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La vie n’a plus de valeur au Sénégal (Par Assane Gueye)

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C’est un paléoanthropologue français, Pascal Picq qui le dit : « Pour notre espèce, la grossesse devrait durer 18 à 20 mois. Or, l’accouchement se déclenche à 9 mois. Le poids et la taille du cerveau d’un humain font le double d’un bébé chimpanzé ou gorille qui ont une gestation identique à 2 semaines près. Le nouveau-né humain est très gros ». Le résultat de ses recherches est éclairant. La médecine obstétricale, comme toutes les médecines, a fait des progrès incroyables dans la prise en charge de la périnatalité. Sous ce rapport, la douleur de l’enfantement et le bonheur de l’enfantement ne sont pas mis sur le même plan. L’une et l’autre font partie de la vie. Le geste chirurgical dit césarienne est lui tenté, d’ailleurs beaucoup trop souvent, pour délivrer la mère et l’enfant. Le bon chirurgien est celui qui n’opère pas. Il explore d’abord les méthodes les plus douces.

Douceur et tendresse. Les cœurs n’en seraient plus capables. Le ministre de la Santé et de l’action sociale, presque en lévitation, a qualifié ce qui s’est passé à Louga de décès naturel évitable. Chaque mot est un préjugé. Donc, il fait attention. Ses services ne sont pas attentifs. Ce qui a lancé et permis un grand concours de négligences et d’insouciances. Et n’a donc pas permis d’éviter qu’Astou Madame Sokhna, 34 ans rende son âme à Dieu. On veut croire à travers les propos de Abdoulaye Diouf Sarr que c’est le début d’une prise de conscience quant à l’épidémie de déni et de légèreté qui nous accable depuis Mathusalem. Voir et refuser de voir n’est plus seulement du déni. C’est une incompétence doublée d’un manque de sensibilité. En vérité, les Sénégalais meurent de plus en plus « bêtement ». De mort naturelle évitable. De maladies métaboliques chroniques qui explosent. Incurables, elles ne pardonnent pas. Les accidents vasculaires cérébraux, les diabètes de type 1 et 2, l’hypertension artérielle… défigurent la société. Emportent les papas et mamans avant même le 3ème âge. Les jeunes s’étouffent de cigarettes remplies de nicotine. Leurs poumons en sont irrigués. Les artères se contractent.

Parlant d’artères publiques, celles de Dakar principalement sont inondées d’automobiles qui la rendent encore plus violente. La voiture sert plus à faire des accidents, augmenter la pollution et créer des embouteillages. La sinistralité routière est terrifiante.

Les aliments et la boisson qu’on ingurgite ne sont plus des alicaments mais un poison lent qui rabaisse année après année l’espérance de vie dans le pays. La pauvreté et le manque d’information font avaler des couleuvres. Les additifs en tous genres et les pesticides par exemple renseignent à suffisance de la vacuité présente du mot Prévention. Bref, on continue de nous prévaloir de nos propres turpitudes. Les établissements de santé ne sont pas exempts de reproches. Mais il ne faut pas leur jeter totalement l’opprobre. Le malheur fait partie de nos vies. On le suscite la plupart du temps.

L’ange de la mort et de l’inachevé est passé. Elles ne sont pas amères mais douces, les larmes sur la sœur disparue. Elle est partie en martyre. La vie est unique. Elle est sacrée. Mais plus les années passent, on semble la désacraliser et la dévaloriser. Au fond, le règne des anti-valeurs finira par nous faire la peau.15 avril 2022

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