes de la Gc et je l’assume, mais je suis d’abord et avant tout membre du Pds. Je ne suis pas tout à fait d’accord et ça n’a aucun rapport. Si vous regardez bien, tous ceux qui sont aujourd’hui engagés dans les grèves scolaires, tous ceux qui sont à la tête des Syndicats ont été recrutés à travers le quota sécuritaire. Aussi, au Sénégal, ce n’est pas parce que tu as recruté quelqu’un qu’il est à ta solde.
Cela ne fait-il pas désordre que vous réclamiez votre statut de libéral tout en revendiquant une appartenance à la Gc ?
La Gc n’est pas un Parti politique, c’est un Mouvement politique. Au sein de la Gc, il y a des libéraux bon teint comme moi et des transhumants sédentaires. C’est-à-dire ceux qui sont issus d’autres Partis et qui sont en même temps membres de la Gc pour élire Me Wade. Troisièmement, quand ils boudent les rangs du Pds, certains libéraux, au lieu d’aller à Bennoo, restent dans la Gc.
Certains disent que vous êtes proche de la première dame. Ce qui fait de vous un homme intouchable. Est-ce vrai ?
(Il rit). Franchement, d’abord, je suis au service du président et j’ai une expérience politique de plusieurs années. Depuis 1978, j’ai voté pour le Pds. Et quand j’adhérais au Pds, on m’avait donné des responsabilités à un niveau le plus élevé, dont celles de membre du gouvernement. Ma relation particulière avec la Première dame se situe au niveau de son Association Education-Santé, qui s’occupe surtout des problèmes d’éducation. Quand je vois les écoles pilotes qu’elle a créées à Thiès et à Kédougou, il y a une prise en charge expérimentale originale dans l’éducation des enfants. Et c’est de ce point de vue que le Ministère de l’Education s’est impliqué. Sinon, il n’y a pas d’autres relations entre nous deux.
Pour beaucoup, Karim Wade peine à s’imposer sur la scène politique. Est-ce que vous êtes de cet avis ?
Pour nous, la politique c’est avant tout du concret. L’homme politique doit d’abord s’illustrer dans sa pratique, dans son travail et dans sa façon de mettre en œuvre des projets. En s’illustrant dans les infrastructures avec ce que l’on voit à Dakar (les échangeurs, les autoroutes, Aéroport de Diass) et dans la Coopération internationale, je pense que Karim Wade est en train de contribuer au bien-être des populations. Et c’est tout ce que l’on attend d’un homme politique. Il abat un travail de titan, sans faire de bruit. Donc, tout ce que ses contempteurs racontent sur lui ou sur son image n’est d’aucune utilité. Les chiens aboient, la caravane passe.
Est-ce que Karim Wade n’adore pas trop la facilité, si l’on sait qu’il a attendu que son père soit Président pour venir aspirer à s’exercer en politique.
Je pense que vous ne connaissez pas l’histoire du Pds et l’histoire de Karim dans ce Parti. Il faut demander à Samuel Sarr ou aux gens qui connaissent l’enfance de Karim Wade. Il a toujours milité dans le Pds au Sénégal, à Paris… Karim Wade est un banquier qui décide de mettre son expertise au service de son pays. Ça, c’est son engagement pour le Sénégal, qui n’a rien à voir avec le fait que son père soit à la tête du pays. Pour moi, la création de la Gc est l’aspiration de Karim à assumer son propre destin. Au lieu de prendre le Parti de son père, le Pds, il a créé un Mouvement politique.
N’est-ce pas là un coup d’Etat rampant contre le Pds ?
On pouvait l’interpréter comme ça au départ, mais plus maintenant. Quand quelqu’un crée un Mouvement politique alternatif, avec ses propres forces et des gens qui voient la politique autrement, ça montre qu’il ne s’appuie pas sur son père pour s’exercer en politique.
Si Karim Wade a des ambitions présidentielles, objectivement, ne craignez-vous pas que son incapacité à manier les langues nationales soit pour lui un handicap de taille ?
On ne peut parler d’ambitions présidentielles pour l’instant. Aujourd’hui, l’ambition présidentielle c’est Abdoulaye Wade. Après lui, tout Sénégalais, y compris Karim Wade, a le droit d’avoir des ambitions présidentielles.
Même s’il ne parle aucune des langues nationales ?
Je laisse à tous ceux qui font une telle affirmation la responsabilité de dire qu’il ne parle pas les langues nationales. Au Sénégal, chacun parle sa langue. Un Sénégalais bon teint a le droit de parler Anglais. Le fait qu’un Sénégalais ne parle qu’une seule langue ne pose pas de problèmes. Surtout que les Sénégalais vont élire leur président sur la base de ses capacités à régler leurs problèmes. Notre pays a dépassé ces problèmes de langues ou de religions. N’oubliez jamais que Senghor, un catholique, a été pendant vingt ans président du Sénégal avec 95% de musulmans. N’oubliez pas qu’au Sénégal, les chrétiens et les musulmans vivent dans une même famille et partagent les mêmes cimetières en Casamance.
Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui se plaignent de l’omniprésence de Karim Wade dans les affaires étatiques ?
S’il y a un ministre qui symbolise l’omniprésence, c’est bien moi qui suis à la tête du Ministère de l’Education. Mon budget dépasse 10.000 fois celui du ministre Karim Wade. Je gère le Préscolaire, l’Elémentaire, le Moyen, le Secondaire, avec à la clé 40% du budget du Sénégal. Pourquoi vous ne parlez pas de moi, mais de Karim Wade ?
