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Le P.S.E un pari perdu ! par Medoune Seck

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Le président Macky Sall invite les sénégalais à s’approprier le Plan Sénégal émergent(PSE) afin de faire du Sénégal un Pays émergent. Cependant, on ne peut ignorer que la meilleure façon de faire des populations un allié, c’est obtenir leur claire conscience des enjeux et termes des programmes qu’on leur propose. Selon ses auteurs, le PSE est réalisé à travers un Plan d’actions prioritaires (PAP) quinquennal qui permettra d’atteindre un taux de croissance annuel moyen de 7,1% sur la période 2014-2018. Ils rajoutent que le PSE vise à conduire le Sénégal à l’émergence, au plus tôt, vers l’horizon 2035.

Alors que, les déclarations, au sommet de l’Etat, concernant le PSE, nous laisse sous-entendre que le Sénégal aurait besoin de quelques milliers de milliards pour financer un certain nombre de projets afin d’amorcer son développement économique. Le ministre des finances nous annonçait au mois de Mai dernier : qu’en trois mois, l’ensemble des bailleurs de fonds ont financé à hauteur de 12% le PSE, soit 500 milliards de francs CFA. Le nouveau premier ministre déclarait récemment que : ‘’L’année 2015, c’est l’échéance pour la mise en service de la première phase du nouveau parc industriel, une « SODIDA » (Société du domaine industriel de Dakar) en plus grand, destinée à héberger à Diamniadio, les entreprises chinoises candidates à la délocalisation de milliers d’emplois au Sénégal’’.
Qu’à cela ne tienne !Disons que la question la plus décisive se situe ailleurs, et c’est le fait que les objectifs de croissance du PSE sont irréalisables sans une augmentation significative de l’investissement privé. La stimulation de ce dernier dépendd’une électricité abondante et pas chère ou tout au moins compétitive. Or, malgré une forte subvention, le Sénégal fait partie des pays africains où l’électricité est la plus chère. L’énergie est en effet facturée 115 Franc CFA le kWh, presque deux fois plus cher qu’en Côte d’Ivoire (63 Franc CFA le kWh) et quatre à cinq fois plus cher qu’au Malawi, Zambie et l’Afrique du Sud.-
Le coût de l’énergie soulève deux problèmes fondamentaux : le premier est lié à la dette publique et le deuxième à la compétitivité de notre secteur industriel.
D’une part, si l’état continue de subventionner l’électricité, il va en résulter des déficits budgétaires chroniques, qui généreront une forte augmentation de la dette publique. Cette dernière est très proche du fameux 60% du PIB. A un tel ratio dette-PIB, les investisseurs n’accepteront de prendre les bons du trésor sénégalais que moyennant des taux d’intérêts prohibitifs. Il en résultera une détérioration de la dette publique, ce qui précipiterait l’avènement d’une crise financière aux conséquences désastreuses pour le Sénégal.
D’autre part, si l’Etat met fin aux subventions de la SENELEC, les déficits publics pourront éventuellement diminuer (en 2012 les subventions ont totalisé 2.5% du PIB soit près de 40% du déficit public) entrainant ainsi le ralentissement de la croissance de la dette. Le problème avec cette option est le suivant, à moins que la SENELEC nous surprenne en éliminant toutes les inefficacités qui y ont court, il y aura inévitablement une forte augmentation du prix de l’électricité avec des risques de crises sociales sans précédent. La révolte des Imams de Guédiawaye est encore fraiche dans nos mémoires. Mais, plus important encore, cette augmentation du prix de l’énergie sera fatale pour l’investissement privé. En d’autre terme aucune entreprise sénégalaise, étrangère ou chinoise en particulier, ne s’aventurera à ouvrir des usines au Sénégal. Ce qui rendrait obsolète le projet (SODIDA en plus grand) à Diamniadio que le premier ministre vient d’annoncer.
Détrompez-vous ! Les entreprises chinoises ont amorcé leur délocalisation vers des pays à bas coût de production il y a plus de deux ans et le Sénégal n’en est pas un. Penser que les entreprises chinoises vont venir au Sénégal, c’est ignorer la raison de leur départ de la Chine. Le facteur monétaire a été déterminant. En effet une appréciation du Yuan, une forte inflation et une demande sociale de la part des travailleurs chinois ont mis une pression à la hausse des coûts de production en Chine, entrainant ainsi le mouvement de délocalisation des entreprises chinoises vers des pays à plus bas coût de production.
Le facteur énergétique n’est qu’un aspect du problème ! La question du franc CFA sur lequel je reviendrai, ultérieurement, est tout aussi importante. Le franc CFA est gage d’une certaine stabilité monétaire certes, il nous rend, cependant, moins compétitif. Le PSE ignore totalement cet aspect du problème.
Le PSE, enfin, peut laisser perplexe à bien des égards ! Il faut comprendre, en effet, que les auteurs du PSE n’ont fait qu’essayer d’appliquer le « growth diagnostic model » à l’économie Sénégalaise. Un modèle de croissance économique qui a été développé par Dani Rodrik, Ricardo Hausmann et Andres Velasco professeurs d’économie du développement à « John F. Kennedy School of Gouvernent : Harvard Université ». La Banque Mondiale est en train de tester ce modèle sur douze pays dont le Maroc. Donc la stratégie du PSE n’est pas unique en son genre et n’a pas encore fait ses preuves dans le domaine du développement économique. Il n’était pas nécessaire de payer un cabinet pour produire un tel rapport dont la méthodologie est disponible sur le net. Les universités sénégalaises et plusieurs de nos ministères sont remplis d’économistes qui responsabilisés, de manière souveraine, auraient pu tellement mieux faire ! Sous ce rapport le PSE, outre ses limites objectives, témoigne de travers politiques inadmissibles, cinquante ans après nos indépendances.
Mr. Medoune M. Seck Professeur d’économie à John Abbott Collège (Montréal) follow me on twitter @medoune

2 Commentaires

  1. Très bonne analyse qui se résume à dire que les coûts de production élevés dans notre pays empêchent dans l’absolu la réussite du PSE; ce dernier étant bâti sur le socle de l’attraction de l’IDE au Sénégal. Or l’énergie malgré le fait qu’elle soit fortement subventionnée, est trop chère sous nos cieux et n’est pas produite de façon suffisante. Il s’y ajoute que le franc CFA, arrimé à l’Euro, nous rend moins compétitif sur le marché international. Pour ces 2 raisons, aucun investisseur sérieux et surtout pas les Chinois ne se hasarderont pour délocaliser leurs activités industrielles chez nous. Tout le marketing fait autour du PSE par ce Gouvernement moribond, n’est que chimère donc. La vérité triophe toujours du mensonge !

  2. Ces propos qui se situent dans le droit fil de ceux tenus par les nombreux sicaires de l’opposition , peuvent susciter indignation et réprobation tant elles ne sont que élucubrations névrotiques .Un pays récupéré dans un tel ?tat de destruction aurait si l’on lui souhaite un bel avenir un certain renivellement des cœurs et des esprits plutôt que de le plonger dans un climat explosif de critiques acerbes et de plolongations de consultations electorales permanentes .Ce degré particulier de detestation et de râge de ceux qui n’apportent rien que le Verbe et la grogne s’excommunient parce que porteurs d’une utopie destructive .Bonne réussite du PSE.

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