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Le « Jub, Jubal jubanti » ne servira à rien si le Sénégalais ne retrouve pas son humanité (par Birame Waltako Ndiaye)

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On aura beau fixer de nouvelles règles, contraintes et codes dans l’administration, si on n’opère pas un renversement de valeurs, de sensibilité et de comportement dans la société sénégalaise, on tournera toujours en rond. Pour cause, la corruption, les détournements, le clientélisme jusqu’aux crimes crapuleux et courants sont surtout le fait de la promotion sociale et ancrée de la valeur-argent nettement au-dessus des vertus feintes en âme et conscience. « On », marquant l’indétermination ou une personne quelconque, symbolise chacun de nous qui aimons décrier méchamment chez les autres ce que nous faisons quand ça nous profite. Le « ça », quant à lui, modélise le souffle de la fausseté qui emplit de brio l’homo-senegalensis.
Si tant est que le nouveau régime cherche à imprimer durablement de bonnes pratiques dans la gestion et dans l’intendance des deniers publics, il lui faudra essentiellement mener une campagne, un programme de haute portée, pour une refondation de la cellule familiale et de dissociation dans la jonction plaisir et bonheur. C’est d’autant plus important de sensibiliser là-dessus que l’austérité qu’impliquent les changements opérés par le nouveau régime débouchera sur une nette hausse de l’insécurité. C’est parce que les moyens financiers et matériels acquis autrefois en chaine jusqu’au plus petit maillon feront défaut sans qu’un nouveau champ de sensibilité ne soit ouvert. Dès lors, une jungle naitra et s’étendra indéfiniment. La répression n’y fera rien du tout.
Ce qui donne force aux règles édictées, c’est la possibilité pour les populations de les reconnaître comme le verdict de leur propre raison. La force publique ne peut pas garantir le respect des normes établies si les autorités ne misent que sur la certitude, la contrainte et la condamnation. Jamais une décision des pouvoirs publics ne peut être aussi forte et légitime que quand elle rencontre l’agrément populaire.
Sans la cohérence jadis assurée par l’idéologie et la dictature, la Russie est devenue un pays plus fracturé et où la corruption sévit partout. C’est qu’en réalité, les valeurs ne faisaient qu’office de références théoriques. Quant à nous, notre pays est gangrené par la corruption et la violence de toutes sortes. La confusion qui règne dans les esprits, efficacement entretenue par l’imaginaire collectif, a des conséquences désastreuses au niveau de la famille, cette cellule de base censée être la plus stable et la plus moulante, mais qui, à présent, génère beaucoup de heurts et de frustrations.
L’occident a commis une grosse erreur en déléguant la fonction d’éducation sociale (savoir-vivre et savoir-être) à l’École. En démissionnant de leurs responsabilités de parents-protecteurs, en raison d’incapacité partagée à se retrouver dans le méli-mélo des valeurs et l’incohérence qui y règne, les cellules familiales sont réduites aux seules fonctions de pourvoyeuses de plaisirs et de pitances. Malheureusement, l’Afrique suit les mêmes pas. Il faudrait pourtant que dans les chambres à coucher, les rues, les baptêmes et les Grand-places que la tempérance, le respect et l’effort soient permis, répétés et promus.
Birame Waltako Ndiaye

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