L’OBSERVATOIRE – Demain, le contentieux électoral

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En politique comme dans bien des domaines, la confiance détermine la nature des rapports entre individus et entre groupes. En politique plus qu’en tout, l’adversité autorise rarement de différer la bataille de la communication. La règle bien connue dans ce pays, vaut au Sénégalais un jeu de ping-pong entre Pouvoir et Opposition autour du fichier électoral. La question est d’importance, il n’y a pas l’ombre d’un doute.

Le fichier étant devenu enjeu avant et pendant le scrutin, l’expérience justifie que personne ne veuille laisser au gouvernement -qui est un attelage de partis- le privilège de décider seul au nom de tous. Déficit de confiance. Mais un fichier c’est d’abord des inscriptions individuelles, ce qui dans la législation sénégalaise, n’a pas de caractère obligatoire. Que des citoyens en âge de voter s’abstiennent d’aller vers les commissions d’inscription ne peut être reproché à un gouvernement. Mais ce dernier est tenu pour responsable, lorsqu’il ne se presse que trop lentement, de créer les conditions et promouvoir des mesures d’accompagnement. Et voila le nœud du débat.

L’opposition avait commencé par reprocher au Pouvoir de «bloquer» le processus d’inscription, en «refusant» de délivrer des cartes d’identité. Pour preuve de sa bonne foi, l’Etat communique sur les documents non retirés. Contre-attaque adverse, c’est parce que les demandeurs «se lassent de toujours aller au Commissariat» pour s’entendre dire que les cartes nationales d’identité ne sont pas encore fabriquées. Réplique des pouvoirs publics, il n’y aura plus besoin d’attendre d’avoir une carte d’identité en bonne et due forme. La solution des récépissés est immédiatement assimilée à une «volonté de frauder».

Parallèlement, la controverse est lancée sur la date de clôture. Le gouvernement opte pour la prolongation. A ce jour, on en est encore à quelques dizaines de milliers de nouvelles inscriptions, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Situation surréaliste, dans les bureaux installés à cet effet, des présidents saluent « l’accélération » constatée du rythme des arrivées, soit 15 par jour, environ. Vraiment trop peu. Les partis politiques ont communiqué, le gouvernement et la société civile ont porté le même message pour booster les inscriptions. Et pourtant…

Des esprits malins parlent d’un «potentiel de 1.200 mille jeunes», que le gouvernement ne souhaiterait pas voir détenir une carte d’électeur. Difficile à valider. Les projections des statistiques officielles portant sur quelque 250 000 nouvelles majorités civiques par an (depuis 2007) ne doivent pas suffire à baser un combat politique sur un «potentiel» non effectivement maîtrisé. L’opposition a certes beau jeu de mettre la pression et de pousser les pouvoirs publics dans leur dernier retranchement, question de s’assurer que rien ne sera laissé à la seule volonté du gouvernement, en direction de la présidentielle de 2012. Cette stratégie de la surveillance du processus n’est pas exempt de danger pour le pays.

Le rythme actuel des inscriptions ne présage pas un niveau proche du demi-million, quand arrivera le moment inéluctable d’arrêter les opérations. Si à terme des politiciens exigent de savoir ce qu’est le reste du « potentiel » devenu, personne ne pourra donner de réponse précise. Et gagner dans ses conditions ne peut être porteur de stabilité lorsque le vainqueur est issu du camp du Pouvoir.

C’est ainsi que naissent les contentieux électoraux, avec leur cortège de troubles. La démocratie ne peut être un jeu du «moi ou personne». Aller à une élection en décidant en amont que le scrutin n’est valable que lorsqu’il m’est favorable, est une attitude de trahison nationale. Quand les voyants sont au rouge, prendre le risque de frauder devient un crime. Par Ibrahima Bakhoum
sudonline.sn

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