Alors que des manifestations se tiennent à Tunis et à Sfax, le gouvernement tunisien de transition a sollicité l’aide d’Interpol pour obtenir l’arrestation du président déchu Zine el-Abidine Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi.
Par Pauline SIMONET , envoyée spéciale à Tunis (vidéo)
AFP – La justice tunisienne a lancé un mandat d’arrêt international contre le président déchu Zine El Abidine Ben Ali, réfugié en Arabie Saoudite, ainsi que contre son épouse Leïla Trabelsi, a annoncé mercredi le ministre de la Justice Lazhar Karoui Chebbi.
L’ancien président et son épouse sont poursuivis pour « acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers » et « transferts illicites de devises à l’étranger », a précisé le ministre, au cours d’une conférence de presse.
Le président Ben Ali a fui le 14 janvier la Tunisie, sous la pression d’une révolte populaire sans précédent, et a trouvé refuge en Arabie Saoudite.
Son épouse Leïla, honnie par la population pour avoir mis le pays en coupe réglée en faisant main basse sur des pans entiers de l’économie, a également quitté le pays, à une date et pour une destination inconnues.
Benhassen Trabelsi, frère de Leïla Trabelsi, lui-aussi en fuite, est également visé par des poursuites judiciaires sous les mêmes chefs d’inculpation.
Huit autres membres de la famille Trabelsi qui sont en état d’arrestation en Tunisie sont par ailleurs poursuivis dans le cadre de cette enquête.
La Suisse et la France, qui a ouvert une enquête pour corruption, ont récemment décidé de bloquer d’éventuels fonds appartenant au président tunisien déchu Zine.
L’Union européenne a également adopté le principe d’un gel des avoirs de l’ancien président.
Le ministre tunisien de la Justice a par ailleurs indiqué que huit membres de la garde présidentielle, dont l’ancien chef de la sécurité du président de Ben Ali, le général Ali Sériati, étaient poursuivis dans le cadre d’une enquête judiciaire distincte concernant des exactions contre la population.
La justice tunisienne avait déjà annoncé l’ouverture d’une information judiciaire le 16 janvier visant notamment le général Sériati pour « complot contre la sécurité intérieure de l’Etat, incitation à commettre des crimes et à s’armer et provocation au désordre ».
Homme clé de la sécurité du président déchu, le général avait été interpellé à Ben Guerdane dans le sud du pays alors qu’il tentait de s’enfuir en Libye, avait alors indiqué une source officielle citée par l’Agence tunisienne de presse.
Les autorités de transition le considèrent comme le commanditaire de la campagne de terreur menée par des miliciens armés fidèles à l’ancien président dans les jours qui ont immédiatement suivi sa chute.
Ces hommes avaient semé la terreur pendant plusieurs jours en se livrant à des exactions contre le population et en tirant sur des membres des forces de sécurité à Tunis et dans d’autres villes du pays.