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La Jeunesse et le chômage : Quelles mesures prendre pour remédier à cette crise du marché de l’emploi ?

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Se réveiller chaque matin à la même heure et se tourner les pouces est le lot quotidien de milliers de jeunes chômeurs issus de la banlieue et des périphéries de la capitale Dakaroise. D’aucuns se demandent si la Providence ne les a pas oubliés dans la foulée. Au point où ils en sont, certains crient et fort que seules des politiques d’emploi des jeunes conséquentes, spécifiques et réalistes, pourraient les aider à s’en sortir. Votre Magazine PiccMi.Com s’est emtretenu avec quelques jeunes de la banlieue Dakaroise. Entretien.

Ahmet Thiam, âgé de vingt-cinq ans, à la corpulence forte et au sourire ravageur, vit à Pikine Tally Boubess avec ses parents. Il fait partie de ces jeunes gens au physique avenant qui n’ont pas eu la chance de faire éclore leur potentiel, faute de moyens. Il a très tôt quitté les bancs de l’école pour s’adonner au métier de menuisier-ébéniste dans l’atelier d’un de ses oncles maternels situé à Pikine Icotaf. Il y travaille depuis cinq ans maintenant et nous confie dans un souffle qu’il « n’a pas le choix ». Autrement comment « pourrait-il subvenir à ses besoins sociaux les plus élémentaires comme s’acheter des habits par exemple ? »

En s’acharnant, c’est une façon de parler, sur une planche de bois dont les copeaux partent ensuite dans tous les sens, Ahmet confie que sa copine l’a quitté dernièrement à cause de sa situation sociale précaire. « Elle me demandait toujours des choses que je ne pouvais pas lui acheter. Elle m’a brisé le cœur en me tournant définitivement le dos. Jusqu’à présent, je ne me suis pas encore remis de son départ. Si j’avais été cadre supérieur dans une Banque, elle serait sans doute restée avec moi. Malheureusement pour moi, je n’ai pas eu la chance de faire de longues études. Mes parents étaient trop pauvres à l’époque. Actuellement, la situation familiale ne s’est toujours pas améliorée. Mais nous avons tous foi en Dieu. Lui et Lui Seul peut nous tirer de ce mauvais pas. »

L’oncle et patron de Ahmet, la cinquantaine révolue, se déclare quant à lui, révolté par la désastreuse situation sociale dans laquelle des milliers de jeunes se trouvent plongés depuis « des temps immémoriaux ». Ecrasant sa cigarette sous son pied, le menuisier en chef, se cale plus confortablement sur son fauteuil en rotin et lance sur un ton énergique que « le phénomène de l’inégalité des chances en matière d’emploi, d’éducation, entre autres volets sociaux importants, ronge les jeunes du Sénégal au quotidien.» Il hurle des ordres, aussitôt exécutés par ses employés, par-dessus son épaule et poursuit sur le même ton : « La majeure partie de mes enfants sont composés de garçons dont la tranche d’âge oscille entre quinze et trente-deux ans. Ils travaillent tous ici avec moi. Les filles quant à elles sont parties à l’intérieur du pays, du côté de Kaolack, pour y officier en tant qu’aides ménagères. Je n’avais pas assez de moyens à l’époque pour leur permettre de poursuivre leurs études. Je ne suis pas le seul père de famille à vivre ce genre de situation. Je ne suis qu’un cas parmi tant d’autres. »

Plus loin, aux abords de l’entrée de Pikine, non loin du Complexe Culturel Léopold Sédar Senghor, une jeune femme presse le pas. Elle tient par la main son enfant âgé de quatre ans à peine, une fillette mignonne à souhait. Interpellée sur la problématique du chômage des jeunes, la jeune dame déclare que son mari ne travaille pas bien qu’étant diplômé en Sciences économiques. « A mon avis, il aurait dû faire une formation professionnelle qui le qualifierait automatiquement. Il ne manque pas d’ambition, seulement il n’a pas les moyens de réaliser ses vœux les plus chers comme s’inscrire dans une bonne école par exemple ou se lancer dans l’entreprenariat. C’est moi qui fais tenir notre ménage grâce aux recettes tant bien que mal générées par le salon de coiffure que j’ai ouvert aux abords du marché « Zinc » de Pikine et que je gère avec ma belle-sœur. Ceci étant, les jeunes du Sénégal ont l’impression d’avoir été bernés par un système qui ne tient pas compte nécessairement de leurs attentes en matière d’emploi. Ils ne demandent qu’à gagner honnêtement leur vie. Comment pourraient-ils le faire si on ne leur en donne pas les moyens, hein, dites-moi ? »

