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Le feuilleton Danièle Obono, épisode d’un film révisionniste aux effluves nauséabonds (Par Isidore DIOUF)

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La mer d’immondices racistes ne cesse d’avancer et entend grignoter les parcelles du conformisme et du politiquement correct. Dans cette mer boueuse, s’y côtoient :

  • Les représentants politiques de l’extrême droite : Marine le Pen, Marion maréchal le Pen, Robert Ménard, pour ne citer qu’eux, en passant par la droite dite dure : Eric Ciotti, Brice Hortefeux etc. adeptes d’une droite décomplexée, sans complaisance avec les revendications minoritaires et « certaines » pleurnicheries mémorielles ; 
  • Des intellectuels de renom, chouchous des plateaux télés tels qu’Alain Finkielkraut, William Goldnadel, Elisabeth Levy (adeptes de la théorie du « grand remplacement » qui serait imminent), avec comme sergent-chef, Eric Zemmour le premier de cordée, fleuron de la pensée de droite qui entend briser les frontières de la bien-pensance et ressusciter une droite mollassonne qui ne s’assume pas.
  • Les penseurs underground comme Alain Soral qui oscille entre extrême droite et nationalisme de gauche et qui entend combattre une bourgeoisie et une classe politique inféodées aux lobbies. Il a été en revanche exclu de la meute et banni des médias (il a osé être anti-sémite ! C’était la limite à ne pas dépasser….. )
  • Les relais médiatiques propagandistes comme Cnews, BFM TV, metteurs en scène invétérés des peurs affolantes et des menaces de cette banlieue incubatrice de l’islam radical et de « racailles » semeurs de désordre. Zappez sur ces chaînes pendant 15 mn et vous tomberez sur des débats centrés sur ces thématiques qui brillent par leur unilatéralité ! 

Tel un grand chelem, chacun y joue de sa partition, dans son domaine de compétence : politique, philosophique, journalistique et se livre au jeu de « qui ira le plus loin ? ». Et oui !, le non politiquement correct est à la mode. Il rapporte de l’audimat et des électeurs.

Nous avions dans notre 1er article « l’Afrique face à son destin » souligné ce racisme sous-jacent en bandoulière, encagoulé, dont les maîtres d’œuvre entendent intellectualiser, essentialiser, simplifier le discours en invoquant le « droit à la libre expression ». 

En arrière-plan, se distinguent des nostalgiques d’une France méconnaissable, qui a perdu sa francitude, sa grandeur napoléonienne et gaullienne et qui n’osent plus assumer ses racines chrétiennes et gréco-romaines que les « néo Sarazins » veulent souiller. Il faut à tout prix retrouver cet Atlantide perdu, cette douce France tant chantée par Charles Trenet et la sauver du péril de « l’ensauvagement », de la menace du grand remplacement et des revendications indigénistes banlieusardes : déboulonnage des statuts de Colbert, interdiction de la clé d’étranglement, repentance envers l’esclavage et la guerre d’Algérie, débat sur la colonisation. Et puis quoi encore ?

Il faut siffler la fin de la récréation et remettre à leur place cette horde de barbus en djellaba et d’apôtres des black panthers qui refusent l’assimilation et de réciter Montesquieu, Voltaire ou l’hymne national. La république se doit d’être ferme et intransigeante.

Les attaques ignobles et répétées contre le député Danièle Obono avec comme point d’orgue la publication par « Valeurs actuelles » d’une fiction dans laquelle, transplantée au sud du Tchad dans les années 1700, elle y figure en tant qu’esclave capturée et vendue par ses « frères » africains, n’est qu’un épisode du film nauséabond qui se joue depuis quelques années.

Ce discours révisionniste sur l’esclavage qui entend rendre les africains responsables de leur propre malheur n’est pas nouveau. Il rejoint les théories d’historiens français « spécialistes de la traite » tels que « Olivier Grenouilleau » qui considère que la traite négrière ne fût pas un génocide car il n’y avait qu’un objectif mercantile de la part des négriers et non pas celui d’exterminer « la marchandise ». De plus n’y avait-il pas bien avant la traite européenne, une traite arabe bien plus cruelle et même une traite interafricaine ? Halte à l’autoflagellation !  

Ci-dessous un extrait de la réponse de « Valeurs actuelles »

« Notre intention, transparente, était la suivante : là où les indigénistes et les déconstructeurs de l’Histoire veulent faire payer le poids de cette insoutenable traite aux seuls Européens, nous voulions rappeler qu’il n’existât pas d’unité africaine, et que la complexité de la réalité, sa dureté, était à raconter. Nous avons choisi cette élue car elle participe selon nous, par ses prises de position répétées, à cette entreprise idéologique de falsification de l’Histoire »

« Valeurs actuelles » aurait pu choisir un autre scénario de fiction pour « fusiller » Danièle Obono. Mais ce journal a choisi sciemment comme paysage de cette fiction, l’esclavage avec 2 objectifs clairs : nous renvoyer à 2 images et imaginaires :

  • Celle d’une assignation de l’homme noir à sa condition historique et perpétuelle d’être servile et soumis, marqueur et point de référence de son identité.
  • Celle d’un être sans scrupule, sans valeurs, sans civilisation, dont la considération de soi-même est inexistante puisqu’il est prêt à vendre son semblable par appât du gain.

