Ils s’embrassent le matin et s’embrasent le soir. Le patron de D-Media a longtemps déroulé le tapis rouge à Ousmane Sonko, à travers son groupe de presse (ou groupe de pression) au point d’irriter tonton Babacar Diagne le gendarme de l’audiovisuel, qui n’est jamais aussi talentueux que quand il joue les sentinelles, de Abdou Diouf à Macky Sall, en passant par Me Wade.
Tous les deux ont bâti leur ascension politique sur la victimisation qu’ils empruntent en raccourci vers les sommets de la popularité. Chez le leader de Pastef, la posture victimaire a été payante. Cependant à force de vouloir paraitre « damitou malaka » (demi-ange), sans tâche, Sonko a été pris dans son propre jeu, après les révélations de Adji Sarr. Même s’il n’y a pas viol, il se peut qu’il ait eu « contact ». M’enfin ! On a créé trop d’affaires dans cette affaire que l’on ne parle plus de l’affaire.
En tout cas, sentant que Sonko perd du terrain en semant le doute chez les « nandités » et autres « salté mind » prompts à inspecter les cuisines, Bougane Gueye Dany tente de combler le vide et suscite une vive riposte des pastefiens qui veulent le faire passer pour un cheval de Troie de l’Apr-Benno. C’est le jeu favori dans la SONKO-SPHERE d’après Thierno Bocoum : quand ils veulent noyer leur chien, il leur suffit de l’accuser de rage et on le fuit comme la peste.
Mais le patron de presse se défend mal, lorsqu’il soutient que ces comptes sont bloqués parce que tout simplement il est dans l’opposition à Macky Sall. Comme pour grossir la ficelle, il insiste en soulignant que c’est depuis 2019 que ses comptes sont bloqués.
On peut accuser Macky Sall de tous les péchés d’Israël, mais il n’a pas ce pouvoir, puisque le Sénégal, malgré la régression démocratique connue depuis 2012, n’est pas encore le Zaïre sous Mobutu.
Celui qui se sent morveux se mouche. Il y a quelques semaines, le même Bougane s’est plein d’un redressement fiscal en accusant toujours le pouvoir qui a bon dos. L’administration fiscale avait vite fait de démentir ces allégations. Même si la pratique existe dans nos démocraties tropicales, l’honnêteté intellectuelle voudrait que Bougane, après le démenti de la DGID, brandît les preuves de l’acharnement. Malheureusement l’accusateur, en ne revenant pas à la charge, passe pour l’arroseur arrosé.
Dites-nous Bougane ! Est-ce que ce n’est pas parce que ton business est en train de couler que tu es entré en politique pour exercer quelque pression ?
Il y a un peu moins d’un mois, selon une certaine presse, la première chambre du tribunal de commerce de Dakar a vidé le contentieux opposant la Banque agricole (ex-Cncas) à la société Boyges solutions systems limited. La structure de Bougane Guèye Dany a été condamnée à payer à la banque la somme de 611.489.959 F Cfa, outre celle de de 14.720.857,4 F Cfa au titre des pénalités de 10% « prévues à l’article 13 de l’acte de gage du 5 septembre 2014, sans préjudice des intérêts échus ou à échoir », selon la décision.
A en croire la même source, Boyges devra aussi verser 5.000.000 F Cfa à la Banque agricole à titre de dommages et intérêts pour résistance abusive et 3.000.000 F Cfa au titre des frais irrépétibles.
Par ailleurs, le tribunal indique que Bougane Guèye Dany sera tenu solidaire du paiement de ladite somme jusqu’à concurrence de celle de 590.346.984 F Cfa en principal.
Enfin, les juges ont validé l’hypothèque conservatoire inscrite sur l’immeuble objet du TF 19.652/GR sis à Dakar Sicap Cité Keur Gorgui, lot n° R130, appartenant à Bougane Guèye Dany ; ce, jusqu’à concurrence de la somme de 611.489.959 F Cfa.
C’est dire que les comptes de Bougane peuvent être bloqués pour des raisons extra-politiques.
En définitive, on n’a rien contre le brave monsieur, qui emploie de nombreux Sénégalais. Il faut même l’encourager. Cependant, il doit faire attention ! Wolof Ndiaye prévient : « kou gneup kham sa mouss nopi nga mouss ». La ruse qui se découvre ne sert plus à rien, à part se retourner contre son propre son propre auteur. La manipulation est une arme d’autodestruction massive.
