La liberté de l’Afrique ne pourra passer que par la justice avec le droit rien que le droit comme base de toute société civilisée. Une preuve supplémentaire vient de nous être donnée du Kenya par sa Cour suprême de la collusion en Afrique des Occidentaux, chantres de la démocratie, avec nos potentats locaux.
Alors que toutes ces organisations et institutions tant africaine avec l’Union africaine (UA) dont on se demande à quoi elle sert, européenne avec l’Union européenne (UE) et américaine avec le Centre Carter, avaient donné leur satisfecit vis-à-vis des élections kényanes, voilà que la justice kényane, celle des droits de l’Homme, a décidé de dire le droit rien que le droit. La Cour suprême annule ainsi l’élection présidentielle kényane du 8 août 2017 au grand dam et embarras des éternels donneurs de leçons.
Maintenant quel crédit accorder à la France qui avait félicité dès le 13 août le président kényan élu dans des conditions plus que douteuses et fâcheuses. Cette France qui nous a habitué à une prudence de sioux et un langage de sourd s’agissant des élections en Afrique Centrale.
De l’ex-président Sud-africain Thabo Mbeki qui s’était rapidement satisfait du déroulement de l’élection présidentielle conforme aux standards de l’UA, c’est la gueule de bois. L’heure de la retraite a sonné car la compromission n’a plus cours en Afrique. Pour le Centre Carter dirigé par l’Américain John Kerry et la Sénégalaise Aminata Touré, l’Amérique a raté le coach en cautionnant une pseudo-élection et accordant ainsi la prime au sortant. On perpétue de la sorte le cartel des chefs d’états africains en fermant les yeux sur toutes les incohérences et manigances.
Ceux-là même qui nous font des leçons de morale à longueur de journée, sont les premiers à avaliser en Afrique la malgouvernance, la fraude et l’absence de l’état de droit. Comme si ce qui est possible en Occident ne l’est pas pour l’Afrique. C’est l’autre qui disait que « La démocratie est un luxe pour les africains ». Pourra-t-on considérer l’eau potable qui est une nécessité vitale comme un luxe pour les occidentaux ?
Après le débat sur le franc CFA (Colonies Françaises d’Afrique) qui agite à juste titre une partie du continent africain, s’invite derechef celui sur la crédibilité des élections présidentielles en Afrique qui sont les seules au monde à devoir avoir la caution des occidentaux pour être validées. Ce qui sous entendrait que les Africains seraient incapables de se gouverner et de dire le droit ?
Ce temps est révolu et tant mieux pour la jeunesse africaine soucieuse des lendemains meilleurs à l’instar d’autres, mais qui désespère et meurt dans les océans glacés à la recherche d’un paradis hypothétique du fait de la seule méchanceté de ses dirigeants. Aucun peuple ne peut continuer à subir la servitude qui découle de la conjugaison de l’oppression de ses propres frères et des étrangers. En cela, nous disons trop c’est trop.
Le XXIème siècle sera le siècle de la renaissance africaine de Johannesburg à Nairobi en passant par Brazzaville. La voix des africains doit se faire entendre dans tous les domaines qu’ils soient sociétaux, économiques, sanitaires, éducatifs, juridiques, technologiques, etc. Aucun peuple n’a le monopole de la beauté, de l’intelligence ni de la force. Il est temps que ces enfants africains nés après l’indépendance en Hommes libres, devenus des adultes, reprennent le flambeau de nos pères libérateurs ; Ces visionnaires lâchement assassinés ou emprisonnés pour avoir voulu tracer le chemin du développement en Afrique. Une pensée émue pour tous ces panafricanistes comme Kwame Nkrumah, Patrice Lumumba, Jomo Kenyatta, Nelson Mandela, Thomas Sankara, Cheick Anta Diop, Gamal Abdel Nasser, Ruben Um Nyobe et bien d’autres. Leur combat est plus que jamais d’actualité. Ils avaient compris que ce qui était possible en leur temps en Occident l’était aussi en Afrique notamment la capacité des peuples à pouvoir se déterminer eux-mêmes. Mais certains n’ont pas voulu l’entendre de cette oreille.
A notre grand désarroi, l’Occident ne veut pas de justice dans nos contrées, mais de morale, cette notion floue entre le bien et le mal. Les Etats démocratiques que nous appelons de nos vœux doivent pouvoir se doter d’instruments juridiques capables de régir la vie des citoyens. Ma certitude profonde, c’est que le droit constitue le plus sûr vecteur des valeurs fondamentales d’une société démocratique. Par ailleurs, le point de référence d’une société civilisée est la qualité de sa justice.
La civilisation est née en Afrique ce qui inclut aussi le droit. Les juges de la Cour suprême du Kenya viennent ainsi le rappeler de manière éclatante. C’est cette Afrique du domaine de l’impossible qui devient possible qu’il nous faut bâtir. Le pillage de nos matières premières n’y changera rien, car la première d’entre elles que l’Afrique détient est l’intelligence de ses élites qui à défaut d’être corrompus, honorent ce continent qui nous est si cher.
Les Cours suprêmes des autres Etats africains qui telle la Tour de Pise penchent toujours du même côté, celui des dictateurs, doivent se redresser à l’instar de celle du Kenya.
En ce jour, je suis fier de dire que « Je suis Kényan ». Après l’athlétisme, sport dans lequel ils excellent, le Kenya devient dorénavant le porte étendard de la justice en Afrique. Prenons-en de la graine.
N’oublions jamais que « Les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts » dixit Charles de Gaulle. A nous d’en prendre conscience et de tirer notre épingle du jeu.
Patrice Aimé Césaire MIAKASSISSA
Merci cher compatriote Africain. Merci le Kénya. Le Sénégal était très bien parti pour servir un exemple parfait avec tous ses acquis démocratiques. Mais pour des raisons égoïstes d’une poignée d’individus, voilà le Sénégal tout entier appauvri de ses acquis et se met à chanter le Kényan. Merci la cour suprême du Kényan. Merci le peuple Kényan. Merci l’Opposition Kényane. C’est la conjugaison de ces 3 entités qui a conduit à ce succès. Cela rappel que le progrès ne peut se produire que si un certain minimum patriotique issu d’un minimum d’horizons divers est disponible.