La grève fait mouche

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Après une première salve de 24 heures de grève déclenchée hier, lundi 12 août et qui a fortement impacté la mobilité urbaine et interurbaine, le Syndicat des transporteurs affiliés à la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts) a décidé hier tard dans la soirée, de sursoir au mot d’ordre de grève de 48h qui devait se poursuivre ce mardi. Cela fait suite à la réaction du gouvernement qui rencontre demain mercredi, ledit syndicat, pour arrondir les angles. Dans leur plateforme revendicative, les transporteurs réclament entre autres, la réduction des prix du carburant et réfutent l’étude relative au permis à points tout en étant totalement en désaccord avec l’attribution de la gestion de la nouvelle gare routière à un privé. Toutes sortes de revendications qui font que les transporteurs n’ont trouvé d’autres formes de pression que la mise à l’arrêt des transports publics urbains et inter urbain qui a eu des conséquences plutôt fâcheuses pour les usagers.

La journée d’hier, lundi 12 août, a été très compliquée pour les usagers de la route. Le transport public a été fortement perturbé par la grève de 48h (elle prend fin aujourd’hui, mardi) du syndicat des transporteurs affiliés à la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (Cnts). Un mot d’ordre largement suivi à Dakar et dans les autres régions pour exiger la réduction des prix du carburant et la non affectation de la gestion de la nouvelle gare routière à un particulier. Tout comme ils réfutent également la mise sur pied par le gouvernement du Sénégal du permis à points.

Durant toute la journée d’hier, les gares routières du centre ville de Dakar, notamment celles de Pompiers et Petersen, ont été affectées par le mouvement d’humeur. Ces deux gares qui sont les plus fréquentées à Dakar avaient totalement rompu avec leur ambiance habituelle. Sur les lieux aucun bus, ni véhicules sept places ou encore les minicars, n’ont bougé d’un iota. Même les activités connexes telles que les restaurants et autres ont été affectés par le mouvement d’humeur.

La situation était d’autant plus catastrophique que le lundi, premier jour de la semaine, est une journée habituellement chargée. En plus de l’absence des moyens de transport, une pluie battante est tombée dans certains quartiers comme Guédiawaye. Les usagers pouvaient se contenter de la ligne 27 Tata et le transport Dakar Dem Dikk dont la fréquence n’était pas des meilleures alors que les différents arrêts étaient bondés de monde.

« Je suis là depuis 8h pour chercher un véhicule. Je suis obligé de rebrousser chemin », a dit Abdoulaye. D’un ton désespéré, il ajoute que « les taxis font la loi ici. C’est trop cher. Ils profitent de cette grève pour augmenter le prix du transport. Avec la fin de la Korité, j’ai pas d’argent ».

Les taxis, les minibus tatas et les charrettes étaient les seuls moyens de transport durant la journée. Les Banlieusards étaient obligés de recourir souvent aux charrettes pour leurs déplacements entre Thiaroye, Yeumbeul et Diamaguene. A Guédiawaye et à Pikine, le spectacle était identique.
La grève fortement ressentie dans les régions

La grève décrétée par le Syndicat national des travailleurs des transports routiers du Sénégal (Snttrs/Cnts) a été largement suivie dans les régions de Kolda, Thiès, Louga, Kaolack, Fatick et Ziguinchor.

Plusieurs passagers venus fêter la Korité se sont massés dans les gares routières, dans l’intention de rallier la capitale sénégalaise. Faute de moyens de transports publics, ils s’étaient regroupés en masse le long des routes nationales, pour faire de l’auto-stop.
« Comme vous le constatez, nous avons respecté le mot d’ordre de grève, conformément à la décision de notre syndicat pour protester contre des mesures prises par le gouvernement », a déclaré Yaya Diallo, président du Regroupement des transporteurs de Kolda à L’APS. Tout en ajoutant que « nous sommes conscients des désagréments chez les populations, qui dans leur majorité, se déplacent à l’aide du transport en commun».

