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[Cinéma-Film] Le Cri de la mer, Un témoignage poignant sur l’émigration clandestine d’Aïcha Thiam

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La cinéaste sénégalaise Aïcha Thiam née en 1979 en Belgique, a réalisé des documentaires qui laissent transparaître un certain engagement. En 2003, elle faitFisabililahi dans lequel elle s’attaque à l’exploitation des enfants poussés à la mendicité.  Après avoir fait d’autres films comme “Gabil, le pagne magique”, et “Papa…”, Aïcha Thiam renoue avec son engagement contre les réalités déplorables que vit la société africaine, à travers « Le Cri de la mer » (2008), un film qui lui donne l’occasion de passer au crible la question de l’émigration clandestine.

Illustration film, Aicha Thiam, Le cri de la mer
Illustration film, Aicha Thiam, Le cri de la mer

Le film commence par une image de la mer, au bord de laquelle Mme Bayam Diouf marche, les pas lourds, l’air pensif, à la recherche d’un siège sur lequel s’asseoir. Malgré les fortes vagues de la mer, Mme Diouf contemple la mer, tout en pensant à son fils disparu en mer comme tant d’autres jeunes Africains qui ont pris la pirogue pour aller en Europe.

Photo: Aïcha Thiam

Le drame sur lequel la réalisatrice sénégalaise a voulu mettre dans son court-métrage, est le fait que ces voyages groupés par la pirogue se terminent souvent très mal. Dans « Le Cri de la mer », on regarde avec émotion un des survivants de du malheureux voyage de décembre 2006 raconter la manière dont 85 personnes sont mortes devant lui, parce qu’elles ne pouvaient plus résister aux jours passés en mer, sans manger, sans boire. Selon Mme Diouf, les origines du drame qui a coûté la vie à son fils sont liées en partie au manque de poissons dont souffrent de plus en plus les cotes sénégalaises. Une des raisons de cet appauvrissement en poissons est due, à en croire Mme Diouf aux accords signes par le gouvernement sénégalais et l’Union européenne. Pour remédier à cela et espérer pêcher beaucoup plus de poissons, le fils de Bayamo Diouf et ses amis sont allés vers Nouadhibou en Mauritanie. Mais arrivés en Mauritanie, des informations leur sont parvenues au sujet de certains parents qui ont pu rejoindre l’Espagne par la mer. Fort de cela, ils ont continué leur chemin vers l’Espagne. Restés sans nouvelles d’eux pendant un mois, la peur a commencé à gagner toute la banlieue de Thiaroye-sur-mer. Finalement, le nouveau tant redoutée parvient aux habitants de Thiaroye-sur-mer qui ont perdu des centaines de jeunes dans les traversées par la pirogue vers l’Europe, ces dernières années. Pour empêcher qu’un drame de cette envergure se produise dans l’avenir, et particulièrement dans la zone de Thiaroye-sur-mer, les femmes qui ont perdu soit leurs enfants, soit leurs maris, ont créé un collectif pour combattre l’émigration clandestine. L’association est présidée par Mme Bayam Diouf qui réunit les jeunes pour des débats francs sur leur avenir, afin de les convaincre de ne pas prendre aussi le chemin de l’Europe par la pirogue. Outre les séances qu’elle organise dans les quartiers, les maisons, pour présenter aux jeunes d’autres alternatives, comme la création de structures de développement capable de leur assurer un certain mieux-être en Afrique, Mme Diouf intervient dans les médias pour porter loin son message. Elle regrette le fait que les autorités gouvernementales n’aient pas crée des entreprises capables de retenir les jeunes sur place dans ce contexte de crise généralisée que vit le monde entier. Par conséquent, elle suggère que l’Etat s’asseye avec les jeunes, les femmes qui ont perdu leurs proches, et les autres bailleurs de fonds pour organiser un forum national sur l’émigration clandestine. En attendant la tenue de ce forum, les femmes ont pris elles-mêmes leurs destins en mains en créant leur collectif, qui en plus des campagnes de sensibilisation sur les dangers de l’émigration clandestine, développent des activités lucratives.

Au nombre de ces activités, « Le Cri de la mer », nous offre l’occasion de voir de braves femmes travailler dans le domaine de la pêche, de la production de jus de fruits, et des savons, pour subvenir aux besoins de leurs familles. Malgré le fardeau moral que portent toutes ces femmes avec la disparition de leurs maris ou enfants, Aïcha Thiam a su nous les représenter toujours pleines de vie, pleines d’espoir pour un meilleur avenir. C’est cela la force de ces jeunes cinéastes africains qui ne veulent pas céder au pessimisme.

Certes l’Afrique vit des problèmes, et il faut en parler pour que tout le monde en soit conscient, mais cela ne voudrait pas dire que tout est perdu. En plus des cinéastes, cette vision des choses est partagée aussi de nos jours par les nouvelles générations d’écrivains comme Nathalie Etoke et Leonora Miano dans leurs œuvres comme Je vois du soleil dans tes yeux, et Les Aubes écarlates.

Fiche technique

Titre : « Le Cri de la Mer»
Genre : Documentaire
Durée : 26’
Langues : Français/Wolof
Public cible : Tout public
Lieux de tournage : Dakar
Support de tournage : Dv cam

Equipe technique :

Scénario et Réalisation : Aïcha THIAM
Cameraman : Momar NDIAYE
Eclairage : Massata DIOP
Preneur de son : Joseph BASS
Monteur : Moussa SEYDI / Cyriaque NDI
Production : CIRTEF/RTS

blog.cineafrique.org

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