La question de la première impression dans les entrevues ou lors des contacts avec les employeurs par Doudou SOW
(La première impression est toujours la meilleure; dit-on souvent.)
La première impression est un élément important dans le processus de sélection québécois. Mais si l’on se réfère à l’interactionnisme symbolique du sociologue et linguiste américain d’origine canadienne, Erving Goffman, on pourrait imaginer un théâtre où chaque acteur joue un rôle (La présentation de soi (la mise en scène de la vie quotidienne, tome 1). Même si la recherche d’emploi est une affaire sérieuse, les employeurs se fient aux gestuels, aux mimiques, à la posture, à l’élocution et donnent une chance à la personne qui correspond le mieux aux compétences génériques et relationnelles. Un proverbe sénégalais décrit très bien la perception de la première impression. « Wuudé, na mu la gise, la lay ëwale : « Le cordonnier travaille pour toi comme il te voit » (traduction littérale). Les employeurs ne donnent souvent pas une seconde chance aux candidats de donner une première bonne impression.
Les immigrants sont très motivés et adoptent une attitude positive au début de leur arrivée au Québec. Ils sont dans une phase euphorique et entretiennent une relation lune de miel avec la société d’accueil. Ils donnent ainsi l’image d’un couple qui vient juste de convoler en justes noces. Mais cette lune de miel se termine au fur et à mesure que la personne immigrante éprouve des difficultés à se trouver un emploi dans sa terre d’accueil.
Une culture de la persévérance renforce un meilleur état d’esprit des nouveaux arrivants dans leurs démarches de recherche d’emploi (moral très bas, frustration, manque d’expérience québécoise, concurrence avec de nouveaux chômeurs québécois très expérimentés.) Le constat reste que la crise économique affecte tout le monde, mais est vécue différemment par des personnes immigrantes qui sont à la recherche de leur première expérience québécoise. Les chercheurs d’emploi immigrants doivent tout faire pour garder leur motivation intacte afin de se démarquer des autres candidats locaux à la recherche d’emploi.
Ils doivent, certes, être maîtres dans l’art de communiquer, mais en même temps faire leur la culture sisyphéenne de la persévérance. Cette démarche s’inspire du mythe de Sisyphe dans la mythologie grecque. Puni par les dieux, Sisyphe essayait continuellement de faire remonter le rocher en haut de la montagne. Ce courage sans faille, mais épuisant, reflète à bien des égards celui qu’exige la recherche d’un emploi. Entendons-nous bien ici, l’emploi est le premier facteur intégrateur et socialisateur de l’individu dans la société. C’est grâce à l’emploi que la personne se sent parfaitement intégrée à la société d’accueil.
Il convient de noter que, malgré certains obstacles à la recherche d’emploi, certaines personnes immigrantes ne prêtent pas le flanc au découragement. Dotées d’un tempérament de fonceur, elles essaient de mettre tous les atouts de leur côté afin de surmonter les difficultés liées aux exigences des ordres professionnels, à la non-reconnaissance des diplômes et des acquis, et à la barrière linguistique. Question de caractère bien sûr, mais dont on peut aussi s’inspirer.
L’auteur est sociologue-blogueur, conférencier et consultant. Il a publié en avril 2014 deux livres sur la question de l’intégration professionnelle des personnes immigrantes.
1- Selon l’interactionnisme symbolique, « L’objet est situé dans un cadre de réseaux de relations » (interactionnisme, interrelationnisme, symbolisme, ethnométhodologie).