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Le ministre de la Coopération flingue les occidentaux:Karim Wade fait la diplomatie du ventre àPékin

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En visite de travail dans l’Empire du Milieu, le ministre de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures, s’est félicité des rapports de la Chine avec l’Afrique, si différents à son goût, de ceux qu’entretient le monde occidental avec ses anciennes colonies.

Par Madiambal DIAGNE à Pékin

ImageRedéfinition diplomatique
Les autorités sénégalaises ne cachent pas leur jeu. Elles clament urbi et orbi leur ferme volonté de se décomplexer dans les relations de coopération avec le reste du monde. Les partenaires traditionnels n’ont qu’à se le tenir pour dit. Le ministre de la Coopération internationale, de l’Aménagement du territoire et des Transports aériens, Karim Wade a embouché la même trompette que son père. C’était hier à Pékin, à l’occasion de la journée d’affaires sino-sénégalaise. Karim Wade s’est posé en avocat défenseur de la Chine «contre la croisade des occidentaux». Le ministre d’Etat qui refuse qu’on accuse la Chine d’exploiter les pays africains dans le nouveau type de partenariat qu’elle propose au continent noir, s’est notamment dit choqué par l’attitude de «pays occidentaux qui ont exploité odieusement les ressources de leurs anciennes colonies, des pays donneurs de leçons qui pourtant, se bousculent aux portes de la Chine pour nouer des relations commerciales».
Un tel langage ne déplaît pas aux officiels chinois. Et la presse officielle chinoise s’est empressée d’enfoncer la porte ainsi entrebâillée. Interrogé par une journaliste du China Daily, le grand quotidien de Beijing, le chef de la délégation sénégalaise a insisté sur les vertus de la coopération chinoise telles que, «l’efficacité, la rapidité, la réactivité et l’effectivité». En effet, poursuit-il, «tous les projets avec le Sénégal sont conduits dans les délais». Puis, estime Karim Wade : «On ne peut pas appeler cela le pillage de l’Afrique, quand la Chine par exemple, permet au Sénégal de réaliser un important projet en permettant à 1,5 million de personnes d’accéder à l’électricité. On ne peut pas appeler cela le pillage de l’Afrique, quand la Chine nous permet de réaliser des dizaines de stades, un théâtre national, un musée national. On ne peut pas appeler cela un pillage de l’Afrique, quand la Chine s’engage pour financer la réalisation du port de Kaolack, celle du port de Saint-Louis ainsi que le terminal céréalier de Dakar.»
Le ministre de l’Energie Samuel Sarr, d’ajouter pour illustrer le propos : «Pour le projet de la nouvelle autoroute d’électricité, c’est-à-dire la boucle de Dakar, nous avons introduit la requête en novembre et le financement est tombé en mars.» Samuel Sarr continuera d’énumérer les financements chinois dans le secteur énergétique. Qui dit mieux, semble-t-il se satisfaire. Mme Aminata Niane de l’Apix ne se félicitera pas moins du dynamisme de la coopération avec la Chine, même si elle tente de mettre un petit bémol à l’euphorie de ses autres collègues ministres. Elle soulignera que le Sénégal a tout intérêt à diversifier ses partenaires de la coopération, car il y va d’une orientation globale de la coopération avec le reste du monde.
De toute façon, le Sénégal compte redéployer sa diplomatie vers des destinations plus porteuses de progrès. «Aujourd’hui, nous avons besoin de renforcer notre présence dans certains pays comme la Chine et l’Inde», indique Karim Wade. En effet, l’effectif du personnel de l’ambassade du Sénégal en Chine est de neuf personnes, alors qu’à titre de comparaison, plus de deux cents personnes sont affectés à l’ambassade du Sénégal en France. De telles distorsions, pour ne pas dire anachronismes, sont à corriger considère Karim Wade. «Il ya une vraie réflexion à mener au niveau diplomatique par rapport à notre déploiement stratégique. Le président de la République en est conscient. Nous devons repenser notre présence mais aussi le redéploiement du personnel diplomatique en fonction de nos objectifs de coopération.» Le ministre d’Etat de regretter que le Sénégal ne soit pas représenté dans des pays comme le Vietnam, le Laos, le Cambodge, Singapour, entre autres porteurs de coopération bénéfiques avec le Sénégal.

