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La rencontre (Par Alasaan Jóob At-Tijaani)

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C’était un jeudi, connu d’abord comme jour d’observance d’un jeun surérogatoire pour beaucoup de musulmans. C’était en avril, connu ensuite comme mois de naissance de la meilleure des créatures. Ce fut enfin un 29, que les doués d’alamulbayaan (science du langage), additionneraient volontiers pour aboutir au chiffre 2(2+9=11 ; 1+1=2) symbole d’un duo sinon un tandem. Deux faces d’une même pièce dussions-nous dire. Mieux, empruntons la logique des cartésiens pour reconnaître qu’entre 2 points, passent une et une seule droite. Cette linéarité que nous interpréterons en siraatal mustaqiim, autrement dit, la voix du Salut. 

Leur histoire se raconte dans des livres enfouis dans les vestiges d’une tradition soufie que le commun des aspirants peinerait à situer dans une chronologie islamique. Leur mérite, c’est de rouvrir ces tiroirs de l’histoire du soufisme pour en sortir des expériences et leur donner une seconde vie qu’ils incarnent à perfection. Le moment est on ne peut plus opportun que les hadaras Maalikit1 et Omarienne2 sont en perte de vitesse en matière de quête gnostique. L’un est dépositaire du legs de Seex Omar, l’autre est le parangon par excellence d’Elhadj Maalig SI. Et comme dans un mouvement de rebours, cette fois-ci, c’est le dernier qui révèle le premier. Dès lors, livre ne pouvait mieux servir de vade-mecum que Rimah3 dans lequel le natif de Halwaar exhorte tout guide de prêter allégeance, accompagné de ses disciples, au Saint d’une station supérieure qu’il rencontre. C’est tout le mérite du pensionnaire de la zawiya de Pikin. Tel un phare, il se positionne en éclaireur pour les égarés et les assoiffés spirituels. Leur montrer le chemin de l’abreuvoir de notre époque est un acte salutaire et sans précédent. 

Pouvait-il en être autrement quand on sait que la rencontre eût lieu dans cette même zawiya. Morale de l’histoire : c’est le maître qui trouve le disciple. Cela rappelle l’histoire de SeexAhmed Tijaani et de Ali Haraazim Baraada qui se rencontrent à Wajda. Le Phénix du Maghreb se dévoile à son disciple par excellence en lui rappelant un rêve que ce dernier avait fait et qui indique que Seydina Seex était à sa recherche. C’était en 1191 de l’hégire (cf page 26 du livre Perle des significations). L’on connaît la suite. Seydina dira de lui qu’il est à son égard ce que Abubakrin Saddiiq fut à l’égard du Prophète. 

Pikin – Citée Wàrdini, cartographie d’un axe de lumièresdivines générées par les effusions que ces deux zawiyas continuent de produire pour le bonheur de l’humanité. 

Par individus au tout début, par groupuscules d’âmes à la recherche de la vraie parole de Dieu ensuite, par grappes de jeunes qui tanguent entre le temporel et le spirituel à présent et par communautés de croyants ayant accès au privilège du dévoilement très prochainement, cette communauté soufie ayant pour porte étendard Seex Muhamed JÓOB At-Tijaani et pour contemporain capital Mawlaaya Seex Abdul HamiidSAAR, se constitue, se densifie et se propage aux 04 coins du monde pour le salut de l’humanité.

Son propos est dru. Son timbre vocal au trémolo sensitif ne laisse pas indifférent. Très à cheval sur les principes de la Sunna, son discours pénètre les âmes et les purifie. Le résultat s’apprécie à l’aune de l’assiduité des disciples dans les rites quotidiens de la Charia et de la Tariqa. L’anecdote qui nous vient à l’esprit est de Baay Ibu SAAXO qui, s’adressant à un proche, fit usage du langage du marchand pour qualifier la prouesse de réussir au quotidien les 05 prières canoniques à la mosquée et d’être présent aux assemblées de Wazifa d’aurore et du crépuscule : tey de journée bi neex na4. C’est cela le mérite du tandem : élever l’adoration au rang de plaisir insatiable voire d’addiction. Voilà le vrai sens du verset 56 de la sourate 51: 

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Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent.

Pour s’en convaincre, il n’y a pas mieux que d’assister à une séance de Hadaratul Jumaa5 à la Citée Wàrdini. Il s’agit d’un véritable moment d’incandescence spirituelle. La heylalaa6, dans un mouvement de gradation, entonnée par les cœurs du chœur de manière alternée, embaume les lieux de lumière irradiante au point d’épater nouveau visiteur et d’épancher – parfois jusqu’à l’affalement – quelques habitués des lieux. 

Les séances de Dars7 post prière du crépuscule restent un moment d’auscultation de la pratique de la Tijaanya dans la société contemporaine. Magnifions dès lors cette forme d’apologie de la connaissance directe à travers l’exégèse des traités de soufisme comme Rimah ou encore les lettres du Saint de Fez à ses disciples. Défiant le temps et les générations, force est de reconnaître que les dévoiements récurrents, somme toute révélateurs de l’incurie et de l’impéritie de ceux-là qui se disent Tijaani à tort, les installent dans une actualité on ne peut plus brûlante.

À Pikin, le zikr du vendredi est monocorde. Point de chœurs qui s’alternent. Les cœurs sont dans un mouvement d’ensemble du début à la fin. 

L’un dans l’autre, il s’agit bien d’une symbolique de renouvellement dans l’union et la continuité dans le temps qu’il faut considérer dans sa dimension linéaire et non circulaire pour percevoir sa préciosité. De ce fait, l’âme, consciente du compte à rebours avant son rendez-vous avec la rivière du Salut, est dans une posture d’amélioration continue. 

Voici donc la confluence de deux fleuves aux lits à priori différents mais foncièrement similaires car ayant pris leur source au même endroit qui n’est autre que les chartes de la Tariqa. Leur rencontre était prévisible car qui se ressemblent s’assemblent dit-on. Rendons donc grâce à l’imam Géy de kërMasaar qui a l’a favorisée dans ce monde terrestre qui n’est en réalité qu’une réplique d’une première rencontre céleste. C’est ce qui justifie cet amour mutuel entre les deux hommes pour qui, l’histoire, dans ses hasards dont elle seule a le secret, a su être assez prévenante pour les unir dans une même mission salvatrice. 

Puisse Allah préserver ce tandem et faire qu’il ne souffre ni d’ambiguïté ni de mésentente. En terre sénégalaise, fertile en rumeurs, fantasmes, spéculations et autre menu fretin, les disciples des deux bords ont un défi fondamental d’union et de concorde à relever. L’histoire de la Tijaanya du Sénégal montre à suffisance le coût des querelles byzantines qu’elle n’a pas su taire lorsque les ennemis étaient aux portes de Rome. Dorénavant, le ver est dans le fruit et sait saisir l’opportunité involontairement offerte. 

Alasaan Jóob At-Tijaani 

[email protected]

1Les disciples d’Elhadj Maalig SI Qu’Allah soit satisfait de lui

2Les disciples d’Elhadj Omar TAAL Qu’Allah soit satisfait de lui

3Traité de soufisme écrit par Elhadj Omar TAAL

4La moisson du jour a été fructueuse 

5Rite de la Tijanya qui consiste en des zikr chaque vendredi après la prière de Asr

6Zikr collectif de la formule Laa Ilaa Ha Ila Laa

7Causerie basée sur l’exégèse d’écrits mystiques

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