Des grèves de transporteurs, les taxis motos Jakarta en redemanderaient presque chaque jour. Dans la capitale du Fouladou, ils assurent le transport à l’intérieur des quartiers.

A Ziguinchor, les transporteurs n’ont pas dérogé à la règle. Le mot d’ordre a été suivi à lettre, paralysant le trafic interurbain et celui de la commune. Ici aussi, seules les motos Jakarta et des véhicules particuliers sont sur la route.

Le président du regroupement des chauffeurs, Papis Touré confie à l’APS, que « la grève est respectée à 98% au niveau de la Casamance naturelle. Tout est arrêté. On a peut être quelques difficultés avec les conducteurs de moto. Mais je crois que la situation sera maitrisée sous peu de temps ».

« Les points essentiels, c’est d’abord le chauffeur qui doit être jugé comme un criminel en cas d’accident mortel. Deuxièmement, pour les permis à points, il n’y a pas de mesures d’accompagnement. Nous n’avons pas d’infrastructures », a-t-il souligné à l’Aps.
Tout en précisant que les accidents mortels font partie de la « volonté divine », M. Touré invite l’Etat à « réfléchir à l’état des routes, au comportements des piétons et autres usagers de la route ».

Toutefois, il reconnait qu’il y a « de l’indiscipline. Nous le constatons. Notre souhait est que la gare routière soit comme le port ou l’aéroport. Mais cela se fera avec l’accompagnement de l’Etat. Le gouvernement doit nous accompagner pour obtenir cela ».

La mobilité urbaine et interurbaine a été paralysée à Sédhiou. Selon le président Balla Moussa Dramé, président des chauffeurs et transporteurs de la gare routière, « aucun défaillant n’a été noté sur l’ensemble des cinq gares routières ». Tout comme dans les régions du Sud, le mot d’ordre de grève qui prend fin aujourd’hui, mardi, a été suivi dans la région de Louga.

« Nous restons déterminés à aller jusqu’au bout de cette grève. Nous rejetons le projet d’instauration du permis à points. Nous sommes confrontés à des problèmes beaucoup plus importants que l’Etat doit résoudre », a indiqué Gora Diop, au cours d’un entretien qu’il a accordé à l’Aps. Pour le président régional du Regroupement des transporteurs, « l’instauration du permis à point vise à contraindre à un chauffeur à faire la manche pour survivre». Et de poursuivre : « ce qui est sûr c’est que l’ensemble du secteur est paralysé sans que nous ayons recours à la violence ou à l’intimidation».

La gare routière communale, sise à l’entrée de la ville de Fatick, est pratiquement à l’arrêt. Selon l’Aps, les lieux sont vides, sur place il n’y a que quelques cars « Ndiaga ndiaye », stationnés à l’intérieur.

Tout transporteur doit se sentir concerné par les revendications posées sur la table par le syndicat. C’est la raison pour laquelle, aujourd’hui, nous avons décidé de paralyser le système à Gossas, Foundiougne et même dans certaines localités », a affirmé le président du Regroupement régional des chauffeurs de Fatick Abdoul Aziz Sakho.
Le président du Regroupement des transports et chauffeurs de la région de Thiès embouche la même trompette en déclarant «aucun véhicule de transport en commun n’a quitté la gare routière pour rallier d’autres régions du pays». Pour Abdoul Diakhaté, le mot d’ordre est suivi par l’ensemble des transporteurs et chauffeurs.
Le satisfecit du syndicat

Le Syndicat national des travailleurs des transports routiers du Sénégal (Snttrs/Cnts) s’est dit, hier, très satisfait de la grève des transporteurs affiliés. Le secrétaire administratif du syndicat, Aliou Soum, fait le point sur les ondes de la Rfm.
« Je peux dire que la grève est suivie à 95%. Actuellement à l’heure où nous parlons, nous avons des informations au niveau des régions et là c’est la totale. A Dakar, c’est vrai que nous sommes le syndicat le plus représentatif mais personne ne peut faire l’unanimité. A Dakar Dem-Dikk et les bus Tata, il y a des travailleurs qui ne sont pas affiliés à notre syndicat, c’est normal ».

