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Le cas de la Côte d’Ivoire et de Laurent Gbagbo sont à méditer par tous les démocrates d’Afrique et d’ailleurs! Par Mandiaye Gaye

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Le cas de la Côte d’Ivoire et de Laurent Gbagbo sont à méditer par tous les démocrates d’Afrique et d’ailleurs!

Des institutions démocratiques, solides, pérennes et fiables sont indispensables à l’Afrique pour garantir sa stabilité. Tous les démocrates des pays africains devront en faire une tâche primordiale et permanente jusqu’à leur réalisation.

Le cas Laurent Gbagbo, interpelle à plus d’un titre tous les Sénégalais, par la ressemblance avec Me Wade, dans la gestion antidémocratique et autoritaire de leur pays, ainsi que leur fausseté, à savoir clignoter à gauche pour tourner ensuite à droite. Ceux qui approuvent le procédé de Gbagbo consistant à vouloir s’accrocher au pouvoir par un putsch, car c’est de cela qu’il s’agit parfaitement, confortent inconsciemment Me Wade à exécuter demain son plan machiavélique de dévolution monarchique du pouvoir, à défaut de s’y maintenir par tous les moyens.

Laurent Gbagbo, après avoir géré la Côte d’Ivoire 5 ans durant, sans un pouvoir légitime parce que non élu, met encore en danger son pays, qui espérait et entrevoyait au bout du tunnel, enfin une paix durable et une réconciliation nationale du peuple ivoirien dans sa plus grande diversité ethnique, régionale et tribale. Mais hélas ! On n’avait pas compté avec l’ambition démesurée et la boulimie du pouvoir de L. Gbagbo.

Dans la situation et les circonstances actuelles de la Côte d’Ivoire, aucune parenté ou proximité idéologique, ne peuvent justifier, un soutien à l’attitude de Laurent Gbagbo, de vouloir nier le vote des ivoiriens, qui s’est déroulé librement et dans la transparence, jusqu’à la proclamation des résultats. Nous sommes en face d’une simple question de bon sens et de respect de la volonté démocratiquement et souverainement exprimée par le peuple ivoirien, pour choisir son dirigeant principal. Soutenir Gbagbo dans le cas présent, c’est créer un précédent dangereux pour l’Afrique et particulièrement pour notre pays, qui peut faire ou être une jurisprudence que certains de manqueront pas de prendre comme exemple. N’avons-nous pas entendu Me Wade citer à propos de Karim les cas du Togo, de la RDC, etc. ?

L’Afrique, après 50 ans d’indépendance souffre encore dans sa chair, par des dirigeants qui ne sont intéressés que par le pouvoir et rien d’autre. Pour ces dirigeants, les préoccupations majeures des peuples africains et la misère dans laquelle ils vivent depuis lors, ne convoquent nullement leur conscience. A cet effet, une sanction populaire, venant à son heure, est une juste solution administrée à Gbagbo. L’argument d’un homme de gauche progressiste n’a pas prospéré chez Gbagbo, en dehors de se réclamer du socialisme, il n’est différent en rien avec les autres dirigeants africains antidémocratiques qui confisquent le pouvoir dans leur pays. Le simple fait de s’opposer à l’impérialisme français en théorie, ne suffit pas objectivement, pour être soutenu mécaniquement. En fait, qu’est-ce que Gbagbo a réalisé de concret et positif en Côte d’Ivoire, en faveur du peuple ivoirien ? Le meilleur défenseur de Gbagbo aujourd’hui devrait être son bilan de dix ans à la tête de son pays. Un révolutionnaire doit être juste, honnête et courageux pour accepter démocratiquement sa défaite si tel est le cas. Nous devons éviter les erreurs du passé avec le camp socialiste, à savoir soutenir aveuglément un homme ou un régime, même s’il commet des erreurs graves et se détourne des préoccupations majeures de son peuple. Ne dit-on pas, que seule la vérité est révolutionnaire ? Donc pas de deux poids et deux mesures !

C’est pourquoi, nous devons ici au Sénégal, comme partout en Afrique, mesurer avec beaucoup de  responsabilités, les actions et décisions que nous avons à entreprendre ou que nous entreprenons en direction de nos peuples. L’Afrique est actuellement la lanterne rouge des continents, par la conduite décevante de dirigeants archaïques, qui mettent leurs intérêts égoïstes avant ceux des peuples qu’ils ont la charge de conduire, et leur infiniment petite personne, devant les citoyens. Tout ceci ne devrait plus être admissible, car le monde du XXIe siècle a changé et les peuples d’Afrique doivent changer avec lui. Nos tâches ne devraient pas être seulement d’accéder au pouvoir, nous devons y arriver avec la ferme conviction et détermination de soulager les souffrances des peuples et non pour reconduire ou poursuivre les mêmes politiques que ceux qui nous ont précédés, qui ne servent en réalité que leur clan.

