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La tentative d’arrêt du ‘’Réveil du Sénégal’’ ou la première entrave à la liberté de la presse. Par Ndèye Maguette Sèye

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(APS) – Le traitement médiatique de l’affaire d’un chef de guerre de la résistance, Samba Laobé Fall, tué lors d’une échauffourée avec un colon, a valu au journal Le Réveil du Sénégal de s’attirer les foudres d’une partie de la population autochtone.

Le 6 octobre 1886, Samba Laobé Fall est tué à Tivaouane au cours d’une échauffourée avec un détachement français commandé par le lieutenant Chauvey. Un événement qui est salué par le journal officiel de la colonie, Le Moniteur du Sénégal, qui voit ‘’une nouvelle journée glorieuse’’ et considère que ‘’le Damel avait été puni pour son insolence’’.

Le Réveil du Sénégal juge sévèrement l’évènement dans son numéro du 10 octobre 1886 et stigmatise ce qu’il appelait ‘’l’exécution de Samba Laobé’’.

L’opinion européenne de la colonie semble émue de cette interprétation du Réveil du Sénégal. Les notables des communes de Saint-Louis et de Dakar signent même des motions. Elles les publient dans le journal officiel, Le Moniteur du Sénégal. Ce qui conduit le gouvernement du Sénégal à demander à Paris ‘’d’agir contre la presse’’.

La métropole refuse et conseille au gouverneur de ‘’vivre avec la liberté de la presse et mépriser la calomnie’’. C’est la première tentative du musellement d’une presse libre au Sénégal, qui fort heureusement se solde par un échec.

Cependant, la presse n’a pas eu le même bonheur dans le combat qui l’opposait au député Blaise Diagne, alors que jusqu’en 1927, la plupart des grands organes de presse du Sénégal soutenaient son action.

Subitement, les médias se séparent de Blaise Diagne. La raison d’une telle inimitié est lié au rapprochement du député avec de grandes maisons de commerce françaises et avec le gouverneur dans un pacte dénommé le ‘’Pacte de Bordeaux’’.

Les journaux sénégalais, qui luttaient dans leur écrasante majorité contre ‘’la toute puissance du Grand commerce’’ en font leur cible principale. Ils le traitent d’ ‘’inféodé aux intérêts des grandes affaires’’, de ‘’vil pion de l’administration coloniale’’.

Mal leur en a pris puisqu’il pèse de tout son poids pour empêcher l’impression au Sénégal de plusieurs journaux. Des publications qui étaient pour la plupart édités à l’imprimerie officielle sise à Saint-Louis du Sénégal.

A partir de cette période, les journaux ne sont plus être imprimés. Néanmoins, certains titres sont ronéotypés. Les rares journaux paraissant sont édités à partir de l’extérieur. Ce qui n’était pas à la portée de la presse qui souffrait déjà de l’exiguïté de la clientèle et de la faiblesse des moyens.

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