En Ukraine, la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, occupée par la Russie, a été touchée par « cinq frappes » près d’un dépôt de substances radioactives.
« Cinq nouvelles frappes ont été signalées à proximité directe d’un dépôt de substances radioactives », a indiqué la société d’État ukrainienne Energoatom, en accusant les forces russes. Un responsable pro-russe, Vladimir Rogov, membre de l’administration installée par Moscou dans cette région occupée du sud de l’Ukraine, a de son côté mis en cause sur Telegram « les combattants du président ukrainien Volodymyr Zelensky », en évoquant lui aussi cinq frappes au même endroit et dans les mêmes termes.
Il a affirmé que ces bombardements avaient été menés au moyen de lance-roquettes multiples et de pièces d’artillerie lourde depuis la rive droite du Dniepr. Il a notamment cité la ville de Marganets, où 13 civils ukrainiens ont été tués mercredi dans des bombardements russes, selon les autorités ukrainiennes.
« L’herbe s’est enflammée sur une petite surface, mais personne n’a été blessé », peut-on lire dans les communiqués russe et ukrainien. Les deux sources ont ensuite fait état de cinq autres projectiles tombés près d’une caserne de pompiers située à proximité de la centrale.
« Niveau de radioactivité normal »
Selon Evguéni Balitski, chef de l’administration civile et militaire pro-russe, aucune fuite radioactive n’a été détectée après ces frappes. « Le niveau de radioactivité est normal », a-t-il déclaré sur Telegram. L’opérateur ukrainien Energoatom a toutefois affirmé que plusieurs capteurs de radiation ont été endommagés suite à ce nouveau bombardement.
Les troupes russes ont pris le contrôle de la centrale de Zaporijjia le 4 mars, peu après le début de l’invasion de l’Ukraine le 24 février. Plusieurs bombardements dont les deux parties s’accusent mutuellement l’ont déjà visée la semaine dernière, faisant craindre une catastrophe nucléaire. La situation suscite l’inquiétude de la communauté internationale Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a mis en garde jeudi contre un risque de « catastrophe ».
« Le site ne doit pas être utilisé dans le cadre d’opérations militaires », a insisté le secrétaire général de l’ONU, appelant à la création d’un « périmètre démilitarisé pour assurer la sécurité de la zone ». Ces déclarations interviennent alors que le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit en urgence jeudi après-midi pour discuter de la situation, à la demande de la Russie.
Les États-Unis ont également appelé jeudi la Russie à cesser toutes ses opérations militaires dans et autour des centrales nucléaires en Ukraine et dit soutenir l’appel de Kiev à une « zone démilitarisée » à Zaporijjia. « Combattre près d’une centrale nucléaire est dangereux et irresponsable », a affirmé un porte-parole du département d’État, ajoutant que « les États-Unis continuent d’appeler la Russie à cesser toutes ses opérations militaires dans et autour des centrales nucléaires et à en rendre le plein contrôle à l’Ukraine, et soutiennent les appels des Ukrainiens à créer une zone démilitarisée dans et autour de la centrale nucléaire ».
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a indiqué que son directeur général, Rafael Grossi, informerait le Conseil de sécurité de l’ONU « de la situation en matière de sûreté et de sécurité nucléaires » à la centrale, ainsi que de ses « efforts pour convenir d’une mission d’experts de l’AIEA sur le site dès que possible ».