Immunisé! Voilà ce que doit ressentir tout observateur du jeu des acteurs politiques sénégalais qui n’a pourtant pas fini de nous servir de ses ribambelles les plus sordides. Depuis l’accession à la « souveraineté dépendante » du pays, les différents par défaut présidents qui se sont succédé à la tête de l’État sénégalais avec leurs lots de laudateurs dévoués, ont enfermé dans un précieux sac de répugnants et ignobles faits et actions politiques qui vont hélas décorer pour toujours son bilan. Les multiples tragédies enregistrées dans la gestion des affaires économiques, politiques, sociales, culturelles, diplomatiques et judiciaires du pays ont été toutes, peu ou prou, digérées par un peuple meurtri mais fatalement stoïque. Des souvenirs, sel de notre mémoire collective, s’accumulent! Ainsi, ne quittent pas nos pensées: l’hégémonie de partis, la crise politique de décembre 1962, les politiques d’ajustements structurels, la dévaluation du franc CFA de 1992, la radiation de policiers, l’année blanche de 1988, l’année invalidée de 1994, les tentatives de musellement des partis d’opposition avec les emprisonnements d’acteurs politiques, les assassinats, les chantiers de Thiès, les fonds politiques, les milliards de Taiwan, les accusations d’enrichissement illicites et de détournement de fonds publiques et j’en passe…
La fin de cette série interminable qui ne finira jamais de finir plonge l’État sénégalais, comme le dit La Boétie, dans une totale « servitude volontaire ». Des politiciens s’installent sans-gêne dans le confort constant du vagabondage politique, usent, abusent et se rivalisent de plusieurs de stratagèmes tendant à séduire et/ou à affaiblir une partie peuple qu’ils prennent pour des amnésiques. Et là, les sentinelles vigilantes jusqu’ici pour un NON juste et honorable, s’affaissent et périclitent pour laisser pantois de fidèles admirateurs définitivement malheureux de leur actes de dévotion…
Au Sénégal, disons-le! Qui n’a pas un jour aimé ou partagé des écrits ou des propos d’Abdou Latif Coulibaly, de Souleymane Jules Diop, de Moubarack Lô et consorts? La sincérité tenace qu’ils attribuaient à leur combat et engagement citoyen tendancieux s’est soudainement évaporée. Autrement dit, en voyant ces « délinquants politiques » envahir les médias tout à fait à l’aise dans leur être et paraître, nous perdons naturellement le sens de la cohérence logique d’une hiérarchie de nos valeurs, de nos principes, de nos engagements, de nos intérêts individuels ou collectifs, de nos réussites, de nos privilèges, de nos paroles, de nos actes….de tout ce qui définit notre noblesse d’esprit libre, libéré de toute bassesse.
Malins, rusés, subtils, insaisissables, mégalomanes, irascibles, illogiques, irrationnels et monstrueux selon les circonstances, ces Hommes ayant toute honte bue, des champions du dédit, le wakh wakheet, représentent la « maladie sénégalaise ». Ils sont de véritables narcissiques aveuglés par l’air frais du pouvoir! On les entend se dérober et se justifier sans arrêt en prenant un malin plaisir de flatter souvent, au détriment d’un apparent éblouissant de faits et gestes récents et brandis par leurs interlocuteurs, les basses qualités du président de la République. Ils vivent dans les méandres de la démagogie politique pure…Lorsque les démagogues parlent, leurs propos sont considérés comme démagogiques en ce sens qu’ils » sont proférés dans le but d’obtenir le soutien d’un groupe en flattant les passions, en exacerbant les frustrations et les préjugés populaires. Pour cela, le démagogue utilise des discours délibérément simplistes, sans nuances, dénaturant la vérité et faisant preuve d’une complaisance excessive. Il fait ainsi appel à la facilité, voire à la paresse intellectuelle, en proposant des analyses et des solutions qui semblent évidentes et immédiates. Il ne fait pas fait appel à la raison et il n’y a pas réellement de recherche de l’intérêt général ». Ces politiciens démagogues qui énervent et dérangent dans l’échiquier politique sénégalais sont donc, en reprenant le mot de l’économiste Georges Elgoy, ces orateurs qui promettent à tous ce qu’ils refusent à chacun, s’ils sont en camping provisoire dans les berges fleuries du régime en place. Aussi, ils sont ceux qui promettent à chacun ce qu’ils refusent à tous, s’ils sont dans le fond du gouffre insondable de l’opposition. Voila pourquoi le philosophe Aristote considérait la démagogie, avec l’anarchie, comme étant la perversion de la démocratie. Prenons en garde!
Et…semble-t-il, une atteinte grave est portée ainsi à ce désir ardent d’un brave peuple de vivre avec de véritables modèles d’hommes politiques. Le mirage est bien lointain! En danger, méfions-nous, chers concitoyens sénégalais tout en continuant à trouver réponse à cette question abyssale qu’on se pose, à la suite de Nietzche:
Est-ce que notre SÉNÉGAL pense encore?
Pathé Guèye
Montréal, le 11 janvier 2016
Bon article pertinent. Félicitations Mr Gueye. Précision la dévaluation c’était en 94….omission certainement mais c’est un excellent article.