La région de Kolda a « un taux de prévalence de 68% de mariage d’enfants ». Ce fort taux s’explique par le fait que ce phénomène est considéré, dans la capitale du Fouladou, comme une source de revenus pour certaines familles démunies. A cela s’ajoutent les pesanteurs culturelles.
A Kolda, les parents envoient très jeunes leurs enfants au mariage, par souci de conformité aux coutumes et/ou par nécessité de percevoir la fameuse dot. Ainsi, les autorités administratives et éducatives, avec l’appui des ONG, ont organisé hier un panel à la mairie de Kolda, qui a accouché d’un plan d’action de lutte contre le mariage d’enfants.
Plusieurs communications ont été faites dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la responsabilité sociétale, visant à sensibiliser les populations sur les conséquences néfastes des mariages d’enfants.
Les causes profondes des mariages d’enfants ont été identifiées. Selon certains panélistes, le manque d’argent des parents pour élever leurs enfants ou pour assurer leur scolarité fait que le mariage est une alternative alléchante. C’est plus souvent le cas dans les zones rurales et périurbaines. Au-delà de l’aspect économique, la culture joue aussi un rôle prépondérant. « Les parents sont encouragés à marier les jeunes filles quand elles tombent enceintes précocement », soulignent-ils.
« Certains parents considèrent les femmes comme des marchandises. Et attendre trop longtemps avant de vendre cette « marchandise » risque d’être une honte pour la jeune femme et sa famille. C’est pourquoi, la plupart des papas donnent en mariage leurs enfants très tôt », a indiqué Moussa Baldé, un instituteur présent à cette rencontre.
« D’ailleurs, c’est ça qui fait que la région de Kolda a un taux de prévalence de 68% de mariages d’enfants. C’est une étude menée par l’UNFPA qui place la région de Tambacounda en 2e position avec 57%, suivi de Matam qui a 54% de mariages d’enfants », a martelé Fodé Diop, coordonnateur d’Enda Jeunesse Action de Kolda.
Depuis l’adoption et la ratification des droits des enfants, le gouvernement a mené et continue de mener de nombreuses actions destinées à promouvoir et protéger les droits de l’Enfant. Mais des années de lutte passent sans que les mentalités changent au Fouladou. Des enfants de 12, 13 ou 14 ans continuent d’être données en mariage.
Ainsi pour accentuer la lutte contre ces pratiques néfastes, la diffusion d’affiches, de pancartes, de pins, de dépliants ou de clips vidéo est prévue. Les organiseurs se fixent des objectifs pour qu’à la fin de cette campagne, chaque enfant ait un minimum d’information sur les mariages d’enfants ; mais aussi dénoncer les acteurs des mariages d’enfants et les coutumes qui les favorisent. Car, les textes nationaux et internationaux interdisent le mariage avant l’âge de 18 ans.
A l’issue de ce panel, un mémorandum a été remis au gouverneur de la région.
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