Le Fouta ne peut pas vivre d’amour et d’eau fraîche (Par Mamadou Ibra Kane)

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Fuuta tampi. Fuuta tampaani. Le tube est à la mode. Et il dégage une chaleur estivale. Peut-être même un air de carnaval. Nous parlons du Fouta non ! Fuuta tampi tampaani : c’est une question d’être. Ou de ne pas être. Une question de ressenti de chacun. Après tout, en matière de perception individuelle ou collective, il y a à boire et à manger. En se rendant au Nord du pays après le Centre et l’Est, le président de la République avait à cœur de sonder l’âme profonde de sa région d’origine par rapport à sa politique. Quoi de plus normal pour tout homme politique soucieux d’entretenir avec sa base affective, un lien à la fois subjectif et objectif. Bu ñu nee diw baax na, laajal ndax mbok yaa ko wax ! Quand on chante la bonté d’une personne, interroge d’abord ses parents !



Mais le chef de l’Etat n’a pas fait que visiter le Fouta. Il y a ajouté une forte dose de symbole et de symbolique. Dose émotionnelle et dose solennelle. Huit jours et sept nuits dans une seule et même région (région traditionnelle du Fleuve), si le record n’est pas battu, il faudra remonter à très loin dans l’histoire politique du Sénégal. Pour voir un président de la République séjourner pendant si longtemps dans une zone du pays.
L’affectif n’explique pas tout. La raison de la longueur du périple présidentiel est davantage objective. Elle signifie que l’alerte sur un supposé mécontentement populaire était sérieuse. Et il fallait donc la prendre au sérieux. À l’image de toutes les autres régions, comme à l’instar de tous les êtres humains aspirant à un mieux-être, le Fouta et ses enfants ne peuvent pas vivre d’amour et d’eau fraîche. Du moins, que d’amour et d’eau fraîche. Le Fouta ne pouvait pas, ne peut pas et ne pourra plus continuer à se nourrir de promesses. Désormais il a besoin de quoi se mettre sous la dent.
Manger, boire, se soigner, se vêtir, se former et s’éclairer avec toutes les normes requises, est devenu un minimum vital pour cette terre de refus mais qui sait accueillir ses hôtes de marque. Non pas seulement avec la couleur rouge sang, symbole de colère mal contenue. Mais aussi avec le sourire et la dignité pour exprimer son ressentiment. L’essentiel est que le message passe. Du Diéry au Waalo en passant par le Daande Maayo, des hôpitaux ont été inaugurés. Des routes ont été tracées. Des premières pierres posées. Des projets numériques ouverts ou annoncés. En attendant les universités, devenues une absolue nécessité pour qui sait lire et comprendre.
L’Etat ne saurait se cacher plus longtemps derrière la Diaspora avec ses dignes émigrés, pour ne pas investir dans le Fouta. Certes, l’émigration a toujours été la force, la sève nourricière et même le sauveur de cette partie du pays. Mais aujourd’hui, il faut se rendre à l’évidence : la migration à tout-va et à tout prix a montré ses limites. La vulnérabilité de la Diaspora sénégalaise s’est également révélée au grand jour avec la crise de la pandémie de la Covid-19. Il est temps de remettre le fameux neddo ko bann dum dans le bon ordre. De l’envers à l’endroit. Simplement dit, l’Homme est le remède de l’homme.
C’est le sens qu’il faut donner à la grande annonce du Conseil présidentiel territorialisé de Matam. Le Président Macky Sall ne s’est pas fait prier pour décider, mardi 15 juin, de l’adoption du Programme régional d’investissements publics de Matam. 450 milliards pour le prix de la patience et de l’émergence de toute une région. Une bonne nouvelle en attendant la pluie. Que les fruits tiennent la promesse des fleurs !
La semaine dernière, nous parlions du Sud et de son besoin de parler au Nord qui a le devoir de l’écouter et de l’entendre. Cette semaine, il s’agit du Nord avec ses urgences. Et si « Le Tour du Sénégal » ne faisait que commencer ? Tournée économique ou tournée politique ? Il ne faut pas chercher à dissocier les deux. Ils sont intimement liés. Le Pouvoir est dans sa fonction et l’Opposition dans son rôle.

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