Au rendez-vous des nations, l’Afrique ne présente à ce forum aujourd’hui, que la pauvreté, la misère, les guerres ethniques et tribales, etc., alors que nous disposons sur et sous notre sol, les ressources nécessaires et suffisantes en tout genre  pour nous développer, égaler les autres et participer à une compétition entre les nations, si nos dirigeants avaient travaillé comme il se devait. Pour renverser cette tendance, nos pays devront être dotés de véritables institutions républicaines, démocratiques et pérennes qui ne seront plus susceptibles de changements intempestifs par la seule volonté d’une personne ou groupe de personnes, mus  uniquement par les délices du pouvoir.

La Côte d’Ivoire est un cas d’école, pour tous les citoyens des pays d’Afrique qui aspirent à placer leur pays sur la voie de la démocratie, de la paix sociale, du développement économique, social et culturel, rationnalisés. A y regarder de près, c’est une nouvelle ère de dictateurs qui s’appuient sur un semblant de démocratie et des institutions formelles, vidées complètement de leur contenu, qui perpétraient une autre forme de coup d’Etat, dans la partie ouest de l’Afrique. Les Assises nationales ont parfaitement vu juste et raison, d’accorder une place primordiale à la réforme des institutions comme base fondamentale pour la refondation de la République et un Sénégal  nouveau. Ceci est un gage de sécurité pour éliminer l’instabilité institutionnelle qui empoisonne l’Afrique en général et le Sénégal en particulier.

En Afrique, des institutions comme le Conseil constitutionnel, l’armée et les cours et tribunaux, etc., qui devraient être toutes républicaines et au service de la République et des citoyens, sont au contraire, entre les mains d’un seul homme. Et ce dernier met à leur tête des hommes de main qu’il arrive à manipuler et à instrumentaliser à sa guise, comme c’est le cas en Côte d’Ivoire et au Sénégal. A vrai dire, l’Afrique a aussi mal de ses institutions bidon, qui ne sont que calquées simplement sur celles de l’Occident. Et  finalement, la fonction de chef d’Etat en Afrique n’est plus un sacerdoce mais plutôt une sinécure.

Il n’y a aucun doute que la fragilité et l’instabilité de notre continent sont particulièrement liées à ses institutions déjà peu crédibles, mais violées en plus et malgré tout, par ceux qui sont chargés de sa garde. La peur de l’après pouvoir qui Habite Laurent Gbagbo et bien d’autres chefs d’Etat cachent certainement des inconnues, qu’ils craignent à coup sûr, que les peuples sachent demain.

Au terme du face à face bien civilisé entre les deux candidats à la Télé, qui s’était déroulé dans la plus stricte correction, tout laissait entrevoir, l’espoir d’un pays divisé qui allait retrouver à l’issue des élections transparentes, selon l’engagement des deux parties, la stabilité et une paix durable. Malheureusement Laurent Gbagbo n’a pas tenu encore sa parole. Ainsi, il a perdu démocratiquement les élections et va aussi certainement perdre honteusement la face.

Laurent Gbagbo et Abdoulaye Wade ont tout faux, la preuve, il est tout à fait établi aujourd’hui que leurs critiques acerbes d’hier comme opposants, fustigeant les régimes de leurs prédécesseurs sont totalement en porte à faux avec leurs pratiques du moment arrivés au pouvoir.

C’est pour toutes ces raisons, que toutes les organisations démocratiques d’Afrique doivent condamner Gbagbo et dire d’une seule voix, haute et intelligible que tous ceux qui le soutiennent dans cette tentative aventureuse sont des putschistes potentiels et dangereux pour notre continent. A ce titre, ils sont à surveiller de près.

Dans le cas d’espèce de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo doit respecter le résultat issu des urnes, qui est l’expression de la volonté du peuple ivoirien, pour faire une sortie qui est déjà peu honorable, et remercier les Ivoiriens de lui avoir fait confiance en un moment donné de l’histoire. Toute  autre attitude, ne sera qu’une aventure de plus et vouée à l’échec.

Les forces vives qui militent pour la démocratie, la légalité, la justice sociale et le progrès dans notre pays mais aussi, dans tout le continent doivent sans ambages cette opération préméditée de Gbagbo. Elles doivent  aussi réaffirmer leur attachement au respect des institutions que les peuples se sont dotées librement et l’expression de leur  volonté à travers les urnes. Elles doivent s’associer au peuple frère ivoirien et lui apporter leur soutien, pour qu’il retrouve enfin la paix tant souhaitée et attendue par les populations déjà meurtries et prises en otage.

La marche de l’Afrique vers le progrès économique et social doit s’appuyer effectivement et nécessairement sur la démocratie universelle, la justice sociale avec comme socle, des institutions républicaines solides et pérennes, rien qu’au service des citoyens sans distinction aucune.

Mandiaye Gaye

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