La plus puissante charge contre le magistère de Macky Sall
A peine deux mois après le référendum constitutionnel, l’ancien premier ministre du président Macky Sall sort enfin du bois. Il n’aura pas laissé le président de la République savourer sa victoire controversée. Déjà, en s’opposant de façon tonitruante à la consultation populaire décidée par Macky Sall pour trancher sur la question du mandat présidentiel, Abdoul Mbaye avait pu tester non seulement sa popularité mais aussi vérifier l’opportunisme d’une opposition en manque de leader.
Idrissa Seck cannibalisé par une ambition contrariée depuis l’Affaire des Chantiers de Thiès, Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng ensorcelés par une retraite dans les ors du pouvoir, Khalifa Sall englué dans les chausse-trappes que le parti socialiste s’amuse à lui tendre, Malick Gackou discrédité par un Grand Parti qui peine à s’agrandir. Et aussitôt le crédit d’un ancien premier ministre non éclaboussé par des affaires (malgré les suites du procès Hissène Habré), devient un capital non négligeable dans la période de marasme que traverse l’opposition sénégalaise.
Mais en vérité tout est habituel dans la déclaration de candidature d’Abdoul Mbaye. A l’exception des « r » qu’il roule, il est vrai, mieux que Macky Sall. Malgré la charge, d’une rare violence et abusivement généralisatrice, qu’il a lancé contre une classe politique sénégalaise traitée de tous les noms d’oiseaux, l’ancien premier ministre confirme un fonctionnement, une logique et une culture d’accaparement et de conquête communs à toutes les élites qu’elles soient politiques ou économiques.
«Ce que je sais, c’est que je suis au service d’une ambition présidentielle : il s’agit de Son Excellence le Président Macky Sall. Il est là pour cinq ans. Premier ministre ou pas- prenez bonne note de ce que je vous dis- je l’aiderai à se faire réélire et à rester 10 ans. »
Voici ce que déclarait Abdoul Mbaye à peine trois mois avant d’être limogé en septembre 2013. Premier ministre par surprise, ce banquier a véritablement peiné à revêtir les habits de sa fonction. L’élégance étudiée et le français châtié n’ont jamais séduits une classe politique jalouse et méfiante vis-à-vis de tous ceux qui sont étrangers à sa culture. Bousculé par les terribles inondations de 2012 et incompris par un parti au pouvoir qui ne lui a jamais dissimulé son hostilité, Abdoul Mbaye a été l’alibi économique indispensable, la caution de respectabilité, le répit nécessaire pour un nouveau président et sa coalition peu préparés à exercer le pouvoir en 2012.
Malgré ses grandes déclarations et ses dures attaques contre la classe politique, qu’il a le tort de généraliser, l’ambition présidentielle d’un ancien premier ministre est bien souvent inéluctable et son amertume toujours attendue. Cette étrange allocution, se parant des oripeaux de la vertu pour recouvrir une considération plus terre à terre : l’annonce d’une candidature présidentielle.
Le discours d’Abdoul Mbaye à propos de l’Etat de la nation était celui que l’on aurait aimé entendre depuis au moins son départ du gouvernement (septembre 2012). Voilà des mots que nos gouvernants ont eu du mal à prononcer, tandis qu’ils sont en fonction, pris dans les filets de l’Etat et de leurs intérêts immédiats. Depuis Idrissa Seck, c’est la première fois qu’un tel souffle embrase la patrie et fait entendre ce qui aurait du être la voie du Sénégal.
Son acte de candidature vient donc symboliser une inflexion souhaitable de notre politique nationale et la renaissance de notre Etat, déjà mis à mal sous la première alternance, mais léthargique depuis l’arrivée au pouvoir de Macky Sall et sa coalition.
Le grand retour d’Abdoul Mbaye est donc à la fois un atout et un risque pour Macky Sall. Un atout car, son expérience et son crédit peuvent relever le niveau de l’opposition et constituer un challenge motivant. Un risque car la nouvelle puissance de l’ancien premier ministre signe l’affaiblissement de Macky Sall, son autorité et sa légitimité chancelantes. Abdoul Mbaye s’installe peu à peu dans le rôle du recours qu’aucun leader ne semble pouvoir incarner.
Karfa Sira Diallo
senenews.com
Les R il faut les rouler si on parle la langue de Molière. Par contre, quand on parle Wolof, faut pas les rouler. Loolu rek la!
Les R il faut les rouler si on parle la langue de Molière. Par contre, quand on parle Wolof, faut pas les rouler. Loolu rek la!
Vous ne savez pas les vrais francophones( j´entends par là tous ceux qui comprennent le français) ont toutes les difficultés pour comprendre les Sénégalais.
Abdou Diop, Abdou Diop, ah Abdou Diop ! On a « toutes les difficultés pour [vous] comprendre » vous aussi… malgré trois posts successifs !!!