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Le flagrant délit de corruption présidentielle (Par Emmanuel Desfourneaux)

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Au Sénégal, une affaire en chasse une autre. Après la honte qui s’est emparée de l’Assemblée nationale avec les faux monnayeurs et les faussaires de passeport diplomatique, c’est à la Présidence de la République du Sénégal, cette fois-ci, d’être secouée par l’affaire de l’enveloppe de la honte.

Ce n’est pas le directeur de cabinet, ni un chargé de mission, c’est le président en personne qui est impliqué dans un achat de conscience. C’est le président lui-même qui est pris en flagrant délit de recevoir en audience un ancien mandataire de l’opposition. Djibril NGOM avait pris la poudre d’escampette avec la liste de Sonko. Il avait disparu des radars pour le retrouver ce samedi 28 novembre 2021 dans le bureau du Président Macky Sall.

Les démentis du corrompu ne convainquent pas. Nous connaissons la façon de monnayer les transhumances, par des postes et/ou de l’argent liquide. Nous connaissons les enveloppes ou les valises. Djibril NGOM n’a pas eu droit à la valise, il n’est pas une pointure politique. Il n’a pas eu droit à la maison comme on le suppose pour Fatou Ndiaye Fouta Tampi. Mais son acte de bravoure devait être récompensé, ne serait-ce que par une enveloppe.

La présidence du Sénégal est habituée à ces frasques : sous Wade, c’était la valise destinée au représentant du FMI à Dakar. Pas moins de 150.000 euros à l’intérieur ! Combien y a-t-il dans l’enveloppe de Djibril NGOM ? 10.000 FCFA ? L’enveloppe semble contenir de très nombreuses liasses de FCAF, elle est bourrée, et peut-être serait-il temps de consacrer une nouvelle expression : le bourrage d’enveloppe ! (il faudra se dépécher à les dépenser avant l’arrivée de l’ECO !). Il y a un barème dans ces cas de figure, c’est très bien organisé la corruption au plus haut sommet de l’Etat sénégalais.

Ce qui est inédit aujourd’hui, c’est que nous avons la photo. Sans doute est-ce la première fois dans l’histoire du Sénégal que nous disposons d’une photographie de la corruption d’un président en exercice.

Ce qui est aussi inédit, c’est la réaction du Cojer Nationale. Cette instance de l’APR condamne fermement l’audience, et indirectement l’enveloppe donnée à un « traitre et transhumant » pour reprendre les propos du communiqué. En réalité, et c’est là le plus inquiétant, c’est que l’on mesure une pointe de jalousie : pourquoi ne pas avoir reçu les militants fidèles, et a fortiori avoir partagé l’enveloppe avec nous ? Aucune dénoncition sur la pratique affligeante des enveloppes ! C’est le même genre de réflexion que j’ai entendu au PDS pour dénoncer la distribution des enveloppes par Karim Wade à certains et pas à d’autres.

Cela me rappelle la réaction de l’ancien 1er Ministre Souleymane Ndene Ndieye. Lors de l’éclatement de l’affaire de la valise, sa réplique sidère. Il prétendait qu’il s’agissait d’un simple cadeau pour les parents du directeur régional du FMI. Il ajoutait sans se rendre compte de l’absurdité de ses propos tant la corruption rend bête les corrupteurs : il est impossible d’acheter un appartement à Paris avec cette somme d’argent. Il semblait bien connaître le prix de l’immobilier en Ile-de-France !

De quel côté est la violence ? Ces derniers temps, une partie de l’opposition, celle qui résiste, est clouée au pilori. Le camp présidentiel, dans sa communication, s’efforce de faire peur aux citoyens sénégalais. Je vous répète : de quel côté est la violence ? Celle qui consiste à résister ou celle qui consiste à dilapider le budget de la République sénégalaise pour ses propres intérêts ?

Je ne poserai pas cette question si cette corruption du quotidien n’avait pas d’impact dans la vie des Sénégalais. Cette corruption tue. Elle tue en mer des migrants qui fuient leur pays car ils n’y ont pas d’avenir. Cette corruption tue dans les hôpitaux où il manquent de tout. Cette corruption tue les systèmes éducatifs et condamnent des jeunes à ne pas être éclairés. Elle est là la vraie violence de la corruption. Il faudrait en parler plus.

D’autant que cette corruption à la présidence fausse aussi le jeu démocratique : elle empêche de donner une vérité électorale.

J’aimerais vous entendre sur ce thème, Monsieur le Secrétaire d’Etat américain, Antony Blinten ! Allez-vous l’aborder lors de votre Sommet sur la démocratie dont le Sénégal sera un invité de marque ? Ou êtes-vous complice de cette corruption présidentielle ? Allez-vous fermer les yeux dans l’intérêt de vos entreprises américaines et du nouveau marché d’autoroute Dakar-Saint-Louis ?

Emmanuel Desfourneaux

1 COMMENTAIRE

  1. Un titre bien affirmatif avec une constante intention de peindre en noir un tableau de réalisations des plus marquantes de notre histoire interdépendance. L’allégorie de la caverne le montre qu’il faut se méfier des apparences. L’apparence c’est ce que l’on voit en premier. Ici, un photo et qu’en déduire ou dire avec certitude sans sourciller ? Passer allégrement aux coulisses n’est-ce pas se situer aux antipodes du raisonnement cartésien ? Devrait-on avec certitude y mordre à pleines dents et combler sa soif déductive du sensationnel et du salissage ? De l’image au modèle, à l’objet puis à l’idée ou illusion il n’y a pas mal de connaissances inconnues à divers degrés à franchir. Pour ne pas glisser au superficiel, aux déductions hâtives et fausses, il faut être circonspect. Une forte suspicion est inscrite partout dans l’air du temps. Cependant gardons le doute et la prudence malgré une certaine représentation machiavélique que certains se font de la chose politique. Méfions-nous des apparences : Bien souvent, elles sont trompeuses et il faut savoir les contourner avec scepticisme et prudence pour être dans le vrai

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