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La livraison du fuel soumise aux conditions du fournisseur de la Senelec : Itoc prend Karim Wade à la gorge

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Le fournisseur attitré de la Senelec n’est pas disposé à autoriser une troisième expertise de son fuel avec une plainte pendante devant la Justice. Face au risque de pénurie, Senelec a accepté de radier aujourd’hui la procédure pendante, afin de débloquer la situation. Mais cela n’est qu’une petite partie du contentieux, et il faudrait après trouver plus de 12 milliards de francs pour payer le carburant disponible. La Senelec et son partenaire Itoc pourraient peut-être régler leur différend hors du prétoire du tribunal, si la politique se mêle de l’affaire. En effet, alors que l’assignation par la société de distribution de l’électricité de son fournisseur de carburant, afin de permettre à un expert indépendant de faire des prélèvements sur la cargaison du bateau MT Green Point, devrait être vidée demain, il se dit que les deux parties pourraient être arrivées à un accord. Ledit accord devrait permettre à Senelec de radier la procédure judiciaire, et permettre de ce fait à Itoc d’autoriser qu’un expert désigné d’accord parties puisse procéder aux analyses nécessaires du fuel contenu dans les cales du bateau.

La Senelec et la Sar avaient voulu que cette analyse soit effectuée samedi dernier, mais Itoc avait fermement refusé. Les arguments de la société de Abdoulaye Diao étaient de plusieurs ordres. D’abord, pour Itoc, le fuel du MT Green Point avait été analysé, notamment par les laboratoires de la Société africaine de raffinage (Sar), et de la Sgs. Ces deux analyses avaient délivré des certificats de conformité. Ensuite, et cela n’était pas négligeable, la Senelec, qui voulait le combustible, n’avait toujours pas été en mesure de fournir une garantie bancaire, pourtant contractuelle, pour le fuel en question. Ce qui avait conduit à l’assignation en Justice, Senelec et l’Etat voulant forcer Itoc à fournir une nouvelle expertise avant de prendre le produit pour alimenter ses machines.

La question était d’autant plus cruciale que, jeudi dernier, 27 janvier, des informations à l’intérieur de la Senelec faisaient état d’une réserve de 4 jours à la disposition de la société. Or, à l’horizon, les seules disponibilités sont celles du Green Point. Mais devant le battage médiatique de ces derniers jours, et le communiqué conjoint publié par le duo Sar/Senelec la semaine dernière, et qui présente ses produits comme étant à la base de la détérioration des turbines intervenue en juillet dernier, Itoc veut aussi s’entourer de toutes les garanties, avant de livrer son fuel.

Ainsi, une fois la procédure d’assignation radiée, et l’expertise indépendante effectuée, il faudra à Senelec éponger d’abord les 2,8 milliards dus au titre de la consommation déjà fournie et consommée depuis longtemps et qui devait être payés aujourd’hui, au plus tard. Si cela est fait, il faudrait à la Société nationale d’électricité, fournir une lettre de garantie de 10 milliards de francs Cfa environ, pour pouvoir faire décharger les 33 000 tonnes de fuel du MT Green Point, qui mouille au large de Dakar depuis plus d’un mois, et dont Itoc supporte seul les pénalités. Ces 33 000 tonnes constituent un mois de réserve pour la Senelec.

Au vu de la situation financière de la société, l’on se demande comment cela pourrait se décanter. Déjà, dans les journaux du weekend, le directeur de Senelec, M. Seydina Kane reconnaissait que sa société n’a pas assez d’argent pour acheter du combustible. Cela n’empêche pas que les employés fassent de leur mieux. On a noté le weekend à Dakar, une très sensible diminution des délestages. Ainsi, dans le périmètre Yoff-Parcelles Assainies, il a fallu attendre hier dans la soirée pour voir des coupures très prolongées d’électricité.

Se gargarisant de cette relative amélioration, le directeur de la communication de Senelec, M. Mamadou Diallo relevait hier dans la soirée, par téléphone, que ni la Senelec, «ni l’Etat, ne sont irresponsables au point de laisser le pays en totale rupture de stock». S’il ne pouvait pas dire la situation des réserves de carburant de l’entreprise, il voulait néanmoins écarter l’idée d’un très proche black-out du pays. On croise les doigts.

Car, si Karim Wade est intervenu auprès d’Itoc pour demander à disposer d’une avance de 10.000 tonnes du fuel qui est contenu dans les cuves du Green Point, sans même attendre l’avis des experts indépendants, ce que le ministre de l’Energie sait à quel point la situation énergétique est délicate. Et après la rebuffade qu’il avait essuyée auprès des banques de la place, M. Wade junior sait qu’il n’a pas beaucoup de marges pour pouvoir satisfaire aux exigences de Abdoulaye Diao, et de sa société.

lequotidien.sn

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