Diakhao, quartier centenaire de Thiès, a joué un rôle prépondérant dans l’histoire tout court de la Cité du Rail. Pourtant, il reste encore confiné dans un statut traditionnel, avec à la clé des maux comme le non lotissement, le manque criard d’infrastructures. Ce qui a poussé certains à lui coller l’étiquette d’un incroyable destin.
Le quartier Diakhao est niché entre le marché central de Thiès et la base aérienne. D’ailleurs, ce voisinage avec le camp militaire a induit une certaine proximité entre les populations du quartier et les militaires. Indépendamment de cet aspect, Diakhao a toujours joué un grand rôle dans l’histoire socio-économique de Thiès. Sur le plan sportif, l’équipe de football du quartier s’est forgée une grande renommée dans le mouvement navétane. Diakhao a été un terreau qui a vu éclore des talents indiscutables, qui ont laissé des marques indélébiles sur les stades du Sénégal et d’ailleurs. C’est le cas de Bouba Diakhao de la grande équipe du Club olympique thiessois (Cot) et qui était de la campagne des jeux de l’amitié, Abdoulaye Diallo, le premier joueur professionnel de Diakhao, longtemps capitaine de la Jeanne d’Arc (Ja) de Dakar, et qui a disputé deux coupes d’Afrique, Babacar Konaté dit Konan, qui a aussi longtemps porté le brassard de capitaine de la Ja, Yamagor Seck, ancien capitaine de l’Asfa, feu Amath Diallo qui a fait les beaux jours de l’Us Rail.
Sur le plan purement politique, Diakhao a le statut de faiseur de roi. En effet, sa population électorale fait qu’il compte à lui seul 26 bureaux de vote ; et de ce point de vue, il n’a jamais cessé de faire gagner des Partis politiques. Malgré cela, Diakhao, aujourd’hui un quartier centenaire, n’a jamais eu d’adjoint au maire, de conseiller de la République, de sénateur, de député ni de président de conseil d’administration. Froissés par cette situation, des Diakhaois se mobilisent depuis trois mois dans le cadre d’une nouvelle mobilisation sociale, pour mieux analyser la situation et mettre en œuvre une stratégie capable de remettre les pendules à l’heure. C’est dans ce cadre qu’une structure dénommée Benno Siggil Diakhao a été mise en place.
Selon Abdoulaye Diallo, président du Mouvement, il s’agit de réconcilier tout le monde, afin de décliner ensemble des objectifs communs, pour prendre en charge le fait que Diakhao soit un quartier oublié. Selon lui, malgré le rôle joué, c’est un quartier qui n’est toujours pas loti et sa configuration est marquée par des labyrinthes qui écartent d’emblée toute idée de prise en charge réelle des problèmes de sécurité. S’y ajoute qu’il n’est pas encore doté de Collège d’enseignement moyen (Cem), au moment où les autres réclament un Lycée.
Aucun air de jeu digne de ce nom n’est répertorié dans le périmètre du quartier, encore moins d’espaces verts ; sans compter le fait que l’éclairage public reste encore un rêve pour les populations. Selon Abdoulaye Diallo, « l’heure est venue de promouvoir des gens de Diakhao et, dans cette perspective, tout le monde est conscient qu’il faut s’unir pour être fort et jouer le rôle qui est le leur. La démarche est soutenue par des assemblées générales mensuelles, qui vont servir à ratisser large. Même le quartier Nguinth, qui regroupe 19 bureaux de vote, s’est joint au groupe ».
De l’avis du président du Mouvement, la sensibilisation repose sur une stratégie tendant à conscientiser les populations, pour les pousser à refuser désormais d’être aveuglément à la remorque des politiciens, à refuser de prendre les T-Shirt et les sommes dérisoires, à être embarquées dans des « Ndiaga Ndiaye » pour simplement amuser la galerie lors des meetings politiques. Au terme de la mobilisation sociale dans le quartier, dit-il, un grand rassemblement sera organisé pour montrer la force de frappe de Diakhao qui, désormais, n’acceptera plus que d’autres individus parlent en son nom.
Mbaye SAMB
lasquotidien.info