Les Chinois courtisés pour la Disez
La commission mixte Sénégalo-Chinoise qui s’ouvre demain jeudi, la première après la reprise des relations entre les deux pays en octobre 2005, permettra aux deux pays de signer pas moins de quatre accords de coopération dans les domaines des infrastructures, et qui prévoient, par exemple, la réhabilitation du chemin de fer Dakar-Bamako, des constructions avec un programme de 50 mille logements sociaux, des télécommunications, des énergies renouvelables et de l’agriculture. Les autorités sénégalaises draguent les Chinois, pour «les intégrer dans le projet de réalisation d’une Zone économique spéciale à Dakar, d’autant que la Chine est en train de construire en Afrique huit zones spéciales». Le Sénégal invite également la Chine à s’intéresser aux projets d’exploitation de minerais au Sénégal. En effet, Karim Wade trouve très avantageux pour des pays comme le Sénégal de coopérer avec la Chine car souligne-t-il, «la Chine coopère avec nos pays sans ingérence dans nos affaires intérieures».
Les Chinois qui ont déjà deux mille des leurs établis au Sénégal, semblent eux aussi porter beaucoup d’espoirs dans leurs relations d’affaires avec le Sénégal. Mme Zhong Manying, la Directrice générale du Département Afrique-Asie occidentale du ministère chinois du Commerce, a souligné l’importance des relations commerciales bilatérales qui, d’année en année, prennent de l’ampleur en raison de la demande croissante au Sénégal de produits chinois manufacturés. Elle a ainsi prôné la signature d’accords de protection des investissements privés dans les deux pays, et des accords de non double imposition pour les opérateurs économiques. De toute façon, le Fonds de développement sino-Afrique de plus de 2 milliards de dollars américains sera mis à contribution, assure-t-elle.
Pour leur part, les investisseurs chinois se montrent confiants. Il ressort de témoignages d’hommes d’affaires chinois ayant participé à la journée d’affaires que de belles opportunités s’offrent aux investisseurs chinois au pays de la téranga. «Vous ne trouverez pas trop de concurrence dans vos différents domaines d’activités. Le Sénégal est un paradis pour les investisseurs, surtout qu’à partir de ce pays, vous pourrez toucher un marché sous-régional très important», a expliqué un homme d’affaires chinois qui intervient dans les secteurs de la pêche, des médicaments et du textile. Des modèles de «partenariats réussis entre Sénégalais et Chinois ont été présentés, notamment entre la Tse de Cheikh Amar dans le domaine de l’agriculture, avec des compagnies chinoises, de Senbus de Ousmane Joseph Diop et de Ccbm de Serigne Mboup, dans le domaine de l’industrie automobile. La Suneor place des cargaisons d’arachide en Chine, sans compter les approvisionnements en produits chinois divers de commerçants sénégalais, à partir de plateformes commerciales comme Gouanzou. Les statistiques de ce type de commerce ne sont pas encore maîtrisées», a précisé le ministre de la Coopération internationale, car de nombreux «produits sont importés de Dubaï alors que la Chine se trouve être leur provenance d’origine».
Le secteur de la presse n’a pas été en reste dans cette dynamique de partenariat «Bi sheng bi sheng» pour reprendre le mot de Mme Aminata Niane, qui s’est mise au mandarin. En effet, les chefs d’entreprise de presse membres de la délégation sénégalaise n’ont pas manqué de faire part à la partie chinoise de leur intérêt à tisser des relations d’affaires avec ce pays continent. Ainsi, des partenaires chinois ont accepté d’étudier la possibilité d’investir pour la mise en place d’une unité de production de papier journal au Sénégal. Une telle unité de production pourrait approvisionner le marché sous-régional d’Afrique de l’ouest. Cette perspective s’inscrirait dans la volonté des autorités chinoises et sénégalaises de faire de Dakar un «hub» industriel et commercial, qui permettrait à la Chine de mieux toucher les pays d’Afrique de l’ouest.

lequotidien.sn

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