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Khalilloulah Ndiaye sur le blocage du Code de la presse : «C’est Yakham Mbaye qui n’en veut pas»

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Le processus d’adoption du nouveau Code de la presse est bloqué depuis quelques années. Selon le Secrétaire général du Syndicat des professionnels de l’information et de la communication (Synpics), Ibrahima Khaliloulah Ndiaye, les responsables sont à chercher dans l’entourage du Président. Il pointe plus précisément un doigt accusateur sur le secrétaire d’Etat à la Communication Yakham Mbaye.

L’adoption du nouveau Code de la presse est bloquée depuis des années. Même chose pour les négociations sur la nouvelle Convention collective. Est-ce que vous avez identifié les facteurs de blocage ?
«Pour ce qui est du Code de la presse, jusqu’à une époque très récente, nous avions pensé que le gouvernement allait faire bouger les choses. Il y a même eu une commission parlementaire avec le président Moustapha Diakha­té et l’imam Mbaye Niang. Nous devions, tous, nous retrouver pour procéder à une relecture, harmoniser des choses et remettre le code au goût du jour en tenant compte des dernières évolutions.
On n’était pas parti sur des a priori ou des idées préconçues. On se disait qu’on pouvait se retrouver, discuter ensemble, relire le code et s’accorder sur un minimum, sur une base consensuelle. Malheureu­sement, ça n’a pas pu se faire parce que de l’autre côté, nous avons identifié qu’il y a eu des gens qui ne voulaient pas de ce code. Et malgré l’engagement de certains démembrements. C’est ça qui nous pose aussi problème avec les autorités. Non seulement elles ont tardé à réagir, mais il n’y a pas eu de réaction. Nous avons dénoncé une absence de vision et de volonté dans ce projet d’adoption du Code de la presse.
Pour ce qui est de la Convention collective, les négociations ont été lancées depuis belle lurette. Mais le patronat s’est toujours refugié derrière le prétexte de renouveler ses ins­tances. Aujourd’hui que Ma­diam­bal Diagne est parti et que Mamadou Ibra Kane est à la tête du Cdeps, nous ne pensons pas qu’il ait les coudées franches pour procéder à une lecture, puisqu’il n’est là que de façon provisoire. Ça pose problème ! Et pendant ce temps, l’Etat avait la latitude et l’autorité pour réunir les parties autour d’une table et arbitrer. Malheureu­sement, ça n’a pas été le cas.
Quand vous dites que des gens sont contre l’adoption du code, de qui parlez-vous précisément ?
Aujourd’hui, on dit que dans l’entourage du Président, il y a beaucoup de journalistes. Les députés que j’ai cités et le ministre de la Communication, on avait tenté de débroussailler le chemin pour que cette rencontre se tienne effectivement. Le Président Macky Sall avait mandaté le député Moustapha Diakhaté pour qu’il travaille à la tenue de cet atelier qu’il allait lui-même financer, afin qu’on se mette d’accord sur un draft. Mais malheureusement, c’est le secrétaire d’Etat à la Communi­cation qui n’en a pas voulu et il a manœuvré pour que ce séminaire ne se tienne pas. C’est pourquoi nous dénonçons l’attitude des autorités, surtout le chef de l’Etat. S’il était mu par la volonté de voir la presse se doter d’un nouveau code, il devrait rester cohérent.
Quand je vois que le Président se défoule sur la presse en disant qu’on donne la parole à n’importe qui dans les medias, il a aussi sa part de responsabilité. Il appartient au président de la Répu­blique de faire en sorte qu’on ait un cadre minimal. Mais ils laissent le monde de la presse pourrir et après, ils viennent dire que les journalistes ne sont pas responsables. Nous voulons être responsables, mais nous ne pouvons voter les lois, ni faire aboutir certaines propositions.

Vous identifiez le secrétaire d’Etat à la Communi­ca­tion, Yakham Mbaye, comme facteur de blocage ?
Entre autres, oui. Au-delà de tout, il aurait pu mouiller le maillot puisque c’est sa corporation. Et tous les autres qui sont dans l’entourage du Président aussi. Mais ils ne l’ont pas fait. Pire, quand des initiatives sont prises, elles sont sabordées. Nous ne comprenons pas. Non seulement il n’y a pas de solidarité gouvernementale, mais il n’y a pas une harmonisation des positions.

Et là maintenant, la priorité du Synpics, c’est la convention ou le code ?
Les deux restent valables parce que la précarité existe plus que jamais dans notre milieu. Il y a une violation systématique et flagrante des droits du travail ; des journalistes pas embauchés, qui n’ont pas de contrats de travail, ni de bulletins de paie. Et il y a eu des licenciements tous azimuts.

Pourtant, les actions de protestation prévues par le Synpics ont été annulées. Qu’est-ce qui s’est passé ?
On n’a pas annulé. Il y a eu des ministres de la République et des membres du Parlement qui se sont impliqués pour nous appeler à la table de négociations. C’est ce qui a fait qu’on a renoncé de façon provisoire à cette manifestation qui était prévue. Mais il n’y a pas une seule méthode de lutte, toutes les initiatives restent ouvertes.

Le directeur de la Communication vient de dire que le code allait être voté cette année. Vous y croyez ?
Nous avons entendue cette chanson à maintes reprises. Le code, ce n’est pas le directeur de la Communication qui va le voter. Ce que nous avons toujours dénoncé, c’est que le gouvernement ne se soit pas suffisamment impliqué pour que le projet arrive à l’Assemblée nationale. Il n’y est toujours pas arrivé depuis quatre ans.»

Le Quotidien

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