Sur ce, elle s’excuse et s’éloigne rapidement. Un vendeur de cartes téléphoniques installé presque sur le trottoir y va de son commentaire acerbe, quant à lui. Ses collègues le somment de se mettre à l’abri des véhicules qui roulent à vive allure sur ce virage dangereux de l’entrée de Pikine. L’homme en question, qui aura quarante ans dans quelques jours argue, toutes dents dehors, que l’heure est grave. « Mes enfants ont dû émigrer en Gambie pour y chercher un emploi. J’habite moi-même à Thiaroye Gare. Chaque matin, je prends le car en compagnie de ma femme pour venir ici. Elle tient une gargotte non loin du marché Syndicat. Nos revenus cumulés ne nous satisfont pas et ne nous aident pas non plus à honorer les lourdes charges sociales auxquelles nous sommes quotidiennement confrontés. Le peuple, c’est nous. Si nous sommes opprimés, ce pays n’ira jamais loin, c’est moi qui vous le certifie. Les jeunes doivent insérés dans l’urgence dans la vie active. Autrement, ce sera la galère constante pour eux.»

Combien sont-ils à vivre cela chaque jour que Dieu fait ? La réponse est donnée par un groupe de jeunes gens qui attendent les cars qui les mèneront dans les régions intérieures du terroir. Installés aux abords de l’intersection Pikine-Yarakh, du côté de la route qui mène à Thiés et autres départements du pays, ces jeunes se soucient très peu de la chaleur accablante qui règne en maitre sur les lieux. A treize heures passées, ces candidats à l’émigration interne se déclarent prêts à aller là où la chance leur sourira. Quitte à quitter le pays et aller s’installer ailleurs. L’un d’entre eux, qui semble être le plus en forme, argue que « c’est le seul moyen de se faire de l’argent de poche parce que Dakar est si saturée qu’on ne peut plus rien soutirer d’elle. Les autres régions sont quasiment vides et manquent de main d’œuvre certainement. Rester chez soi avec les temps qui courent équivaudrait à essuyer à tout moment le mépris des membres de sa famille. Il est hors de question qu’on coure le risque de finir chômeur toute notre vie durant. » Les propos de ce dynamique jeune homme sont confortés par le reste de la bande qui pense que rien n’est fait « actuellement pour aider la jeunesse sénégalaise à quitter les rangs du chômage. Une trop longue période d’inactivité peut être néfaste pour eux. L’avenir de la Nation reposant sur la jeune génération, des mesures idoines devraient être préconisées pour aider les jeunes gens à s’insérer le plus rapidement possible dans la vie active.»

Voilà qui donne matière à réflexion quand on considère le fait qu’on soit diplômé ou pas, on chôme quand même dans ce pays. Dans la majeure partie des cas, des milliers de jeunes ne savent plus à quel saint se vouer quand il s’agit de débattre de leur avenir et de leur insertion professionnelle au sein de circuits rentables. « Le fait pour ces derniers de ne trouver aucune perche qui puisse les mener vers un nid d’emploi salarié, peut les pousser automatiquement à choisir la périlleuse solution de l’émigration clandestine, entre autres déviances sociales. » ajoute cette jeune femme, étudiante en Médecine, à l’UCAD.

Que penser dès lors de ces réactions instantanées qui viennent directement des principaux concernés, eux-mêmes, à savoir les jeunes chômeurs ?

Reportage: K.Ndir
Wwww.PiccMi.Com

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