Le pardon accordé hâtivement aux autres est un acte risqué par Birame Waltako Ndiaye

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Voici le piètre scénario d’un délire qui donne froid au dos : Dieu pardonne à tous les terriens. Restent maintenant les péchés directement préjudiciables aux prochains ainsi que les compensations qu’ils suscitent pour le compte de ceux qui en ont fait les frais. Malheur au quidam qui a pardonné à ceux qui l’ont offensé sans s’assurer au préalable d’être pardonné par les autres. Le malheureux se retrouve alors avec à un passif lourd qui va le conduire directement en pénitence. À moins d’être un saint immaculé ou un fou irresponsable, il faudra bien comptabiliser les actifs accumulés en victime dans le but de réparer les dommages dont on est responsable.

Ce raisonnement ressemble au délire d’un percussionniste accroc à l’herbe exaltante, mais il est tout à fait crédible. C’est de la mathématique, la métaphysique n’y est pour rien. Pour indemniser ceux à qui on a causé du tort, il faut surtout que d’autres nous payent pour ce qu’ils nous ont fait de mal. C’est logique. Si Dieu Le Miséricordieux nous pardonne, ce sera entre nous que le décompte et les transactions se feront. Ce sera du genre : « toi là, tu me dois compensation pour m’avoir accusé maintes fois à tort ». Et l’autre de répliquer : « tu devras patienter jusqu’à ce que je sois dédommagé par Pathé pour l’argent qu’il me devait sans jamais daigner me le rendre sur terre ».

« Baalnala » par-ci et par-là!,Le zélé qui brade ses bons de rachat de préjudices causés risque de se retrouver très tôt en faillite. Très vite en besogne, il court le risque de se retrouver débiteur chronique, faute de possibilité de rachat de ses propres fautes. Je m’explique : il y a des offenses qu’on fait à Dieu et d’autres qu’on fait à son prochain. Nous pouvons attendre de Dieu qu’Il pardonne pour les manquements à ses recommandations, mais Il n’intercèdera certainement pas dans nos rapports aux autres pour effacer des préjudices ou des devoirs de réparation. Il y aura des titres interchangeables entre bourreaux et opprimés. Chacun aura à rembourser et à collecter, c’est selon. Comme quoi, ça risque de se jouer très serré entre proches, collègues, copains et conjoints.

Il y aura entre délinquants sociaux beaucoup de comptes à solder. Médisances, humiliations d’individus vulnérables ou bris de confiance, toutes les conneries y passent. Mais, les plus affolantes sont les atteintes et dettes à long terme dont les victimes ignorent encore l’existence ou les auteurs. Il y a lieu d’imaginer l’excitation du vendeur de coco devant Badou et sa bande de copains, autrefois railleurs agités : « petits faiseurs de malin, vous allez maintenant payer pour m’avoir souvent ridiculisé et écœuré ».

À part ses ascendants, pour leur sympathie à toute épreuve, ceux qui se découvriront créanciers de Badou pour ses coups fourrés portés à leur insu, seront également ravis d’y trouver issue pour rééquilibrer leur balance de paiement. À moins que tous les péchés connus ou secrets commis vis-à-vis des semblables soient biffés, c’est très risqué de pardonner prématurément aux redevables. Il faut marchander d’abord. Il est plus ordonné de demander clairement pardon à nos victimes et s’assurer ensuite qu’elles ont vraiment pardonné. Une fois qu’on est certain de réaliser un surplus, on pourra alors envisager des largesses.

Birame Waltako Ndiaye

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