La beauté de la démocratie, c’est l’espoir presque magique, divin, qu’elle porte. Les Sénégalais en ont vécu une belle expérience hier soir en faisant parler leurs votes, leurs voix et volonté, faisant vaciller un pouvoir autiste, qui s’écoutait parler entre TER et BRT, marchés surfacturés, bande de copains pilleurs des biens de la nation, et gangsters s’appuyant sur la violence (dé) légitimée de l’Etat pour subjuguer quiconque osait se mettre au travers de leur chemin.
Maintes fois, depuis des années, j’ai ici sonné l’alarme, avant même l’avènement de ce régime parce que je savais le malheur qu’il allait projeter sur notre grand pays. La réalité fut pire que ce qu’on attendait de lui.
Ne prolongeons pas les explications. L’essentiel est connu. C’est ce qui explique le vote résolu, ferme, verrouillé et triomphal d’un peuple peu disposé à laisser passer la chance de corriger la courbe fatidique que son destin semblait être devenu.
Je veux donc, pour ma part, célébrer le peuple Sénégalais pour sa magnanimité, son intelligence, sa grandeur, son intervention salutaire. Ses tortionnaires se réveillent groggy. Ils sont capables de chercher dans une meule de foin des raisons de se justifier -voire des rayons d’espoir au milieu de leur raclée. Nul n’est dupe.
Le vote d’hier est parlant. Il dit, à haute-voix, que les entrechats de Macky Sall autour de la question du 3ème (illégitime après le frauduleux 2ème) mandat, c’est fini. C’est un message qui lui rappelle que les comptes devront être faits: en s’entêtant à voler, encore voler, toujours voler, corrompre à tout va, il n’a donné aucun avenir à un peuple qui, pourtant, lui avait déroulé la voie du palais le plus prestigieux du pays. De Petrotim à IlaTouba, du TER au foncier bradé, des marchés créés de toutes pièces pour enrichir les copains et coquins, des appartements à 400 millions cfa acquis par un Lat Diop, de notre fer donné aux Turcs sans raison, des projets d’infrastructures confiés à des sociétés sous le coude de Madame Sall (la même qui conduit des farceurs à l’exposition universelle y humiliant le Sénégal), ou encore des Free-shops et tant d’autres actes de mal-gouvernance, comme l’acquisition, sans notre accord, d’un avion de plaisance pour le tourisme d’un ex-locataire de deux pièces, ancien resquilleur et vendeur à la sauvette à New York, le mal était partout. Jusque dans la distribution à son fils et ses potes des contrats léonins prétendument conçus pour lutter contre la Covid19, leur faisant gagner, sur le dos du peuple, des milliards à n’en plus finir. Du PUDC au PUMA, de la DER au reste des sigles exponentiellement accouchés pour dissiper les ressources financières du pays à des fins privées, jamais le Sénégal n’a été aussi victime de ceux qui en avaient la charge comme ce fut le cas avec ce régime. Il faut retourner les biens plaqués ici ou en des paradis fiscaux, partout. Prendre le pouvoir, ruser avec les gens, pour se mettre au banquet des ressources de la nation, non pour les gérer à l’avantage des ses possédants, le bon peuple, mais pour se les approprier? C’est facile de voler un tam-tam, dit l’adage Wolof, la question est de savoir où en jouer durablement. La fête est finie pour les gangsters politiques conduits par Macky Sall.
En revanche, le jour d’après est un moment de célébration pour la nation. Il nous faut respirer sans rien oublier de ce qui devra être clarifié.
Ce qui s’est passé ne doit plus se reproduire. Je suis d’autant plus placé pour le dire que j’en ai vécu un des moments les plus sombres, tel que documenté dans mon livre Otage d’un Etat, quand une escouade d’hors la loi mandatés par l’Etat bandit est venue me cueillir à mon domicile à l’aube, sans justification, simplement pour me museler.
L’Etat de droit a rendu son âme sous les genoux de Macky et de ses acolytes, les zélés Serigne Bassirou Guèye et Malick Sall.
Il faudra revoir tout cela. Le jour d’après doit être un nouveau jour. Qui se traduirait par la renaissance de notre pays.
Le vote d’hier n’était pas local. Il était national. En sanctionnant aussi férocement le régime de Macky Sall dans des localités primordiales, les Sénégalais ont dit qu’ils ne se laisseront plus mener à l’abattoir par des génocidaires -sans coeur et cupides.
La balle revient au centre. Sous les pieds d’un peuple souverain. Qu’il faut féliciter -pour cette salutaire réaction.
Ce matin, la peur a changé de camp. Le pouvoir est dans la rue. Le Sénégal est prêt à repartir du bon pied. Qui n’a pas envie de mettre fin à un exil pour se retrouver dans cette cohue bienveillante, capable et consciente, debout, ayant rechargé ses accus?
Je suis fier de ma Sénégalité -et de ce grand jour qui se lève ensoleillé, au dessus de sa tête. La victoire est douce. Elle a rendu au peuple Sénégalais sa dignité qui était prise en…otage.
Adama Gaye*, Opposant politique au régime de Macky Sall a été illégalement détenu pendant 53 jours et contraint de s’exiler depuis fin 2019. Il est l’auteur d’Otage d’un Etat (Editions l’Harmattan, Paris).
PS: Maintenant, nous pouvons oeuvrer à la mise au profit de notre pays d’infrastructures qui vont contribuer à atténuer le coût de la vie, à l’améliorer. En plus de promouvoir au Sénégal des projets immatériels, dont l’un est le plus innovant en Afrique dans la refondation de la politique sur le continent -lancé par un Mouvement engagé à mettre fin à la destruction politicienne « à la Macky » du tissu des nations africaines.
Plus besoin de se terrer dans des contrées lointaines parce que forcé d’être obligé de vivre en paria, frappé d’extranéïté, par un régime prêt à tuer qui lui oppose les exigences de transparence et de redevabilité démocratiques.
Dieu est grand. Le retour est pour bientôt. J’exige, publiquement, la garantie de ma sécurité et de toutes mes libertés, sans compter les compensations dues au titre de mon illégale détention -Macky Sall, entends tu?