Derrière cette caricature « de prima bord » se cache en arrière-plan, un schéma de pensée fondamentalisé et essentialisé avec comme objectif de le diffuser et de le transférer comme grille de lecture au peuple français de telle sorte à lui faire considérer comme inacceptable et irrecevable toute revendication venant de « la communauté noire ». Cette dernière puisque nativement et historiquement servile ne peut prétendre à inverser l’état de fait contemporain fait d’inégalités sociales, de délits de faciès, de discriminations au logement etc. (un moindre mal selon eux). Les revendications qui en découlent n’ont donc pas lieu d’être, car en leur sein des atrocités y ont été et y sont commises.

Une remise en cause de cette condition serait donc « contre-nature » puisqu’il en a toujours été ainsi. Cette fiction « réelle » des années 1700 est destinée donc à être projetée et actualisée comme « argument de la défense » face aux « quémandeurs de réparation et aux pleurnicheurs mémoriels ».

C’est ce même schéma de pensée qui prévaut auprès des groupes suprématistes aux usa mais avec une croyance et un ancrage psychique beaucoup plus amplifiés, plus sévères et mortifères, déclinés de façon économique et structurelle.  

 « Valeurs actuelles » poursuit :

« Notre texte n’a rien de raciste. Sans quoi nous n’en aurions pas publié une ligne. Évidemment. Il est commode pour nos adversaires de nous imputer cette accusation, que rien n’étaie dans le contenu. Chacun pourra juger par lui-même de l’opportunité d’une telle fiction, mais personne n’y trouvera une banalisation de l’esclavage ou une quelconque stigmatisation. Évidemment.

Les images néanmoins, et d’autant plus quand elles sont isolées sur les réseaux sociaux, renforcent la cruauté inhérente au sujet même. Il s’agit de dessins accompagnant cette fiction, et tout comme l’esclavage lui-même, les images de l’esclavage sont d’une ignominie sans nom »

Nul besoin de commenter cette dérobade hypocrite. Face au tollé suscité par cette affaire et aux risques de poursuite, le journal qui a reçu le blanc seing de la classe politique et de la caste médiatique en tant que média « fréquentable » (Macron lui a accordé une interview), nous a servi l’argument victimaire du « philosophe incompris ». Les réactions de condamnation sont allées même jusqu’au RN avec Wallerand de Saint Just, trésorier du RN. Diantre le RN, grand fournisseur en munitions  du racisme qui vient au secours d’Obono, on croirait rêver !

Quelle leçon en tirer ?

Les coups de semonce contre les figures noires qu’elles soient politiques, sociétales, populaires (Christiane Taubira, Danièle Obono, Rokhaya Diallo, Assa Traoré : le symbole par excellence de la revendication « indigéniste » avec son look afro assimilable aux black panther), sont loin de s’estomper. Ils sont d’autant plus pervers, sournois et corrosifs qu’ils sont habillés et maquillés par des contrevérités historiques élaborées dans les cénacles de la droite dure et de l’extrême droite avec comme vitrine les plateaux télés des médias mainstream (BFM, C news, LCI) vrais véhicules de propagande de la parole raciste décomplexée.

Les échéances électorales arrivant, ne feront qu’accroitre ces discours « à droite » auxquels, la république en marche et le LR disputent au RN le thème de « l’identité »  afin de draguer l’électorat d’extrême droite. Nous devrons être plus regardants et exigeants sur les choix électoraux et peser sur la scène politique par un engagement plus conséquent.

Il est navrant de constater que face à Zemmour, Finkelkraut, il y a peu de répondant. On peut faire mieux que Rost le rappeur chroniqueur sur Cnews, ou la LDNA (Ligue de Défense Noire Africaine) quand même ! Ces derniers ont cependant le courage de prendre position et d’agir sur le terrain même si les modus operandi sont discutables. Ce n’est pas le cas de la majorité de ceux qu’on peut considérer être des figures représentatives noires.

Il faut une résistance plus structurée avec des organisations représentatives de la communauté à l’image du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France)  avec une présence médiatique plus forte pour contrecarrer les oiseaux de mauvaise augure et les émissaires propagandistes. SOS racisme et le CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires de France) hélas, ne servent que de faire valoir et de caution mémorielle. Ils ne pèsent pas lourds dans la balance. Le soutien financier aux médias libres, anti mainstream est également un bon moyen de donner un autre son de cloche face aux coups de boutoir de l’extrême droite et de ses affidés médiatiques.

L’organisation économique d’une communauté noire disparate et sans liant est également à repenser car sans poids économique, point de poids politique. (Les communautés chinoise et indienne l’ont très bien comprises).

Isidore Diouf

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