L’ Archevêque de Dakar, Théodore Adrien Cardinal Sarr a, au nom de l’Eglise, fustigé le comportement des « chefs d’Etat, qui s’installent présidents à vie, et organisent des élections souvent frauduleuses, pour se maintenir au pouvoir ». Le saint homme s’est aussi élevé contre les « dictatures et les impérialismes », de même « contre tous les pouvoirs absolus et corrompus ». Le chef de l’Eglise a fait cette sortie hier, vendredi, à l’occasion de la célébration de Pâques.
« l’Eglise protestera toujours contre tous ceux qui abusent d’un pouvoir, qui leur est confié. Elle protestera toujours contre toutes les dictatures et les impérialismes ; elle protestera toujours contre tous les pouvoirs absolus et corrompus. Elle protestera toujours contre la soif démesurée du pouvoir, qui amène les dérives de toutes sortes ». Cette déclaration prononcée à l’occasion du vendredi saint, est du chef de l’Eglise sénégalais, Théodore Adrien Cardinal Sarr, Archevêque de Dakar, par ailleurs Président de la Conférence Episcopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest.
Pour le chef de l’Eglise sénégalais, « Devant l’effroyable gâchis humain, auquel nous avons tous assisté, à travers les évènements de la Côte d’Ivoire et de la région, l’Eglise manquerait à sa mission prophétique, si sa voix se taisait par timidité, par lâcheté, ou par compromission ». C’est pourquoi il « condamne fermement et sans réserve toutes les dictatures et tous les impérialismes, quelles que soient leurs couleurs ».
Le saint homme dira que l’Eglise « désapprouvera toujours les chefs d’Etat, qui s’installent présidents à vie, et organisent des élections souvent frauduleuses, pour se maintenir au pouvoir ». Se fondant sur l’écriture sainte, Archevêque de Dakar, rappelle l’enseignement du Sauveur, Jéus-Christ : « Pas de pouvoir pour soi, mais le pouvoir pour son peuple ! Pas de pouvoir pour se servir, se faire servir ou être servi, mais le pouvoir pour servir les autres ! »
Suffisant pour rappeler aux hommes politiques « qu’ils ne peuvent détenir un pouvoir absolu, mais un pouvoir régulé par des valeurs et des règles supérieures, telles la paix du pays, le devoir de prévenir et soulager les souffrances des populations, le respect absolu de la vérité des urnes… Nous sommes pour le respect absolu des lois démocratiques et de la volonté du peuple, qui s’exprime à travers les urnes électorales ».
L’homme d’Eglise de rappeler que plusieurs pays africains ont célébré leur cinquantième anniversaire de l’indépendance. Et malheureusement, regrette-t-il, « nous venons d’être témoins des bien tristes évènements de la Côte d’Ivoire et d’ailleurs, parmi lesquels le piétinement et même la destruction des symboles de la dignité et de la souveraineté d’une Nation… ». Le saint homme d’inviter à une introspection : « De tels évènements doivent amener tout un chacun à s’interroger sur le droit d’ingérence, ou le droit d’intervention humanitaire au nom de la Communauté internationale ».
Le président de de la Conférence Episcopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest de rappeler, au nom de la mission prophétique des hommes d’Eglise, « à l’Union Africaine et à l’Organisation des Nations Unies, l’urgence d’élaborer des normes admises par tous, pour préciser les conditions acceptables de toute ingérence politique ou intervention humanitaire dans un pays souverain, afin que soient évitées à tout prix l’application de la loi des plus forts, ou de la loi des deux poids deux mesures, ou encore la promotion camouflée d’intérêts particuliers sous couvert de la Communauté des Nations »
Théodore Adrien Cardinal Sarr, Archevêque de Dakar de lancer un appel pressant aux responsables politiques et religieux pour « qu’ils mettent en œuvre sans délai toutes les ressources éthiques de leur capital social et religieux, pour la tâche de longue haleine, que sera la construction de la paix véritable, par la promotion de la justice et de la réconciliation ; cette paix dont le siège reste le cœur de chaque homme et de chaque femme ». Il souhaite que « ces responsables soient les premiers acteurs de la « Commission Vérité et Réconciliation », qui ne devrait pas tarder à être créée ». Tout en affirmant, avec le Pape Benoît XVI, que « la violence et la haine sont toujours un échec », et constituent « un chemin sans avenir ».
Par ailleurs, « méditant aujourd’hui, Vendredi 22 Avril 2011, la Passion et la Mort de Jésus-Christ, l’Innocent arrêté, condamné, maltraité et exécuté injustement, nous prions et appelons à la prière pour toutes ces populations de la Côte d’Ivoire, victimes d’exécutions absurdes, ou de pillages honteux, forcées pour beaucoup à l’exil, hors de leur région ou de leur pays ». Et d’ajouter : « La guerre est une injure à la sainteté de Dieu. Nous implorons sa miséricorde, tant sur les victimes que sur les bourreaux. Nous lui demandons d’accorder à tous la transformation des cœurs, qui rend possibles la reconnaissance des fautes, le pardon, la réconciliation et la paix ».
Le saint homme a lancé un appel « à la solidarité active de tous les chrétiens, de toutes les communautés chrétiennes, et de toutes les populations de l’Afrique de l’Ouest ! ». Tout en recommandant en particulier, aux responsables religieux, « l’organisation urgente de collectes, dont les produits seront envoyés immédiatement aux structures appropriées de la Côte d’Ivoire, pour le soulagement de tant de souffrances humaines ».
Pour lui, les évènements que nous venons d’évoquer et beaucoup d’autres, en Afrique et dans le monde, « pourraient conduire à désespérer, à pleurer sur notre condition humaine, parfois si mesquine et si misérable ». Tout en faisant remarquer : « Nous chrétiens, nous nous préparons à célébrer Pâques, fête de la Résurrection de Jésus-Christ. Accueillant et laissant grandir en nous l’amour de Celui, qui nous a aimés jusqu’au bout, en donnant sa vie pour nous sauver, laissons-nous pousser par son Esprit sur les chemins de la réconciliation, de la solidarité, de l’amour fraternel et de la paix, pour construire l’Afrique nouvelle, que nous attendons de tous nos vœux ». Contre tout fanatisme, le saint homme reprend le Message de la deuxième Assemblée spéciale du Synode des Evêques (– octobre 2009) : « Afrique, lève-toi, prends ton destin en mains, et marche !»
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