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Le clash qui menace l’Assemblée

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L’Assemblée nationale ne risque-t-elle pas de se transformer, à l’occasion de la prochaine session parlementaire devant débuter en juillet, en une véritable foire aux empoignes, susceptible de générer toutes sortes de scissions ? Pour cause, plusieurs propositions de loi et non des moindres portées par des parlementaires de tous bords sont en passe d’être déposées sur le bureau de Moustapha Niasse, le président de l’Assemblée nationale. Parmi ces « lois » qui suscitent pour la plupart divergences et oppositions ouvertes, des fois même entre alliés, on note celles portant sur la restauration du quinquennat pour le perchoir, l’abrogation de la loi Ezzan, le non-cumul des mandats, l’élection des maires au suffrage universel, voire… le rétablissement de la peine de mort au Sénégal.

Après une première session parlementaire marquée certes par quelques actes somme toutes assez notables (déclaration de politique générale du Pm, adoption de l’Ofnac et du Code général des impôts, levée de l’immunité parlementaire des députés libéraux…), l’institution dirigée par Moustapha Niasse de l’Afp va au devant de moments houleux de vie parlementaire où les chaudes empoignades vont assurément faire florès. Surtout si les controverses qui ont fait irruption, dernièrement, dans le landerneau politique sont portées à l’hémicycle par des acteurs fortement arrimés à leur logique politique. Parmi ces sources évidentes de conflit et de guéguerre larvée entre parlementaires de camp opposé ou de même bord, on note la proposition de Rewmi de ramener le mandat du président de l’Assemblée nationale à 05 ans. A elle seule, l’abrogation de la « Loi Sada Ndiaye », qui avait permis aux Libéraux de débouter du perchoir l’actuel chef de l’Etat Macky Sall, en 2008, risque de semer la zizanie à l’Assemblée nationale.

Entre ses anciens promoteurs libéraux devenus minoritaires dans la douzième législature, les parlementaires « apéristes » opposés pour des logiques de politique partisane à tout prolongement du mandat de Moustapha Niasse, les députés « rewmistes » soucieux de mettre Macky Sall et l’Apr dans l’embarras, et enfin les partisans du « Progressiste » en chef, les débats pourraient dégénérer en véritable bras de fer où tous les coups seraient permis. A moins que le maître du jeu, Macky Sall lui-même, ne trouve la solution pour prévenir ces éventuelles sources de conflits ouverts entre parlementaires, surtout du côté de sa majorité.

Le projet supposé de loi sur le non-cumul des mandats agité, selon certaines informations, par le Président Macky Sall, semble participer, lui aussi, de la même dynamique de cristallisation des passions au sein de l’hémicycle. Même si beaucoup d’acteurs y voient une possibilité de renouvellement du leadership dans la gestion des affaires de la cité, il n’est pas évident que toutes les formations qui dominent le champ politique avaliseront nécessairement la position de Macky et de l’Apr. D’autant que cette proposition reste une véritable innovation qui risque de transmuter l’espace politique et de restreindre la zone d’influence et le poids de bien des leaders politiques. Des leaders qui ont sur leurs formations et leurs députés, une mainmise qui frôle souvent le centralisme, pour ne pas dire la dérision.

Du mode novateur d’élection des maires au retour de la peine de mort
Au même titre que le non cumul des mandats, l’élection des maires au suffrage universel direct qui a été agitée par certains acteurs politiques pourrait mettre l’hémicycle sens dessus sens dessous. En tant que réforme innovante dans le mode de désignation des premiers magistrats de villes, elle n’a jamais été prévue dans l’agenda politique des partis qui dominent l’Assemblée. Et de là à imaginer qu’elle pourrait être noyée dans l’œuf, il n’y a qu’un pas aisément franchi par les observateurs de la scène politique.

Que dire par ailleurs de l’abrogation envisagée de la Loi Ezzan qui a voté l’amnistie de tous les crimes compris entre 1993 et 2004, dont l’assassinat de Me Babacar Sèye, le vice-président du Conseil constitutionnel d’alors ! Agitée par Moustapha Diakhaté, le président du groupe parlementaire de la majorité, la proposition semble attendue de pied ferme par l’opposition parlementaire qui y décèle une volonté sournoise de remuer le couteau dans la plaie du régime libéral, voire de porter atteinte à son ancien chef de parti et président sortant de la République, Me Abdoulaye Wade.

But not least, la proposition envisagée de restaurer la peine de mort au Sénégal risque d’imploser l’Assemblée, et dans la foulée de susciter le clash dans la société. Objet d’une polémique qui a fait fortement réagir les organisations « droit-de-l’hommistes», cette initiative du député Seydina Fall de restaurer la peine capitale dans le pays pour lutter contre la recrudescence de la violence meurtrière, 09 ans après son abolition, est en passe de décupler les passions. Les députés se prévalant d’être les élus du peuple et leurs mandats, il est loisible de supposer que la cristallisation des positions, relativement à la restauration de la peine de mort, va chambouler l’assemblée nationale de Moustapha Niaase dont le mandat arrive à expiration le 01 juillet.

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