Même sous la torture, le ministre de l’Intérieur ne semble plus prêt à se départir de ses discours qu’il traduit et écrit en wolof, à l’occasion des cérémonies religieuses. En effet, hier encore, Bécaye Diop s’est cramponné à son speech qu’il a lu avec beaucoup de peine au Magal de Porokhone, pour ne pas commettre une bourde de la trempe de « Affaire bi fii la ». Mais hier, le clou de la cérémonie officielle a été le soutien sans faille que la communauté mouride lui a témoigné, histoire de lui dire qu’elle est de tout cœur avec lui après sa sortie controversée à Touba.
Il n’y a plus de doute : le ministre de l’Intérieur garde la côte au sein de la confrérie mouride, et pour cause. Hier, lors du magal de Porokhone, le khalife de la localité, Serigne Mountakha Mbacké, a déclaré à Bécaye Diop, au lendemain de sa sortie controversée du Magal de Touba, : « aujourd’hui plus qu’hier les Mourides t’apprécient et te vouent une estime incommensurable ». Et d’ajouter : « lors du Magal de Touba, certains ont beau disserter sur tes déclarations, mais sache que la communauté mouride t’a davantage adopté ». Une précision pour clouer au pilori ceux qui croient dur comme fer que le successeur de Cheikh Tidiane Sy avait commis la bourde du siècle, en déclarant le morceau de phrase de trop : « Affaire bi fii la » (Touba est la seule communauté religieuse qui vaille ». Mais c’est à croire qu’en dépit des assurances à lui faites par la communauté mouride, Bécaye Diop a, depuis sa sortie du Magal, la mémoire balafrée par le tollé que ses propos avaient suscité. En effet, hier encore, le premier flic du pays n’a pas quitté des yeux son discours écrit et traduit mot à mot en wolof. Ce, dit-on, pour ne plus commettre une erreur, d’autant que, lui-même, lors du Gamou de Tivaouane, avait persisté et signé que sa déclaration de Touba n’était ni plus ni moins que le fruit de son incapacité à bien manier la langue de Kocc Barma.
Comment Bécaye a fait frissonner les membres de la délégation gouvernementale
Un fait insolite s’est produit hier, quand le ministre de l’Intérieur lisait son speech. Car, lorsque Bécaye Diop a déclaré, au terme de son discours, « légui nak, ma wax si sama walou boppu (maintenant, je parle en mon nom propre) », tous les membres de la délégation ont eu froid au dos. Croyant que le ministre à la fois tidiane et mouride allait récidiver sa bourde du Magal. Surtout qu’à l’époque, c’est également en ces termes qu’il avait terminé sa fameuse phrase « Affaire bi fii la ». Heureusement pour les membres de la délégation gouvernementale, Bécaye Diop les a pris de court, en glissant : « gnanal lène président » (formulez des prières au président de la République). Ainsi, ont poussé un grand ouf de soulagement les ministres Fatou Guèye Sarr, Moussa Sakho, Serigne Modou Bousso Leye, ainsi que la vice-présidente à l’Assemblée nationale, Aïda Mbodj. Tous faisant partie de ladite délégation ayant rallié Porokhane à bord d’un vol de seize places.
Daouda THIAM
lasquotidien.info