La dérive raciste des supporters du Beitar Jérusalem contre un joueur musulman de leur club

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Ce club israélien a subi ces dernières semaines des actes de violence de la part de ses supporters, en colère contre le recrutement de deux joueurs musulmans dans l’équipe. Une affaire qui choque le pays.

Quand Gabriel Kadiev, jeune joueur musulman de 20 ans originaire de Tchétchénie, est entré sur la pelouse à la 79e minute, les supporters extrémistes du Beitar lui ont réservé un accueil des plus détestables. « A chaque fois qu’il a touché la balle, le nouveau joueur a reçu des salves de sifflets et d’insultes au cours du match contre l’équipe de la ville israélo-arabe de Sakhnin qui s’est terminé sur un résultat nul [2-2] », raconte The Washington Post. Ce 10 février, c’était la première entrée en jeu de Kadiev au Teddy Stadium. Il est l’un des deux joueurs musulmans de Tchétchénie recrutés il y a peu par le Beitar Jérusalem.

Des supporters du Beitar Jerusalem avec une bannière "Votre haîne a brulé notre amour" pendant le match contre Bnei Sakhnin, en réaction aux actes violents des supporters racistes du club - AFP

Des supporters du Beitar Jerusalem avec une bannière « Votre haîne a brulé notre amour » pendant le match contre Bnei Sakhnin, en réaction aux actes violents des supporters racistes du club – AFP

C’est la première fois que des joueurs musulmans intègrent l’équipe du Beitar, seul club israélien à ne compter jusqu’ici que des joueurs juifs dans son effectif. Un recrutement « qui a plongé le club dans un scandale national et international, et suscité de nombreux appels à contrer le racisme manifeste d’un noyau dur de supporters », note The Guardian.Cette frange extrême, dont le slogan favori est « Mort aux Arabes ! » et qui a l’habitude d’étendre dans les tribunes une bannière avec l’inscription« Beitar pur pour toujours », a violemment réagi à l’arrivée des deux joueurs musulmans. Un accès de violence raciste sans précédent dans l’histoire du club. « Depuis leur arrivée à Jérusalem, [les deux joueurs] subissent railleries et harcèlement, note The World. Quatre supporters du Beitar ont été accusés d’actes de violence à caractère raciste. Et le vendredi 8 février, un incendie d’origine criminelle a visé les locaux du club de Jérusalem », poursuit le site d’information.

« Beitar était la surprise de la saison jusqu’à la mi-janvier. Mais depuis que les deux joueurs sont arrivés, l’équipe a perdu trois matchs d’affilée »,explique Ha’Aretz. Les supporters les plus extrémistes – regroupés au sein du gang La Familia – ont alors cherché à « convaincre tout le monde que l’arrivée des deux musulmans [était] responsable du blocage mental qui empêche l’équipe de jouer », poursuit le quotidien israélien. Et ce dernier ajoute : « La vérité, c’est que le Beitar est devenu moins bon récemment. Le club avait désespérément besoin de l’arrivée de nouveaux joueurs pour élever le niveau de l’équipe, malgré des finances en piteux état. »

Dans ce contexte, les autorités redoutaient le match contre Sakhnin, et un dispositif de sécurité exceptionnel a été déployé autour du Teddy Stadium : 700 policiers ont interdit l’accès au stade à toute personne portant des symboles d’appartenance à La Familia. Ces mesures ont semblé fonctionner au début du match, mais l’atmosphère s’est tendue lorsque les visiteurs ont ouvert le score, doublant même la mise avant la mi-temps (0-2 à la pause). Ce n’est qu’avec l’égalisation du Beitar en seconde période que les supporters se sont calmés – plusieurs d’entre eux ayant été expulsés par les forces de sécurité.

Le journal Ha’Aretz tient toutefois à nuancer le bilan, soulignant que de nombreux spectateurs ont applaudi l’entrée de Gabriel Kadiev, pour s’opposer aux hooligans. « Sur l’ensemble du match, [les membres de La Familia] ont perdu face aux supporters raisonnables de Beitar – largement majoritaires –, qui les ont tout simplement fait taire à chaque fois qu’ils tentaient d’empoisonner la partie », se réjouit Ha’Aretz.

Cependant, l’affaire a profondément choqué le pays, et les condamnations ont été unanimes. Le président Shimon Pérès a vivement condamné ces actes de violence, et le Premier ministre Benyamin Nétanyahou les a qualifiés de « honteux », ajoutant que « le peuple juif, [qui a] souffert de boycotts et de persécutions, devrait montrer la lumière aux autres nations », rapporte le Guardian. L’ancien Premier ministre Ehoud Olmert, fan du Beitar depuis quarante ans, a indiqué qu’il ne se rendrait plus aux matchs à cause du comportement des supporters : « Cette affaire nous concerne tous. Soit on bannit ce groupe raciste de nos terrains, soit on est tous comme eux. Tant que cela ne sera pas fait, je ne suivrai plus l’équipe. »

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