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L’art d’endormir son peuple : Toujours la « petite porte » (Par Ndiaga Loum)

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Ce 22 février, il s’est adressé encore à son peuple, en changeant le format communicationnel avec des supports et un suppôt (la RTS « goebbelisée ») triés sur le volet. Sur l’attitude sémiologique, on constate moins de mépris, moins de condescendance, plus de sagesse, bref un esprit plus positif que ces airs de « monstre braqué » et menaçants auxquels il nous a tant habitués ces 12 ans. C’est maintenant qu’il découvre la nécessité de réconcilier ce pays. Pourtant, cela fait deux ans que nous le lui conseillions, que nous l’exhortions à ne pas écouter ces gladiateurs obstrués qui l’enferment dans la solitude du pouvoir écrasant et arrogant. La solitude du pouvoir, ce n’est pas ne pas être entouré. La solitude du pouvoir, c’est d’être mal entouré. C’est considérer tous ceux qui ne sont pas d’accord avec les actes que vous posez, comme des adversaires politiques encagoulés ou d’éternels aigris condamnés à l’indignation figée. Mais ça, c’est de l’histoire déjà! Bien plus aujourd’hui, ce 22 février, concrètement, on attendait qu’il saisît cette occasion pour nous annoncer une date de l’élection Présidentielle en total respect des dernières décisions du Conseil Constitutionnel. Il ne l’a pas fait. C’était pour lui l’occasion d’envisager enfin sortir par la petite porte (la grande est déjà définitivement fermée). Mais c’est à croire que cet homme est incapable de grandeur. Il louvoie, il finasse, il endorme, il calcule, quitte à semer le chaos institutionnel en jouant sur les positions divergentes des acteurs politiques aux intérêts irréconciliables en la circonstance. Comment demander à des candidats déjà validés par le Conseil constitutionnel et d’autres invalidés mais dits « spoliés » par la même juridiction de se retrouver autour d’une même table pour déterminer ensemble et de façon consensuelle une date des élections? Peine perdue! Perte de temps alors qu’on n’en a plus! Ce n’est pas sérieux! Ce n’est pas ce que vous demande le Conseil constitutionnel dans sa décision à laquelle vous avez promis de vous conformer. Vous le savez très bien. Personne n’est dupe. Oui, vous partirez le 2 avril parce que vous n’aurez pas le choix. Mais, vous aviez mieux à faire : se concerter efficacement et uniquement avec  les 19 candidats sur la liste  arrêtée par le Conseil constitutionnel sur la poursuite du processus en cours (encore que c’est facultatif), suivre les recommandations techniques de votre administration électorale et les conseils avisés de la société civile (Aar sunu élection) qui en toute connaissance de cause et renseignée par la pratique coutumière en matière de gestion des crises électorales, vous a proposé des dates (3 ou 10 mars) qui permettent de rester dans le strict cadre circonscrit par un mandat qui ne vous appartient pas, comme vous l’a rappelé sans ambiguïté le Conseil constitutionnel. Tout le reste du discours (inclusion, amnistie, réconciliation, volonté d’apaisement etc.) relève dans les circonstances actuelles, que de fumisterie, de cynisme et d’irresponsabilité. Croire le contraire, pour de potentiels bénéficiaires de ce pardon déclamé sous un visage triste, bridé et affecté par la clameur des récriminations de partenaires internationaux, de cette subite générosité d’un esprit plutôt abonné et naturellement incliné à la répression, à la méchanceté, aux assassinats, aux disparitions, aux emprisonnements, relève ou de la naïveté ou de l’inexpérience, ou alors des deux. Triste fin pour l’homme! Mais que restera-t-il de la République après cet épisode inédit où la volonté égoïste d’un homme et des intérêts nombrilistes de son camp, de son clan, ont conduit à rompre pour la première fois de l’histoire institutionnelle du Sénégal un processus électoral à quelques 10 heures du démarrage de la campagne électorale? Ce Sénégal a certes besoin d’être réformé, de se réconcilier, de reconstruire ses fondamentaux, mais cela se fera sans vous et après vous. L’urgence, la seule, c’est de déterminer vite la date de l’élection présidentielle pour éviter le chaos institutionnel riche d’incertitudes qui se profile au-delà d’un horizon daté dans le temps (le 2 avril prochain). Vous en porteriez seul la responsabilité, mais nous en subirions tous les conséquences. Que faire maintenant?

Ndiaga Loum, professeur titulaire UQO.

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