Au moins cent quarante-sept personnes ont été tuées et soixante-dix neuf blessées jeudi 2 avril, dans l’attaque du campus de l’université de Garissa par un groupe d’hommes armés et cagoulés se revendiquant des islamistes somaliens Chabab. L’assaut des forces de sécurité kényanes a pris fin dans la soirée, près de seize heures après le début de l’attaque.
« Les quatre terroristes ont été tués », a annoncé dans la soirée le Centre national de gestion des catastrophes (NDOC). Quelques heures plus tôt, le ministre de l’intérieur était resté prudent sur le nombre d’attaquants, craignant que certains soient encore cachés sur le campus.
D’après la police, les assaillants avaient fait irruption dans l’université vers 5 heures 30 (6 h 30 à Paris), alors que des étudiants se rendaient à l’église pour la messe du matin. « Les assaillants ont d’abord tué deux gardes placés à l’entrée du campus […] avant de tirer sans discrimination une fois à l’intérieur de l’université », a détaillé la police.
« Forte explosion suivie de tirs »
« Nous dormions quand nous avons entendu une forte explosion suivie de tirs, tout le monde a commencé à fuir », a raconté Japhet Mwala, un étudiant qui a réussi à s’enfuir du campus, mais « certains n’ont pu quitter les bâtiments, vers lesquels les assaillants se dirigeaient en tirant. J’ai de la chance d’être en vie ».
Selon une source sécuritaire occidentale, plusieurs membres des forces de sécurité et otages pourraient avoir été tués lorsque les quatre assaillants ont déclenché leurs ceintures d’explosifs à l’approche des colonnes d’assaut progressant dans le bâtiment.
Les autorités font par ailleurs état de 79 blessés, dont neuf dans un état critique. 815 étudiants étaient inscrits à l’Université de Garissa, dont plusieurs centaines hébergés dans la résidence universitaire d’un campus comprenant une vingtaine de bâtiments. Les étudiants évacués vont passer la nuit dans une caserne en attendant d’être rapatriés chez eux vendredi, selon le ministre de l’intérieur.
Les Chabab, militants islamistes somaliens liés à Al-Qaida, ont revendiqué l’attaque. Dans son appel, le porte-parole des Chabab a également justifié l’attaque par le fait que « le Kenya est en guerre avec la Somalie […] » et assuré que le commando avait laissé partir les musulmans et gardé les autres étudiants en otage. Depuis 2011, Nairobi a envoyé des troupes combattre les Chabab dans le Sud somalien. Les insurgés n’ont depuis cessé de le menacer de représailles et sont déjà passés à l’action à plusieurs reprises.
La ville de Garissa, qui abrite une base militaire, avait déjà été le théâtre de violences. En 2012, seize personnes avaient été tuées dans des attaques coordonnées de deux églises de la ville. En septembre 2013, le mouvement avait aussi revendiqué la prise d’otages qui avait fait soixante-sept morts au centre commercial Westgate de Nairobi. Le modus operandi rappelle celui de l’attaque de jeudi : un commando réduit, munis d’armement léger et prenant durablement le contrôle d’un bâtiment rempli de nombreux civils.
Des rumeurs d’attaques contre l’université avaient circulé dans la semaine, selon des étudiants. « Personne n’a pris ça au sérieux car ce n’était pas la première fois », a expliqué l’un d’eux, Nicholas Mutuku, tandis que Katherine, étudiante, disait « avoir pensé à un poisson d’avril ».
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