Avez-vous l’ambition de présider aux destinées de la Fédération Pds de Matam ?
Ma priorité, c’est de créer le maximum de Secteurs pour réélire Abdoulaye Wade.
Vous voulez dire que vous n’avez aucune ambition ?
Je ne vous l’ai jamais dit. Je préfère me concentrer sur la réélection de notre candidat plutôt que de parler de ces choses-là.
Compte tenu de l’âge de Me Wade, est-ce qu’un troisième mandat ne serait pas celui de trop ?
Franchement, sur ce point, je veux être formel : puisque la Constitution et le Code électoral lui permettent de se présenter à la prochaine Présidentielle, je ne vois pas pourquoi le Président Wade ne le ferait pas. C’est pourquoi tous les autres débats ne m’intéressent pas.
Mais vous reconnaissez néanmoins qu’il est âgé…
C’est Dieu le Tout puissant qui a la vie de l’homme. À 18 ans, à 35 ans, on peut avoir des incapacités. Pour moi, ça n’a rien à voir. Par exemple, les Assises nationales ont été présidées par Ahmadou Mactar Mbow qui est plus âgé que le Président Wade de 3 ans.
La conduite des Assises par Amadou Moctar Mbow, c’est quand même pour un laps de temps…
Je veux dire qu’Amadou Mactar Mbow préside aux destinées des Assises depuis 2008 et continue de le faire jusqu’à présent. Alors qu’il a 3 ou 4 ans de plus que Wade. Il a même 5 ans de plus que le président de la République, parce qu’il vient récemment de fêter ses 90 ans.
Le travail intellectuel que requiert le travail de chef d’Etat ne peut quand même pas être comparé à celui du président des Assises ?
En tout cas, pour moi, là où Bennoo Siggil Senegaal a pris comme manageur principal des Assises nationales Amadou Moctar Mbow qui a 90 ans, je pense qu’on ne doit pas s’étonner de la volonté de Me Wade qui a 84 ans de briguer un autre mandat.
Si le Conseil constitutionnel déclarait irrecevable la candidature de Wade, est-ce qu’au niveau du Pds, le Parti trouverait un candidat de consensus ?
J’exclus cette hypothèse. C’est impossible !
Vous ne craignez pas un réveil brutal, quand le Conseil constitutionnel tranchera la question de la recevabilité ou non de la candidature de Wade ?
Je suis catégorique : la candidature de Me Abdoulaye Wade ne peut être qu’acceptée. Pour nous, il est inimaginable qu’il en soit autrement.
Qu’est-ce que vous répondez à Idrissa Seck qui conjugue au passé Wade ?
Je ne veux pas répondre à cette question, parce que je ne sais pas s’il l’a dit ou pas. Dans sa tête, dans tout ce qu’il fait, Abdoulaye Wade est beaucoup plus proche de la jeunesse que ces gens-là. Il vient d’inaugurer le grand théâtre, demain c’est l’aéroport international, ainsi de suite.
Naturellement, vous ne devez pas pouvoir répondre à la rébellion d’Idrissa Seck contre la candidature de Wade…
Ce que je retiens, c’est qu’en Comité directeur, Idy avait déclaré que si Wade est candidat, il votera pour lui. Il l’a dit au dernier Comité directeur auquel il a participé. C’est tout ce que je retiens de Idrissa Seck.
Même s’il s’engage dans une campagne électorale, ça vous laisse de marbre ?
Je ne sais pas s’il s’est engagé dans une campagne électorale.
Apparemment vous semblez allergique à Idy comme l’est Karim Wade à l’endroit du maire de Thiès ?
Je ne peux pas être allergique à Idy, parce qu’il a été Premier ministre, directeur de campagne de Wade…Politiquement, je considère Idy comme un libéral.
Quelle appréciation faites-vous de la démission d’Aminata Tall ?
A ce niveau-là, je ne sais pas d’abord ce qui s’est passé. Franchement, je ne souhaite pas répondre à cette question. Je ne veux pas parler des autres personnes.
Même en tant qu’ancien camarade libéral de l’ex-maire de Diourbel ?
Je ne souhaite pas répondre à ces questions.
Si cela ne dépendait que de vous, est-ce que vous souhaiteriez que Idy, Macky et Aminata Tall reviennent au Pds ?
C’est évident bien sûr. Le Président a dit que son vœu, c’est d’unir toute la famille libérale. Donc, tant mieux si des gens qui sont plus ou moins égarés reviennent dans les rangs. Dans tous les cas, nous menons notre combat avec ceux qui sont là.
Que vous inspire le Mouvement « Y en a marre » ?
Pour moi, il faut désormais créer le Mouvement « N’y en a plus marre ». Si vous analysez bien les questions que posent le Mouvement « Y en a marre », comme par exemple quand ils parlent du problème de semences, on se rend compte qu’ils se trompent. Quand on décortique leurs discours, on comprend que les gens de « Y en a marre » sont dans le vide et sont sous-informés. « Y en a marre » est un Mouvement qui a refusé d’être dans l’opposition, car il se veut autonome, je m’en félicite. Mais ce qui est sûr, c’est que « Y en a marre » va bientôt devenir le Mouvement « N’y en a plus marre ».
Entretien réalisé par Daouda Thiam et Djiby Bâ
lasquotidien.info