Pour ce qui est du permis à points, il a expliqué que « ce système est appliqué dans les pays développés mais actuellement au Sénégal, nous ne pouvons pas appliquer ce système qui a été initié uniquement dans le but d’éradiquer les accidents alors que pour nous, il ne peut pas le faire ». Pour éradiquer les accidents, il propose « d’organiser une assise nationale sur le transport qui va regrouper tout le monde qui gravite autour du secteur. De ce fait, on pourra faire un diagnostic global de toutes les causes des accidents. Certes les chauffeurs en font partie mais l’Etat aussi est responsable ». M. Soum annonce par ailleurs d’autres plans d’actions qu’il « ne compte pas dévoiler pour le moment ».A Touba, le mot d’ordre a été suivi malgré le véto de Sérigne Mokhtar Mbacké, interdisant toute tentative de grève dans la ville sainte. «Ce sont les chauffeurs eux-mêmes qui ont refusé de travailler parce que même s’il n’y a pas de grève ici dans la communauté rurale de Touba, ils ne pourront pas accéder aux autres régions. Les chauffeurs des autres régions vont sûrement leur interdire l’accès aux gares routières », a fait savoir Dame Sow du Regroupement des chauffeurs.
L’Aftu se désolidarise

Le secrétaire général de l’Aftu s’est désolidarisé aux motifs de la Snttrs en raison de deux points. Djiby Ndiaye explique que « nos camarades disent qu’il y a une nouvelle gare routière qui a été ouverte et affectée à un opérateur qui s’appelle Mbaye Sarr. Je vous rappelle qu’on a fait un appel d’offres pour cette gare, et c’est Mbaye Sarr qui avait gagné à l’époque. Il y a un ou deux ans de cela. Au moment où on doit opérer dans cette gare, ils ne sont pas d’accord». Affirmant que le permis à points est en phase d’étude, le Sg de l’Aftu revient à la charge pour dire qu’ils (les membres du Cnts, Ndlr) ne sont pas «d’accord même sur cette étude». Il poursuit en précisant que « nous avons des engagements vis-à-vis des banques et de l’Aftu. C’est pour cela qu’on n’a pas participer à ce mouvement d’humeur ».
Une rencontre prévue mercredi

Si les autorités étatiques notamment le directeur des Transports annonce la prise des dispositions pour le déplacement des citoyens, du coté du ministère des Infrastructures et des Transports, une rencontre élargie est prévue ce mercredi pour continuer les négociations avec les syndicats. C’est pourquoi le Syndicat des transporteurs affiliés à la Cnts a décidé hier, tard dans la soirée, de sursoir au mot d’ordre de grève qui devait se poursuivre aujourd’hui. Rappelons que dans un communiqué rendu public dimanche 11 août 2013, le ministère des Infrastructures et des Transports s’est dit « surpris de l’annonce du dépôt de préavis de grève par ledit syndicat. Ce préavis aurait été déposé le 20 juillet 2012 et avait fait l’objet de négociations». Le ministère en charge de cette question avait rappelé que « les acteurs qui s’opposent à l’ouverture de la gare des Baux maraîchers ont soumissionné pour la gestion de cette dernière à leur compte privé et n’ayant pas été retenus remettent en cause le principe de gestion ».

Pour Thierno Alassane Sall, « des négociations ont toujours eu lieu entre partenaires sociaux. Elles ont porté notamment sur le contrôle technique des véhicules, la charge à l’essieu et l’ouverture de la gare des Baux maraîchers. En effet, sur chacun de ces dossiers, un mécanisme de dialogue et de concertation dynamique a été mené à travers des comités de suivi inclusifs ».

sudonline.sn

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