Faire entendre la voix de la jeunesse
Dans cette lutte du peuple pour la sauvegarde et la protection de ses ressources naturelles, qui pouvait être mieux placée que la jeunesse pour porter ce combat de liberté ? La lutte contre la corruption est un combat pour la dignité. Il n’y a pas de lutte plus noble que celle de la défense des ressources naturelles de son peuple contre les spoliateurs internes et externes. C’est pour cette raison que le Professeur Samb soutient la jeunesse dans cet engagement citoyen et patriotique. Dans ce sens, il affirme : « La jeunesse doit toujours faire entendre sa voix sur toutes les questions qui agitent la société. De toutes les forces vives de la société, elle est potentiellement la plus ouverte au progrès et la plus apte à comprendre les changements que dicte le cours de l’évolution du monde » (Samb, 2018, p.55).
C’est heureux de constater dans les rassemblements du peuple qui lutte pour sa dignité et sa liberté, que les étudiants occupent les premiers rangs. Cette jeunesse instruite doit être à l’avant-garde de la lutte contre la corruption, la spoliation et la prédation des ressources des peuples opprimés du Sud. Ils trouveront chez le Professeur Samb, les motifs de s’engager davantage dans ces luttes pour défendre leur avenir que les exploiteurs et les oppresseurs tentent de le leur voler à travers ces termes : « Aujourd’hui comme hier, comme demain, les étudiants ont constamment le droit de se révolter » (L’heur de philosopher, I, 2017, p.60). La révolte est la manifestation d’un peuple qui entre en « état de rébellion » contre l’injustice et l’inégalité. Les étudiants doivent s’insurger contre toute forme de domination et de subordination. Dans tous les pays du monde, les mouvements étudiants se mobilisent pour des causes justes. De ce fait, ils constituent la conscience des nations. Ils doivent rester fidèles à l’esprit de Mai 1968, qui était un mouvement de liberté et de progrès. Rendant hommage à la jeunesse engagée dans cet évènement historique, le Professeur Samb écrit : « La jeunesse scolaire et estudiantine se réveillait brutalement pour dire son mot sur la marche du temps et sur les affaires de la cité » (Samb, 2019, p.186).
Dans cette lutte, le peuple doit porter la revendication démocratique de la révocation des mandats politiques dont les détenteurs ne sont plus dignes de confiance pour avoir commis des fautes graves. Ce sera une grande leçon de démocratie pour tous les peuples africains. La corruption des institutions est le premier facteur de la mal gouvernance endémique en Afrique. C’est pourquoi le Professeur Samb soutient : « La leçon fondamentale que l’on doit retenir, c’est que le peuple, quand il le juge utile, a le droit d’exercer directement sa souveraineté et de mettre un terme à toute dérive préjudiciable à la bonne marche du pays » (Samb, 2017, p.55). Ainsi, la révocation devient et reste un acte de souveraineté. L’avenir de la démocratie est dans la révocation des mandats ainsi que la sanction des dirigeants qui ont commis des manquements graves dans leur gestion. Professeur Samb en disait : « Il est nécessaire de prévoir une procédure de révocation permettant […] de mettre fin avant terme au mandat d’un président de la République indigne » (Samb, 2018, p.203). Au regard du climat malsain de corruption généralisée des institutions, il est temps de mettre fin à « l’irresponsabilité tant politique que pénale du président de la République » (Samb, 2019, p.68). C’est pourquoi, il est nécessaire de réformer l’État, si nous voulons entrer dans une ère nouvelle. Dans le même sens, le Professeur s’indigne: « Actuellement, l’extrême concentration du pouvoir entre les mains du chef de l’État, alors même que celui-ci ne répond d’aucun de ses actes (irresponsabilité politique), fors le cas jamais explicité de « haute trahison », le transforme de fait en monarque. Ce monarque échappant à tout contrôle, qui pourrait être guidé par ses humeurs, ses intérêts personnels, familiaux ou claniques du moment ou par les jeux d’influence autour de son cabinet, représente un danger pour l’exercice des fonctions véritablement régaliennes de l’État » (Samb, 2019, p.195).
Dans ce combat pour la dignité, le peuple renoue avec une longue tradition de lutte pour la justice et l’égalité. Professeur Samb ne cesse de nous rappeler que les Chasseurs du Mandé (depuis 1222) ont proclamés des principes politiques universels qui n’ont rien à envier à aucune déclaration sur les droits et les libertés. La Charte du Mandé stipule : « Que chacun veille sur les terres de ses pères ». Ce qui signifie que nous avons le devoir de veiller sur les ressources de notre pays afin qu’elles profitent à toute la nation, c’est-à-dire, les générations actuelles et futures.
#Conclusion
Lorsque des jeunes viennent à moi, déçus par la politique africaine, comme je le fus moi aussi, je leur recommande de lire Professeur Samb. Il nous a rendu notre dignité tout en nous indiquant de ne jamais renoncer à nos « responsabilités de construire un avenir, c’est-à-dire d’innover et d’inventer » (Samb, 2019, p.334).
Jeunes africains « assoiffés d’émancipation », lisez et relisez Djibril Samb et vous serez plus enthousiastes à poursuivre la lutte, parce que vous serez plus renforcés, moralement et spirituellement, intellectuellement et politiquement. Armez-vous de cette pensée révolutionnaire qui réveille brutalement le peuple des opprimés d’un songe qui dure depuis plus d’un demi-siècle ! Nous sommes à la veille d’une nouvelle « rébellion des peuples opprimés et exclus » qui veulent recouvrer leur liberté et leur dignité.
Jeunes africains, participez aux luttes d’émancipation des peuples pour « secouer le joug des oligarchies dominantes » (Samb, 2019, p.186) qui dépossèdent les nations du Sud de leurs richesses en les privant de leur dignité. Les peuples opprimés et dominés font irruption à nouveau dans l’histoire : ils luttent pour une Seconde Émancipation !
Telle est la leçon pleine de dignité du Pr Djibril Samb, depuis sa paisible maison de retraite de Saint-Louis !
PID