Le monde paysan doit ressentir un soulagemnt d’entendre le président de la République, lors de sa tournée économique au Saloum, promettre de tout faire pour que les récoltes soient achetées. Nous en avions fait la demande lors de notre tournée dans le Saloum. Il reconnaît lui-même les problèmes de commercialisation de l’arachide, contrairement à certains de ses proches. Cependant, nous sommes inquiétés par les explications fournies par le Président de la République lui même, de même que les solutions préconisées.
D’après lui, le problème de commercialisation de l’arachide découle d’une production record enregistrée cette année. Et il s’empresse de déclarer que cette production record est consécutive à la bonne politique agricole du gouvernement pour revivifier la filière arachidière. Une performance qui résulterait, d’après le Président, de la reconstitution du capital semencier, la modernisation de l’agriculture et l’amélioration des techniques de production.
À travers cette explication alambiquée, le président Macky Sall reconnaît que chez lui on se plaît à gouverner mais on ne s’inscrit nullement dans la prévision stratégique. Comment peut-on déclarer investir autant d’efforts dans l’agriculture et ne pas prévoir une production record?
Pourquoi n’avoir pas anticipé sur les possibilités d’un rythme de collecte qui risquerait d’être lent, faute de trésorerie et ainsi fournir aux paysans des solutions de protection des graines d’arachide?
Le Président de la république nous inquiète encore lorsqu’il déclare que » quand un pays produit 1 millions 411 milles tonnes d’arachides par année, il est temps pour lui de développer des stratégies de commercialisation « .
Monsieur le Président devrait savoir que la commercialisation de l’arachide est une politique publique qui nécessite un plan stratégique. Les négociations qu’il a décidé d’engager avec la République Populaire de Chine et d’autres pays pour qu’ils participent à la campagne arachidière, l’augmentation des points de collecte, le financement de la SONACOS, les discussions avec les opérateurs privés, sont autant d’actes qui devaient être envisagés depuis le début pour pouvoir faire face à une éventuelle production record compte tenu des investissements dans le secteur.
En attendant que le gouvernement réfléchisse sur les solutions et leur mise en œuvre, les paysans sont désemparés et obligés de brader leurs récoltes faute de moyens de survie.
C’est ce laxisme du gouvernement qui est insupportable et qui coûte cher à d’honnêtes citoyens sénégalais qui ne demande qu’à vivre de leur travail.
Thierno Bocoum
Prèsident AGIR
NB: ci-dessous une vidéo qui est une preuve de l’exaspération des paysans face à une mauvaise politique du gouvernement dans la commercialisation de l’arachide.