L’ ART DE « FAIRE SEMBLANT » (Par Maam Cheikh)

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Il y’a ceux qui vivent heureux, et ceux qui font semblant d’être heureux. Chez nous, le paraître a prit le dessus sur l’être, le luxe sur le confort, l’obsession sur l’ambition. On ne vit plus. On survit tant qu’on cherche à ressembler au « modèle » exigé par notre société.

Le sénégalais étouffe face aux exigences d’une société qui a finit par eriger la pression sociale en système. Pression sociale née d’une philosophie dépourvue de racines solides. « Je préfère manquer de tout sauf de clairvoyance », disait Serigne Alioune Gueye, un érudit du 20e siècle. Etre clairvoyant, c’est savoir ce pour quoi on fait les choses. Les gens s’entretuent, rivalisent, se font du mal, parce qu’ils peinent à faire la paix entre eux…Nul ne parviendra à faire la paix avec les autres s’il n’aspire pas à la faire avec lui-même. Et la paix avec soi commence lorsqu’on fait ce qu’on aime et qu’on aime ce qu’on fait.

Awa se lève tôt le matin, se rend à la boutique de la cousine pour « faire semblant* d’attirer des clients. Birane rejoint le restaurant du coin pour « donner l’impression » qu’il s’occupe des habitués de la place. Oumou, quant à elle, va dans le dispensaire le plus proche pour, dit-elle, prendre soin des malades. Le point commun entre les trois : une tendance à faire les choses parce que n’ayant pas le choix. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les clients de Awa s’étonnent de ne pas la trouver accueillante, Birane semble ne point assimiler les exigences des habitués du restaurant et le malade qui encaisse sans broncher la piqûre d’Oumou alors que cette dernière a plutôt le visage renfrogné se demande ce qu’il fait là.

Oui, beaucoup « font semblant » pour ne pas rester sans rien faire. C’est que lorsqu’on a pas d’idéal de vie, on devient un peu ce bateau sans gouvernail se laissant emporter par les vagues. Et un Responsable Moral par ailleurs chef spirituel d’une communauté religieuse au Sénégal de dire, en faisant allusion à la jeunesse de ce pays : « Ils sont comme dans une salle d’attente où ils n’attendent rien. »

Même le chef politique élu dans son fief comprend à peine les besoins de ceux là qui ont eu confiance en lui, mais sait s’y faire quand il s’agit de « faire semblant » : cravate autour du cou, publications « théâtralisées » en fonction de l’actualité sur les réseaux sociaux, entretiens télévisés à l’élan de mises en scène, visites de courtoisies ostentatoires, empathie bouffonne à l’égard du citoyen, aptitude sociale ridiculisée…il incarne tout ce qu’il faut pour passer maître dans l’art de « faire semblant » d’être là pour les élus.

« Il faut laver ce pays là « , se lamentait assez souvent un grand de L’ Islam au Sénégal. Le laver, pour un ressourcement purificateur, mais aussi pour que son intelligentsia ne produise plus une nouvelle race d’intellectuels qui, loin du bercail, savent dire « je vous emmerde » tout en faisant semblant d’être heureux, et ceci bien que les expressions de leurs visages cachent un désarroi total.

Coupés des valeurs de leur pays d’origine, amadoués par leurs hôtes, ils ont encore le temps d’illustrer « les plus secrètes mémoires des hommes » avant de formuler un « je pars » qui en dit beaucoup sur une nouvelle forme d’obscurantisme face aux tracasseries vécues. Tenons nous en là en attendant de pouvoir »faire semblant  » de réécrire, la semaine prochaine, une autre chronique !

Maam Cheikh
Coach , Chroniqueur

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